Dans ce concert pour incompétence que nous sert depuis trois ans et demi cet aréopage de musicastres, d’aucuns ponctuent de fausses notes la (déjà) si désagréable partition initiale. Un festival de couacs divers et avariés mais délivrés avec des tonalités différentes selon l’art et le talent des interprètes.
La section dite des joueurs de pipeau, distille pourtant quotidiennement sa petite symphonie pour cirage de pompes à l’usage du souverain. Prêts à tout pour plaire à notre Karajan de poche, les joyeux thuriféraires s’ingénient à réciter en boucle les éléments de langage composés en haut-lieu. Leur mélopée quotidienne reste plus ennuyeuse qu’un riff de Jean-Michel Jarre mais leur air enjoué ne lasse pas les oreilles du flatté.
Au sein du groupe, les éléments semblent parfaitement interchangeables tant les quidams jouent à l’unisson. Ici, se distinguent, sous la houlette du transparent Fillon, le beauf Châtel, l’auvergnat Hortefeux, le transfuge Besson, le motodidacte Estrosi ou encore l’aboyeuse Morano. Un sextet lancinant auquel on peut aisément associer un trio de harpistes (je n’ai pas dit harpies) composé des dames Lagarde et Alliot-Marie (deux fantasmes du vert galant Bénichou) auquel on ajoutera volontiers Roselyne B., la Castafiore préférée de nos 23 p’tits bleus. Derrière, en embuscade, les inséparables NKM et Wauquiez, deux jeunes espoirs en langue de bois, assurent le choeur des (même plus) vierges…
Quatre premiers violons, qui rêvent chaque matin en se rasant de devenir premier dans un autre registre, accompagnent tout ce fier ensemble. Ils se nomment çà et là Borloo, ancien échevelé, Baroin, jeune premier de formation, Lemaire, technocrate es terroir voire Tron, clone galouzien à identique crinière blanche. Ceux-là auraient pu même former un fringant quintet avec ce bon monsieur Woerth si le petit personnel de l’héritière l’Oréal ne l’avait un peu trop vu traîner ses guêtres du côté de l’hôtel particulier neuilléen de la milliardaire sourde.
Au fond de la fosse d’orchestre, se morfondent les cloches, bien peu dissonantes mais trop souvent à contre-temps. Ils vont, sans tambour ni trompette, rejoindre incessamment sous peu le silence insoutenable d’une traversée du désert. Adieu Kouchner, Amara, Bussereau, Devedjian et autre Morin. Quid de Rama, la jeune virtuose du chant paradoxal ? Que deviendront ainsi, dans les semaines qui viennent, celles et ceux dont on connaît à peine le patronyme ? Vaste question !
Mais revenons à nos moutons ou plutôt à nos chèvres… Après cette rapide revue d’effectif, difficile de choisir un maestro parmi tous ces ténors ! Par défaut, on choisira Michel Mercier, non pas pour son activité inlassable à l’Aménagement du territoire mais pour sa charmante homonymie avec la marquise des Anges, obscur objet du désir de nos jeunes années. A l’inverse, pour le pire (ou le pitre, c’est selon), ça se bouscule au portillon. Par dépit plus que par défi, on élira son altesse sécuritaire, Brice de Clermont, pour l’ensemble de son répertoire…