Au Chili, à trois mille mètres d’altitude, des astronomes du monde entier sont venus y déposer leurs télescopes pour observer le ciel car la transparence est telle qu’ils ont l’impression parfois de toucher les étoiles. Plus bas, dans le désert d’Atacama, le sol est tellement aride qu’il en constitue un véritable musée à ciel ouvert pour ces archéologues et ces femmes qui cherchent les ossements des prisonniers politiques pendant la dictature de Pinochet. Tous ont un point en commun, celui de se tourner vers le passé pour mieux comprendre le présent et appréhender le futur incertain.
Six ans après Salvador Allende et Bataille du Chili, sa trilogie des années 70, Patricio Guzmán continue de passer minutieusement au crible l’histoire de son pays pour en saisir les arcanes, surtout ceux de la dictature. Dans Nostalgie de la lumière, le parallèle avec l’astronomie peut paraître surprenant de prima bord, il s’avère pourtant judicieux à la fin du documentaire. En le plongeant aux confins de l’univers, Guzmán embarque son spectateur dans une dimension plus large, plus universelle, presque onirique et l’invite à la méditation pour pouvoir prendre plus de distance avec le sujet proposé.
Comme cette femme qui aimerait qu’un télescope scrute le désert d’Atacama et dévoile les atrocités du régime de Pinochet, le réalisateur s’interroge sur l’avenir de son pays filiforme quand celui-ci refuse d’affronter son passé, même vingt ans après la fin de la dictature.
« En pleurant les morts, en continuant de les chercher, elles entretiennent la mémoire, elles nous empêchent d'oublier » précise Guzmán dans son reportage. Pour un astronome, la lumière des étoiles met des centaines de milliers d’années à nous parvenir. La seule réalité temporelle est alors celle du passé, à l’instar de ces femmes qui ont fait le choix d’un devoir de mémoire à leur manière et à qui Patricio Guzmán leur rend un vibrant hommage.
Sortie en salles le 27 octobre 2010