Et une claque, une ! Bon alors, cette "family", de quoi s'agit-il ? Disons que pour faire simple, voire simpliste, l'on se bornera à évoquer leurs cousins d'Amérique du nord d' Arcade Fire ou bien les excellents Bodies of Water, découverts il y a quelques saisons, et encensés ici même il y a deux hivers !
Les FOTY eux, sont américains, exilés du Pays de Galles pour ce qui est de la fratrie Keefe (un nom approprié !), et de différents états de l'Union pour leurs 4 autres acolytes, en particulier la co-chanteuse Christina Schroeter.
Evoquer une chanteuse (à nouveau), au sein d'un groupe de hippies nords-américains, en revient inévitablement à invoquer le fantôme des divin(e)s Mamas and The Papas, auxquels il est déjà fait abusivement référence !
Tordons donc le coup à cette analogie devenue facile dès lors qu'un groupe mixte s'adonne à une folk pastorale qui ne dédaigne pas les refrains pop !
D'abord, les FOTY n'auront jamais le talent vocaliste hors du commun de leurs illustres devanciers, et je pense notamment aux voix étourdissantes de "Mama" Cass Eliott et Michelle Phillips ! Ensuite, foin de facilités : on tient là le groupe qui va déclencher le buzz si ce n'est déjà fait au sein de la communauté indé-inrocks-branchouille, comme cela avait été le cas à l'époque de Belle and Sebastian, ou bien plus près de nous des très surfaits Fleet Foxes ou des ineffables Arcade Fire.
Allez, Family of the Year font leur musique, composent des chansons qui leur appartiennent, et que tout le monde peut reprendre en c(h)oeur, et c'est déjà beaucoup !
Quid de leur album ? Sorti une première fois l'an passé sous un habillage et un sequencing différents aux Etats-Unis, il ressort en pleine approche de Thanksgiving sur l'obscur label parisien Volvox. Et pour une fois, ces subtilités (la nouvelle pochette plutôt baclée d'ailleurs, l'ordre des chansons) resteront caduques. Un peu à la manière des fantastiques Film Noir (que deviennent-ils ?!), leur album sera à déguster sans modération sur deux couplages, dont le plus récent apparaît sans doute encore plus cohérent.
Renforcé des titres d'un EP paru ces jours-ci, ce dernier, découvert par la scie électro minimaliste "Psyche or Like Scope" en rotation continue sur Nova, Our Songbook s'ouvre sur un "Let's Go Down" pastoral des plus enlevé et rafraîchissant, comme on n'en avait plus entendu depuis Bodies of Water sans doute !
Lui succède, ce "Interpretations (Staple Jeans), morceau d'anthologie qui sait donner dans la gravité de ton, de tonalité sans tout le pathos encombrant des groupes en babouches précités !
C'est d'ailleurs ce qui fait la différence et qui fait ressortir ce collectif -le terme est à la mode- de l'armada lambda folkeuse US : outre un éclectisme de bon aloi (les rythmes électro de "Psyche...", "Castoff", la presque reggae "The Princess and the Pea"), ces gens-là ont la bonne idée de ne jamais verser dans le geignard. Our Songbook tient plus du petit frère ou de l'ami qu'on a envie de cajoler que du dépressif que l'on se devrait d'empêcher de commettre l'irréparable via un coup de fil des Samaritans.
Alors, si vous trouvez que le dernier Arcade Fire manque cruellement de mélodies marquantes, si vous trouvez que MGMT est un gadget creux et fatiguant, si vous êtes orphelin des mélodies pop ensoleillées de Fleetwood Mac, et si surtout, vous aimez les chansons bien faites, bien écrites et bien interprétées, abandonnez-vous sans retenue de ce disque !
Que ce soit au son du mellotron flûte de "Feel Good Track of Rosemead", de "Stupidland" que n'auraient pas désavouée les Beach Boys, de "Summer Girls" qui eût pu figurer sur le dernier Animal Collective !
Ou bien encore de ces terrassants "Interventions", "Castoff" (qui vous fera taper du pied), la doucereuse "The Barn" (très différente de "La Grange" de ZZ Top), les délicates "Surprise" et "Treehouse", "Chugjug", véritable inédit de Bodies of Water...
Toutes sauront vous mettre à genoux, et vous faire chialer de bonheur !
En bref : on épargnera les poncifs liés à la terminologie of the year ! Même si l'on a déjà une petite idée de là où trônera cet énième avatar folk US lorsqu'il s'agira de dégager les grands crus du millésime 2010.
le site, le Myspace
"Surprise" en acoustic session :
"Psyche or like Scope" :