Dans le paysage de la banque mobile, foisonnant d'applications pour la clientèle des particuliers, les professionnels et les entreprises font figure de parents pauvres et sont un peu négligés par leurs partenaires financiers. Après l'initiative, assez décevante, de BNP Paribas, plusieurs annonces récentes montrent cependant une évolution des stratégies et dessinent ce qui sera peut-être la prochaine grande vague d'innovation dans les banques.
Premier exemple, la banque régionale américaine Union Bank lance "Mobile Business Center", une application pour iPhone, BlackBerry et Android permettant aux directeurs financiers et à leurs équipes de consulter les comptes et gérer la trésorerie de l'entreprise en tout lieu et à tout moment. Disponible gratuitement pour les clients de l'établissement, le logiciel donne accès aux principaux services de banque à distance, dont l'approbation des transferts et l'exécution de paiements.
Les fournisseurs de progiciels bancaires s'intéressent également au sujet, comme l'illustre la présentation par Fundtech de "Mobile ACCESSplus", une application mobile de gestion de trésorerie, complémentaire de son offre logicielle, pour iPhone, BlackBerry, Android et Windows. Selon l'éditeur, une grande banque britannique préparerait prochainement un déploiement du service auprès de ses clients.
Plus étonnant, Luup, spécialiste du paiement mobile, se positionne également sur le marché avec son nouveau produit "Luup Mobile Remote Authorisations", qui permet de gérer les approbations et les autorisations de paiement sur les smartphones Windows. Moins ambitieuse que les deux précédentes, cette solution touche néanmoins au coeur des besoins des entreprises qui doivent gérer des workflows financiers.
Si de telles initiatives émergent aussi tardivement, cela est probablement du, en grande partie, à la croyance que les responsables financiers des entreprises ne sont pas demandeurs d'applications mobiles. Or, une étude [lien PDF] d'AiteGroup (pour Fundtech) démontre que l'attente existe. Cette enquête, réalisée auprès de 319 entreprises dans le monde, révèle ainsi que près de deux tiers d'entre elles seraient susceptibles d'utiliser les services mobiles que leurs proposerait leur banque (et les européennes sont les plus enthousiastes). De plus, la moitié disent qu'elles accepteraient de payer pour ces services.
Devant cette attente, le marché est prêt à décoller et, à terme, la banque mobile deviendra certainement aussi essentielle pour les entreprises qu'elle l'est actuellement pour les particuliers. Au vu de son niveau actuel de maturité, les premiers arrivants sont presque certains de bénéficier de l'effet de nouveauté. Qui lancera la course en France ?