Jeux vidéos : donnez moi ma dose de rêves !!

Publié le 08 novembre 2010 par Pixelboy

Lorsque, dans les années 80, le jeu vidéo à commencé à écrire son histoire avec la noblesse dont certains se souviennent, aujourd’hui, il n’est plus (ou presque) qu’un monstrueux mass-média désincarné.

Et c’est là tout l’objet de ce billet, cette révolte, ce dégoût de voir l’objet d’une quinzaine d’années d’affection (oui, j’ai 30 ans quand même), devenir un hydre sans foi ni loi, un produit d’ultra grande consommation où la loi du $$ prévaut.

Certes, après une introduction aussi négative, vous vous imaginez sans doute que je ne joue plus, ou en tout cas, que j’ai encore ma NES branchée, mais il n’en est rien. Je suis constamment à l’affut, autant sur les marchés virtuels qu’en magasin, de la perle qui me fera regretter la rédaction de ce billet. Je lis, je consulte, je télécharge des démos, des vidéos, dans l’espoir de cette étincelle qui m’avait déjà chatouillé les glandes lacrymales il y à longtemps.

Ces modes qu’on nous propose, ces cycles qu’on nous impose…

L’émergence somme toute assez récente des contenus téléchargeables est, selon moi, l’un des points négatifs du jeu vidéo d’aujourd’hui.
Ce raccourci, sous couvert d’en « offrir » plus aux consommateurs, n’est en vérité qu’un garde fou destiné à répondre au plus juste à un planning chargé.

Quelle que soit la qualité du jeu, on le sort, on s’en fout, on patchera le produit plus tard. Et si, en plus, on peut faire payer ce patch, alors là, on va pas se priver… Je sais, je suis un poil cynique, mais prenons l’exemple on ne peut plus contemporain de l’énorme Modern Warfare 2 : 70€ pour la galette. Certes, c’est cher, mais sa réalisation est sublime. Le mode multijoueurs (dont je paie l’accès via ma Xbox 360), est très bien fait, malgré un manque certain en maps.Un manque de maps ? A 70€ ? Pas grave, depuis sa sortie, deux addons ont été publiés, tous deux au prix « exceptionnel » d’une quinzaine d’euros. Vous vous foutez de moi là ?

Un rapide et primaire calcul fait de votre jeu, si vous souhaitez profiter de ces extensions, l’un des plus chers de votre ludothèque.

Bref, les dlc, c’est selon moi le filon d’éditeurs peu scrupuleux qui, sous couvert de corrections/améliorations/prolongation du plaisir et de l’intérêt envers leurs produits, ont décidé de s’en mettre plein les poches. Et au passage de transformer le jeu en puzzle numérique, que vous ne pourrez reconstituer que moyennant finance.

Bien entendu, certains d’entre vous trouveront mes propos totalement injustes, prenant par exemple le cas Dead Rising 2. Soit. Certains éditeurs proposent, a des prix raisonnables des contenus de qualité. Mais ce n’est finalement pas l’objet de cet article.

L’autre tendance émergente chez les éditeurs de jeux, c’est ce que je qualifierai de « retro-reboot ». Le retro gaming est une passion qui commence, avec l’age avançant du jeu-vidéo, à devenir monnaie courante chez les joueurs ‘vieillissants’ tels que moi. Et, même si j’ai du mal à imaginer que cette mode soit rentable aux éditeurs de jeux, ceux-ci semblent décider à la réédition et au reboot de licences des années 80/90. C’est bien de vouloir s’accaparer une mode, ca l’est moins de vouloir se reposer sur cette mode pour renflouer les caisses. Il suffit de regarder le nombre de ces ‘retro-reboots’, Megaman, Sonic, Super Street Fighter II, Prince of Persia… autant de licences old-school rééditées sans véritable valeur ajoutée. Le pixel, aliasé, c’est chouette, mais c’est facile, non?

D’un autre coté, bien sûr, on ne peut reprocher à ceux que je qualifierai (et sans arrière pensée péjorative) de casual-gamers de s’adonner aux jeux qu’on leur propose sans trop se soucier de l’histoire même du jeu qu’ils ont entre les mains.

Rendez moi ces moments de rêve!

En bref, disons que derrière ces facilités, se cache en réalité le recyclage, et l’absence d’originalité. Je suis conscient que certains sont amplement satisfaits des choix qui leurs sont proposés en matière de loisirs vidéo ludiques, mais ce n’est pas mon cas, et c’est d’ailleurs cette frustration qui est la cause de mon penchant pour le rétro gaming.

Certes, le jeu d’aujourd’hui, c’est un produit qui se destine à un marché global, et de ce fait, il doit coller au mieux avec ses destinataires ‘globaux’, mais il est regrettable qu’il ne cherche pas en même temps à se démarquer de ses concurrents.
La voie toute tracée des doom like à l’époque n’a pas empêché Quake de transformer l’expérience en orgie de frags multijoueurs, le succès des jeux d’action/aventure n’a pas empêché les créateurs d’Ico d’en faire le monument que l’on connait, et j’en passe…

J’ai vraiment l’impression désagréable que les studios d’aujourd’hui n’ont qu’une idée en tête : rentabiliser. Mais comment, dans ces conditions, marquer les esprits ?
Je suis sans doute un vieux con, frustré…

Et, sous couvert d’offrir un système de distribution simplifié via XBLA, WiiWare, et PSNetwork, s’affranchissant ainsi de supports physique, compliquant la tache au piratage, les nouvelles machines de jeux aplanissent ainsi l’offre. Clones, rééditions, HD inside, très peu de titres m’ont offert ce qui jusqu’à présent m’a rendu accroc au jeu : un univers, décrit avec brio, et qui m’habiterait finalement, des années après y avoir joué. C’est ce que j’ai vécu par exemple avec Day of the Tentacle, Toonstruck, et même Sim City, qui faisaient alors de mon cerveau un bocal à rêves. Aucun jeu d’aujourd’hui n’arrive à me stimuler comme à l’époque.

Est ce moi qui vieillit, et qui, me reposant sur ces souvenirs rassurants préfère dénigrer les jeux d’aujourd’hui, plutôt que de leur faire une place dans mon cœur ? Non, non, et non, je suis encore ouvert à toute source d’inspiration et de rêverie.

Putain mais faites moi rêver ! Arrêtez de vouloir à tout prix me pomper un maximum de blé sans contrepartie, j’en ai marre ! Je suis prêt à payer 60/70€ pour vous remercier de votre travail, développeurs, éditeurs, alors faites sauter le bouchon, ouvrez les vannes, et créez! Je sais, après une telle léthargie, ca risque d’être dur de se remettre à un tel exercice, mais qu’est ce que c’est bon! Avez vous arrêté d’être fier de vos jeux le jour ou vos actionnaires ont pris le contrôle ?

Prouesses technologiques vs. prouesses tout court !

Le réalisme; ou comment s’appuyer sur la technologie pour rendre nos produits plus impressionnants, sans en approfondir la substantifique moelle : le fond. L’intrigue, les personnages, l’expérience utilisateur, rien de ce qui fait du jeu vidéo, à mon sens, un art, n’est exploité à sa juste valeur. Alors même que l’on parle des liens de plus en plus étroits entre cinéma et jeu vidéo, le jeu vidéo n’a jusqu’à présent été qu’une:

  • pâle copie du film
  • séquelle ou pré-quelle du film sans en porter l’étoffe
  • etc…etc…

Encore une fois, si des produits comme Indiana Jones and the Fate of Atlantis ont permis d’enrichir un univers cinématographique, c’est aujourd’hui une mission qui semble bien plus délicate. La faute à qui ? Sans détenir l’intégralité de la réponse, j’attribuerai une partie des ces portages ratés à la technique et à un marketing poussif. Faire des miracles, c’est bien. Faire des miracles qui apportent quelque chose, c’est mieux, non ?

Les jeux d’aujourd’hui, les studios, semblent persuadés (et, malheureusement, ils ont sans doute raison) que plus votre jeu sera réaliste, plus il marchera. Moteurs physiques, textures, travail du son, tout est fait pour vous confondre, entre jeu et réalité. Mais ensuite, plus rien. Histoire, personnages, émotions, rien ne transpire des plus beaux jeux d’aujourd’hui.

Je pourrais toutefois citer de nombreux contre-exemples, tels que Portal et Heavy Rain, qui chacun à leur manière poussent un peu plus loin le travail et l’expérience proposée, mais ils sont encore trop rares…

La technique n’est qu’un moyen, pas une fin.

L’usine à rêves n’est pourtant pas morte. Certains, profitant des modes de diffusion cités plus haut (xbla, wiiware, psn…), s’affranchissent des couloirs obscures de la distribution pour toucher directement le cœur de leur cible : les consommateurs. Braid, et surtout l’excellent Limbo, sont de petits contres exemples à l’uniformisation.  Malheureusement trop rares, il n’empeche que ces soubresauts de créativité font du bien au moral des amateurs de jeux de qualité tells que moi.

Je ne me considère pas comme un extrémiste du retrogaming, ni même du gaming tout court. J’ai dans ma ludothèque MW:2, Red Dead Redemption (tous sur xbox 360, n’ayant jamais eu les moyens d’investir dans une PS3)…Je suis un curieux, je n’ai pas de jeu de prédilection, j’ai gouté avec intérêt au joies du danmaku, de la même manière que je peux passer des heures sur un city builder ou plongés dans un fps.

Mais j’attendais un peu plus de ces machines surpuissantes qui pourraient facilement proposer des jeux différents, plus longs, plus profonds…  Il est selon moi essentiel, comme pour toute technologie, qu’une fois arrivée à maturité, on se pose les varies questions. Bien sur, certains feront un parallèle (très juste) avec le cinéma, dont le fonctionnement désormais bien huilé ne semble plus choquer grand monde, alors que l’on nous sert à la pelle les navets que l’on connait, les scénarios préfabriqués qui marcheront toujours, et les effets spéciaux si chers aux studios, et, à l’évidence, au public.

Conscient qu’a l’époque qui m’est chère déjà, les éditeurs cherchaient à gagner de l’argent, puisque après tout, le jeu vidéo à toujours été un business, je comprends qu’aujourd’hui plus que jamais, on cherche à rentabiliser le fruit de mois, d’années de travail.Ce qu’en revanche j’ai plus de mal a accepter, c’est la torpeur dans laquelle s’enferme petit à petit le jeu vidéo, tout comme le cinéma en son temps. Alors même que la notion de jeu devrait rester le principal point fort du médium.

J’espère juste qu’on entendra un jour parler d’une révolution douce, qui remettra à l’honneur le joueur comme acteur de son destin vidéo ludique, et non comme simple porte monnaie. Peut être dois-je me résigner. Je suis sur qu’il existe des dizaines, des centaines, de milliers de passionnés dont les aspirations ne sont finalement réduites à néant que par l’énormité de la machine.

Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, avec les facilitées de diffusion offertes par le web, les réseaux sociaux, les marchés virtuels, la multiplication des jeux proposés, et leur qualité, s’en trouve amoindrie, ou du moins, les productions de qualité se retrouvent noyées dans la masse.