J’étais pas chez moi, je ne voulais pas devenir l’intrus..

L’Ampolla, c’est un petit port catalan très sympa, à l’extrémité nord du delta de l’Ebre. Il n’y a pas de grandes barres de bétons comme ailleurs sur la cote espagnole, et surtout il y existe toujours une véritable activité de pêche « artisanale », qui maintient en vie cette petite communauté quand les touristes sont partis.

Dans ce petit port très calme, par hasard, nous (famille) nous sommes retrouvés les témoins d’un drame local qui a mis le village en effervéscence. Jeudi 28 octobre 2010, dans la matinée, l’atmosphère à changé en quelques dizaines de minutes. Vers 10h30, tous les bateaux les plus importants étaient rentrés au port et leur cargaison déjà emportée pour la vente. Une petite barque rentrait péniblement et traversait tous les mouillages pour venir se garer contre la rampe d’accès principale. Rapidement une première voiture de police est arrivée, puis une seconde, quand la troisième voiture est arrivée le cordon de sécurité était déjà bien en place au bout de la jettée.
Le drame se développait rapidement devant nos yeux d’étrangers, toute une flotte de voitures officielles s’est installée sur le port et les premiers journalistes ont fait leur apparition. Petites caméras HD portables pour les télés locales et puis enregistreurs pour la radio etc.. J’avais l’impression d’assister au tournage de l’Inspecteur Barnaby en Espagne. La foule qui commençait à grandir, à bonne distance, montrait des visages, inquiets, plein de questions.

Même étrangers, on a bien compris ce qui se passait, mais j’avais le sentiment qu’en posant des questions on dérangerait. Ce petit drame humain, on n’en faisait pas vraiment parti. Qu’un commerçant du port demande « tu crois qu’ils ont retrouvé Mr X ? » c’était acceptable, mais qu’un touriste cherche à savoir les détails de l’affaire je trouvais ça malsain. (symptomatique de ceux qui résident dans des endroits touristiques peut être ?).

Bref ce n’est que deux heures plus tard, quand tous les officiels ont été informés, que les pêcheurs remontent leur filet dans lequel se trouve le corps sans vie d’un homme en tenue de travail. Nous sommes dans un restaurant un peu plus loin, mais la tension des serveurs et de la patronne nous fait tourner la tête pour voir la levée du filet. Il s’agissait sûrement du corps d’un marin ou d’un paysan du delta, nous ne le saurons jamais.

Nous repartons avec le sentiment d’avoir été les témoins extèrieurs d’un évènement majeur dans la vie de cette petite communauté. Ici aussi, dans nos pyrénées, il y a des accidents de chasse, ou des accidents de montagne que l’on ne souhaite pas discuter avec des gens de passage. Est-ce sain ou pas ? à méditer.