Film "Water Makes Money" à Cognac et bilan annuel de gestion de l'eau par Véolia

Publié le 07 novembre 2010 par Pierre-Alain Dorange

Comment les multinationales
transforment l'eau en argent Le comité de défense des services publics de Cognac diffuse le documentaire "Water Makes Money" (Leslie Franke et Herdolor Lorenz, 2010). La projection sera suivie d'un débat sur la gestion de l'eau à Cognac. Ce sera l'occasion de débattre de la situation de la gestion de l'eau à Cognac, en France et dans le monde.
WATER MAKES MONEY
Mercredi 24 novembre 2010, 20h30
Couvent des Récollets, Cognac
, (gratuit)

Pour plus de détails, voir le blog du Comité de Défense.

A Cognac, la gestion de l'eau est confiée à Véolia depuis 1975 par le syndicat des communes de Cognac, Châteaubernard, Saint-Brice et Merpins (SIEAAC).
Le 1er janvier 2008 le contrat de délégation à Véolia a été renouvelé pour 12 années supplémentaires malgré les débats que le comité de défense des Services Public avait suscités.
Nos élus locaux sont eux aussi restés sourds et ont préféré succomber aux sirènes des multinationales : LAISSEZ FAIRE !  VÉOLIA S'OCCUPE DE TOUT, SURTOUT DES FACTURES.
Rapport Annuel de Véolia à Cognac
Comme chaque année, le délégataire remet son rapport annuel de gestion sur l'exercice précédent (obligation légale de la loi de 1995). C'est donc l'exercice 2009, le deuxième du nouveau contrat qui arrivera a échéance le 31/12/2019.
Rien de bien neuf sous le soleil cognaçais de la gestion de l'eau.

puits à St-martin, non protégé
Les données présentées sont toujours aussi obscures, aucune justification ou détails sur les comptes. Les "mystérieux" frais de siège (ou frais centraux) sont toujours là (77 719 euros pour l'eau et 32 869 euros pour l'assainissement) et représente le surcoût de la structure du groupe Véolia...
Si les travaux sont enfin sérieusement repartis (assainissement non collectif et changement branchements plomb), le dossier de la protection des captages reste au point mort depuis plus de 10 ans maintenant. On nous promet une évolution du dossier déposé à la préfecture... Comme l'an passé... En attendant certains puits ne sont même plus fermés.
Rappellons que la loi oblige la définition de périmètres de sécurité et notamment la pose de clôture par exemple... A Cognac, rien de tout cela : aucun périmètre, pas de clotûre.
Alors que certaines villes mettent en place des partenariats avec des agriculteurs pour inciter l'agriculture biologique sur les zones de captages (évitant ainsi sur le moyen terme la pollution par pesticides et réalisant des économies sur les traitements de l'eau), Cognac est largement en retard puisque aucune protection, ni plan global n'existent.
Sur le front de la ressource en eau, la qualité demeure identique (l'eau brute est de qualité correcte mais avec un peu trop de cuivre). Le SIEAAC ne fait par contre aucune recherche pour d'autres sources d'approvisionnement. L'audit de 2006 indique pourtant que les champs captants de Cognac sont sensibles au fleuve Charente et donc qu'une pollution du fleuve toucherait notre nappe d'eau...
Pour la première fois le SIEAAC revend de l'eau à Boutiers qui est en régie publique mais a malheureusement un réseau en mauvais état et aucune volonté de financement ou renouvellement sérieux depuis des années.
Les anciens réservoirs du Breuil (notamment les 2 châteaux d'eau qui ne sont plus en service près des immeubles) devrait être détruit en 2011.

La politique tarifaire ne change pas, le prix pour Véolia est de 0,511 euros / m3 puis de 0,409 euros au delà d'une consommation de 40 000 m3 (réservé aux industriels), la part SIEAAC elle est de 0,1403 euros / m3 quelque soit la consommation.
A l'heure du développement durable et de la nécessité de protéger nos ressources en eau, le SIEAAC continue une politique issue des années 80 : plus on consomme, moins c'est cher... Il existe pourtant des politiques tarifaires très modernes qui permettent d'avoir des leviers à la fois sociaux (premiers m3 gratuits pour l'eau vitale, par exemple) et une progressivité des tarifs en fonction de la consommation annuelle (plus on consomme, plus l'eau est chère), permettant une véritable incitation à la modération dans la consommation de notre eau potable.
En 2009, le rendement (taux entre l'eau traitée et l'eau facturée, la différence venant principalement des fuites) a été amélioré, après une baisse l'an passé (81,9%), à une valeur de 87,5%, ce qui est un bon résultat.
Le contrat prévoit un rendement de 85 à 90% à partir de 2011.
Si Véolia Cognac accusait un déficit l'an passé, c'est presque un parfait équilibre cette année (59 500 euros de bénéfices pour l'eau et 59 800 euros de pertes sur l'assainissement) au plus grand soulagement des actionnaires ; Véolia annonce 538 millions de bénéfices annuels pour 2009. La crise n'est décidemment pas pour tout le monde.
À noter pour finir que le rapport annuel a été présenté à la nouvelle commision consultative (dont je fais partie au titre du comité de défense des services publics de Cognac) par l'agence de conseil Gétudes (basé en vendée) qui épaule le directeur à mi-temps (et seul employé du SIEAAC). Ce cabinet est dirigé par... l'ancien directeur de Véolia Cognac, qui a l'avantage de... bien connaitre le dossier donc, et l'inconvénient... de laisser planer un doute sur son indépendance.
L'actuel directeur du SIEAAC étant déjà à la retraite et devant probablement quitter son poste, le SIEAAC pourrait probablement faire des économies en employant un ingénieur-technicien pour le suivi annuel qui permettrait d'être sur le terrain tout le temps et de se passer d'un cabinet conseil à l'année... Cela présenterait en outre l'avantage de permettre une reprise en main des compétences qui sont actuellement toutes déléguer au privé.
Les rapports du délégataire étant publics (article L.1411-13 du CGCT) ceux-ci sont intégralement consultables dans vos mairies ou mieux au SIEAAC (mairie de Châteaubernard), je ne saurai trop conseiller a tous les lecteurs intéressés par le sujet à les consulter.