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A quoi bon, à quoi bon, ce balcon?
A regarder ces tortues en zinc qui passent
Qui salissent, qui assourdissent ?
A fixer ces agaçantes portes rangées,
Sans la moindre odeur ni de bocage ni de bosquet,
Et qui attristent et qui crissent
Et par lesquelles le regard est dérangé ?
A contempler ces pitoyables arbres
Torturés qui pleurent et qui font pleurer ?
A épuiser le regard à suivre
Des créatures gesticulant,
Aux têtes vers la terre inclinées ?
A quoi bon, à quoi bon ce balcon
Puisqu'en face,
Se trouvent ces bâtiments
Qui m'empêchent de voir ;
Qui me voilent le firmament,
L'unique issue de la Clarté
L'unique issue de l'Espoir ?
A quoi bon
Puisque d'ici, tout ce que les yeux
Peuvent percevoir
Est entre le gris et le noir,
Puisque d'ici, le jour vaut presque le soir ?
A quoi bon ce balcon
Qui offre aux vacarmes de monter,
De tirer l'ouïe vers le bas,
De l'empêcher de jouir
Du silence du ciel béat ?
A quoi bon
Si ni les yeux, ni les oreilles,
Ne peuvent regarder et ouïr
Ce que l'âme assoiffée quête et désire ?
Heureusement ! Heureusement !
Dieu Merci ! Dieu Merci !
Et quelle joie d'être doté de cet Œil, apte,
En dépit de tout ceci,
A écouter, à voir, à entrevoir, outre tout ceci,
Et l'Immensité, et la Majesté aussi !