Il y a quelque chose de très excitant à voir le livre de quelqu'un qu'on connaît entamer une belle carrière. C'est le cas de L'Amour nègre, de Jean-Michel Olivier, paru début octobre 2010. Nombreux articles, portraits de l'auteur dans la presse, sélections à des prix littéraires prestigieux (le Grand Prix du roman de l’Académie française, l’Interallié qui sera décerné le 16 novembre, pour qui le livre figure dans la dernière sélection)...
Le roman le mérite.
Atypique dans la production romande, L'Amour nègre se rapproche plus de Breat Easton Ellis que de Charles-Ferdinand Ramuz. Le sujet, le style, la composition...
Son intrigue: Moussa, un jeune Africain, est échangé par son père contre un écran plat. Il est ensuite adopté par un couple de stars d'Hollywood qui le renomment Adam. Mais il met le feu à quelques dépendances de leur maison, coupe la main d'un people qui voulait violer sa sœur, adoptée elle aussi, et finit par faire un enfant à celle-ci.
Du coup, il change de père et se retrouve sur une île avec un acteur connu pour ses publicités de capsules de café. Quand un incendie se déclare, dans lequel l'acteur périt, Adam est accusé. Il se sauve, se retrouve dans une ville balnéaire d'Asie consacrée au tourisme sexuel, est abordé par une femme de banquier qui le ramène à Genève. Là, abandonné, il se fait trafiquant de drogue, puis assistant d'un marabout africain qui le refile à ses patientes en mal d'amour comme finale de sa cure.
Il y a de l'aventure dans le bouquin: Adam passe de continent en continent, chacun d'entre eux donnant le titre d'une partie. Il y a de la drogue et du rock'n'roll. Il y a du sexe, depuis la danse du bambou au village primitif jusqu'au sex-worker final. Il y a des marques: toutes celles qui permettent aux personnages qui ne sont rien de se chercher à travers des sacs Gucci ou des pantalons Armani.
Il y a du glamour aussi: la vie des stars de Hollywood. On reconnaît, à peine décalés, Angelina Jolie, Brad Pitt, George Clooney ou Paméla Anderson. Jean-Michel Olivier renoue ainsi dans ce livre avec le roman à clés qu'il a déjà abordé lorsqu'il parlait d'une certaine Conseillère d'Etat genevoise, ou d'un célèbre mécène. Mais ces ingrédients ne sont pas le seul intérêt de ce roman, sensuel et mené d'une plume vive à coups de phrases courtes qui donnent à la lecture un côté palpitant.
Il y a, surtout, un personnage étonnant qui traverse tout ça sans qu'il en soit souillé. Sorte de Candide amoureux de la vie, et décidé à prendre d'elle ce qu'elle veut bien lui donner, Adam est un être heureux qui irradie l'optimisme et vit selon une sagesse très positive.
Jean-Michel Olivier, L'amour nègre, L'Age d'Homme/De Fallois