Pangbotchi - Alex Cousseau & Philippe-Henri Turin

Par Emmyne

C’est la veille de Noël. Après avoir bien joué dans la neige, Pangbotchi, le petit yéti, s’apprête à prendre son goûter, mais dans le frigo, une quinzaine de petits lutins, qui n’ont rien à faire là, ont à peu près tout mangé. Ils prétendent qu’ils cherchent la maison du Père Noël, et qu’ils ont eu un petit creux. Papa Yéti semble savoir quoi faire de ces intrus. Il prend le frigo sur son dos et les emmène tout en haut de la montagne. Il dit qu’ainsi, quand le Père Noël aura besoin d’eux, il saura où les trouver. Mais un peu plus tard, c’est le canapé du salon qui est investi par d’autres lutins, qui tiennent absolument à regarder les aventures de Tintin au Tibet à la télévision. Et à l’heure du bain de Pangbotchi, la baignoire déborde… de lutins. Tous disent qu’ils cherchent la maison du Père Noël. C’est un peu étrange, à la longue. Pangbotchi ne peut s’empêcher de faire certains rapprochements. Serait-ce possible que Papa Yéti…? Une chose est sûre : à l’heure de se coucher, Pangbotchi ne gardera pas ses yeux dans sa poche.

- Ecoles des Loisirs -


Vous ne croyez pas au Père Noël ? Ni au Yéti ? Dommage.

Parce qu'ils existent même s'ils ne sont pas ceux que l'on pourrait croire.

Cet excellent album signé Cousseau&Turin-d'avant-les-dragons renouvelle la légende du barbu bonhomme rouge, s'en amuse, entre fantaisie et mystère, avec un brin d'impertinence, une touche de jeu sur les mythes littéraires jeunesse.

Sachez-le, la maison du Père Noël n'est pas en Laponie mais au Népal. Découvrez que les lutins ne ressemblent absolument pas à des chérubins joufflus aux formidables chaussettes rayées mais à des nains, galopins à bonnets et oreilles pointus. Apprenez qu'il n'y a pas un yéti mais trois - le père, la mère, le fils -, charmante famille hirsute aux grandes bouches pleine de dents des plus conventionnelle pourtant.

Et profitez des paysages enneigés, des bleus lumineux, d'un crépuscule qui les teinte de rose, des effets de perspectives et de géométrie entre les scènes intérieures aux massives lignes droites et celles d'extérieur aux courbes fines; profitez des réjouissantes glissades sur mobilier.

Le récit entretient gentiment le doute sur l'identité du Père Noël, parsemant d'indices et de drôles de coïncidences le texte comme l'image jusqu'à l'épilogue où le jeune Pangbotchi reconnaît son père malgré son rouge costume et lui demande de l'accompagner. Le merveilleux est sauf, la magie de la tournée nocturne du Père Noël préservée malgré l'originalité de l'album qui interprète le mythe en en proposant un autre, mêlant les genres avec un humour complice, répondant en douceur à la fatale présomption à qui veut entendre une réponse.

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Pour les grands curieux encore petits qui doutent. Pas avant 5-6 ans, pour se laisser tenter ensuite par le grand classique himalayen de l'ami Hergé, pour suivre le Lapin Blanc à repérer sur chacune des pages blanches de neige.

Et puis, un Père Noël qui use de bigoudis pour sa longue barbe et qui enlace maman, ça pose de sérieuses questions tout de même...

Je vous aurais prévenus, ça décoiffe un peu.

Pour Info : Pangbotchi est le nom d'un monastère népalais dans lequel seraient conservées des reliques du Yéti.

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