© Mercè LOPEZ/ Kaléidoscope
"L'enfant qui mangeait des margouillats" de Mercè LOPEZ est un livre pour enfant à deux niveaux. Soit une lecture simple et déjà fabuleuse, soit la lecture appuyée avec quelques détails de plus... ainsi il offre des nouveautés par rapport à l'âge du lecteur. C'est vraiment un livre qui mérite le détour.
Thiekoro, "le vieux", jeune garçon appelé ainsi en hommage à son grand-père, squatte les rues de sa petite ville d'Afrique de l'Ouest. Il ne va pas à l'école et sa réputation le dit très malin et très rapide, si rapide qu'il chasse et mange les margouillats. Pendant son activité favorite, il rencontra un jour un margouillat géant très pâle, sans couleur. Il se prend de pitié pour le reptile si triste et va l'emmener chez le marabout pour l'aider à retrouver ses couleurs. "Ton margouillat a oublié d'où il vient, qui il est et où il va. Et avec ses souvenirs, ses couleurs s'en sont allées. Tout comme les fils de l'Afrique."
© Mercè LOPEZ/ Kaléidoscope
Étape par étape, Thiekoro et le margouillat iront à la rencontre des personnages de l'Afrique. Une Afrique de l'oralité, du contact, du partage et de la spiritualité. Les hommes bleus du désert, les Touaregs, apportent leur aide. Mais aussi la "famille d'Afrique" dans son hospitalité, ses générations confondues, ses discours, légendes et sagesses, offre un soutien. Les hommes sages avec leur langue des masques et aussi les musiciens transmettent une part de l'Afrique.
A chaque fois, c'est une entrée dans une particularité de l'Afrique: sa spiritualité, sa musique et son rythme, sa vie en famille, à l'extérieur de l'habitat, sa terre. Le tout apporte une sagesse africaine, savoir reprendre goût à la vie après une épreuve.
A chaque aide, un détail est mis en avant: les trois thés, les symboles touaregs, les instruments de musique, les noms des masques... ainsi après l'histoire c'est aussi une initiation à l'Afrique avec des mots de Bambara (dialecte du Burkina Faso) au cœur du texte.
© Mercè LOPEZ/ Kaléidoscope
Cette fable de griot est servie par des illustrations très chaudes aux aplats de couleurs très caractéristiques: la terre ocre est là, partout et nous accueille, nous entoure, nous submerge presque. Et j'aime beaucoup ces visages où une touche de bleu donne à cette peau noire/caramel des nuances fascinantes. Et c'est vrai que cette touche de bleue (même sur peau blanche) m'émeut au plus haut point, avec les visages des jeunes gens de David JAMIN.