Les syndicats ne savent plus comment s’y prendre pour continuer de faire bouillir la marmite de la contestation sur les retraites. Difficile de battre le faire avec autant de traîne-savates dans les plateformes. Le soufflé tombe. Difficile d’aller convaincre la base pour de nouveaux lendemains qui déjantent. Plus personne ne se fait d’illusions quant à l’issue d’un conflit qui a suscité l’enthousiasme et permis à certains de comprendre la vraie nature de la majorité qui gouverne le pays. En cela, ce mouvement aura réussi ce que les syndicats n’avaient pas obtenu des citoyens depuis longtemps : comprendre que nous sommes gouvernés par des marlous. Inutile de faire le décompte de toutes les affaires qu’on tente de camoufler par des voies diverses et avariées. Un jour ou l’autre cela finira par sauter. Il le faut pour la santé démocratique du pays.
La question est la suivante : comment faire pour continuer la mobilisation sans tomber dans le ridicule de la « débandade » ? La droite n’attend que ça pour aller se gausser devant les caméras sur le peu de crédibilité de ces manifestations en manifestant bruyamment une joie obscène. Comment passer d’un mouvement massivement suivi à une résistance plus obscure dont les résultats ne seront crédités que devant l’urne en 2012, comme le suggère une bonne partie de l’opposition ? A condition de garder bien au chaud le « chien de ma chienne » pour celui qui prend les citoyens pour les domestiques de la caste dominante.
La déception collée au frontal, de plus en plus dégoutée, la base s’active en coulisse, poussant une direction de plus en plus à court d’imagination pour booster un mouvement qu’elle sait perdu mais dont elle ne sait pas dire les mots pour apporter un minimum de réconfort. Alors, dans le doute, on remet ça, le 16 ou le 23 novembre. Ou les deux. Après tout, ne pas obtenir par la revendication gain de cause n’est pas en soi un signe de honte ou de faiblesse. Perdre une bataille ne signifie pas la perte de la guerre. Ce qui est plus difficile à accepter c’est de faire croire qu’il y a encore de l’espoir en déclarant que tant que la loi sur les retraites n’est pas promulguée, il reste encore une petite chance.
La rue est en colère. Ce sentiment est palpable partout. Dans toutes les conversations un vent de dégoût surgit des lèvres quand il s’agit d’évoquer la gestion de ces manifestations par les centrales syndicales – soucieuses de contenter cette base, sans se laisser déborder par elle – mais aussi par un PS dont la discrétion laisse perplexe. Alors que l’ensemble du mouvement pouvait espérer de sa part un signe fort, un accompagnement politique plus actif, plus pugnace, pour aller plus loin, son attitude s’est bornée à quelques déclarations de principe, toutes centrées sur sa préoccupation première : quel sera le candidat idéal pour le représenter en 2012 ! Handicapé par son statut de futur « parti de gouvernement », il a joué sur la seule impopularité du gouvernement, Mínimus en tête, sans véritablement chercher à lui faire vraiment mal. Installé au pied de son fruitier, le PS semble attendre que le fruit mûr lui tombe dans les mains. Une stratégie fort aléatoire ma foi.
Attitude que le PS et autres attentistes de la gauche conformiste peuvent regretter si d’aventure, la bête qui monte, Mélenchon, pour ne pas le citer, se met à séduire la base par un discours qui sonne juste aux oreilles de ceux qu’on ne sollicite que pour mieux les laisser tomber ensuite. Qu’on ne vienne pas invoquer le « poujadisme » de Mélenchon et autres comptines du genre, comme le font les médias dans un déchainement calculé. Si Mélenchon monte et qu’une gauche non « officielle », plus radicale, trouve de plus en plus d’audience, c’est ailleurs que dans le poujadisme qu’il faut chercher la réponse…
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