Et producteur pour Game One
"Nous sommes fin octobre, porte de Versailles, tout le Paris Games Week est occupé par les grands éditeurs. Tout ? Non ! Car un stand peuplé de talentueux créateurs résiste encore et toujours à l'envahisseur. Et la vie n'est pas facile pour les garnisons de représentants des camps de Nintendo, Microsoft, Sony, et les autres..."
Car ce n'est pas une potion magique qui donne à ces irréductibles fans de jeux vidéo le pouvoir d'attirer les masses de joueurs vers leur stand, mais une collection complète de vêtements streetwear plus beaux les uns que les autres. Et c'est le druide Alex Nassar, co-fondateur d'Otaku (site officiel), qui nous a accordé un entretien lors de l'événement pour parler avec lui de cette marque, de son avenir, mais également du salon ou du travail que l'homme fournit en tant que producteur sur la chaîne de télévision Game One.
Une interview que nous vous proposons une fois de plus dans son format sonore, avant de retrouver d'ici quelques heures la retranscription écrite qui demande un peu plus de travail. Ils sont fous ces livegennois !
Bonne écoute !
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Interview #2 PGW : Alex Nassar, co-fondateur d'Otaku
[MAJ] Et voici donc la version écrite de l'interview :
[Interview] Alex Nassar, co-fondateur d'Otaku Game Wear
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Néluge : Nous sommes au Paris Games Week avec Alex Nassar, et pour commencer, est-ce que tu pourrais te présenter pour ceux qui ne te connaitraient pas encore ?
Alex Nassar : Bonjour déjà, merci de me recevoir. Je suis journaliste, et accessoirement chroniqueur, sur Game One depuis plusieurs années. Depuis même beaucoup, beaucoup d'années. Spécialisé jeux vidéo à la base, nouvelles technologies ensuite. J'ai d'autres passions : la musique, le cinéma, les fringues... Et j'ai monté en 2006, avec des amis, une marque de vêtements qui s'appelle Otaku, sur le thème des jeux vidéo et qui est présente sur le Paris Games Week. Voilà en gros, pour résumer.
Néluge : Je propose que l'on commence avec Otaku, puisque c'est présent sur le salon. Est-ce que tu peux nous présenter ce que c'est que cette marque Otaku ? D'ailleurs, quel est le nom exact ?
Alex Nassar : Alors, le nom complet, c'est Otaku : the Original Game Wear. On se sent toujours obligé de prendre des noms anglo-saxons pour que ça sonne mieux, ça a toujours été comme ça en France. Ça, c'est le vrai nom, mais évidemment tout le monde dit Otaku, voir même Otéka, il y a plein de façons de l'appeler. La marque, c'est simple, ce sont des vêtements faits par les gameurs pour les gameurs, pour la version très très courte. Pour aller un peu plus loin, j'ai rencontré des mecs un beau matin qui bossaient dans les fringues, parce qu'on ne s'improvise pas comme ça créateur de vêtements, c'est un vrai métier. Il ne faut pas croire que du jour au lendemain on a un stand au Paris Games Week ou plein de points de vente en France, c'est pas si simple.
Néluge : Mais c'est quelque chose qui t'attirait les vêtements ?
Alex Nassar : A fond, à fond ! Moi j'ai toujours été un vrai fan de sapes, tout le temps à chercher sur le net. Autant que les jeux vidéo presque, ou que la musique. Je m'intéresse beaucoup aux marques, à leurs histoires, aux collections... Pas en mode fashion victime, c'est plus le côté streetware qui m'intéresse. J'ai été bercé aux Air Jordan, aux marques de street des années 90, ça a toujours été comme ça. Et j'ai rencontré ces mecs là, qui font des vêtements depuis super longtemps. Des gros gameurs aussi, c'est un peu ce qui nous liait tous. Et un jour on s'est dit que ce serait marrant de faire une marque sur le thème des jeux vidéo. Ça faisait longtemps que j'avais envie de faire ça, mais pour moi c'était juste un fantasme. Et là, le mec me dit : "Moi c'est pareil, allez, vas-y, on le fait !" C'était en 2006, et le temps que les choses se fassent la collection est sortie en 2007.
Néluge : Ça a été plutôt rapide quand même...
Alex Nassar : Ça a été assez rapide, mais au final on prend notre temps, parce qu'on n'a pas envie de faire les choses vite fait, mal fait. On n'a pas tellement de pression par rapport à Otaku, on a tous des métiers à côté - moi je suis sur Game One, mes associés sont représentants pour d'autres marques - et on a pas cette pression de l'argent que, je pense, la plupart des entrepreneurs ont au départ. Ils ont une obligation de résultat, il faut rentrer du cash très très vite. Nous, on n'a pas ça, c'est une activité parallèle. On espère que ça nous fera bouffer un jour, mais c'est vrai que c'est beaucoup moins contraignant, ça nous permet d'avoir encore l'esprit vachement frais et libre par rapport aux gens qui sont obligés de faire du résultat rapidement.
Melkor : La marque s'appelle Otaku, pour un public de gamers. Normalement Otaku, c'est plus les fans d'anime, etc. Pourquoi avoir choisi cette marque là et pas quelque chose qui se rapproche plus du gaming ?
Alex Nassar : C'est une très bonne question. On s'est dit qu'on allait pas appeler ça Geek, c'est trop évident. Et puis c'est un terme que l'on entend tellement à toutes les sauces. Déjà, en 2006, quand on a choisi le nom de la marque, on était saturé de geeks. Donc quatre ans plus tard, t'imagines même pas. Nerd, il y a déjà un groupe de musique, qu'on adore, qui s'appelle comme ça. Il y a déjà une série aussi qui s'appelle Nerdz. A l'époque, Otaku personne n'en voulait. C'était un terme péjoratif au Japon. Aujourd'hui c'est rentré un peu plus dans la culture des gens, et ils savent ce que ça veut dire, ça désigne un peu un geek, mais en japonais. C'est vrai que ça a une connotation assez manga au départ, mais quand on regarde bien la définition d'otaku, c'est un mec qui vit de sa passion et à travers elle, quelle qu'elle soit finalement, anime ou jeux vidéo. Donc, quelque part, on n'est pas hors sujet. Pas complètement du moins.
Melkor : A propos des designs des tee-shirts, on voit qu'il y a beaucoup de style 8-bits, rétro-gaming. C'est quelque chose qui te tient à cœur parce que tu es fan du genre ?
Alex Nassar : C'est surtout que je suis vieux je crois. Je vais avoir 34 ans, j'ai une culture jeu vidéo. Aujourd'hui, c'est une culture, je crois que les gens qui l'ont peuvent en être fier. Avant ce n'était pas vraiment le cas. Moi je compare souvent le jeu vidéo au porno : aujourd'hui c'est très chic de dire que tu connais des actrices porno des années 80, tu peux te permettre d'en parler dans les diners mondains. Et bien aujourd'hui c'est très chic de dire que tu avais uneAtari 2600, que tu sais ce que c'est une Vectrex, une Neo-Geo ou une PC Engine. Avant c'était la honte. Les choses ont vraiment évolué, le geek c'est chic, c'est comme ça aujourd'hui. Et ma culture jeu vidéo, j'en suis super fier, mes associés aussi. Les gens qui aiment Otaku, qui aiment le jeu vidéo, se reconnaissent aussi là dedans. Il y a des gamins qui n'ont pas connu cette période là, mais qui la découvre comme un fan de cinéma découvre les films d'Hitchcock, ça fait partie de la base. Le 8-bits, le 16-bits, l'âge d'or du jeu vidéo, il y a plein de gens qui n'ont pas connu ça mais qui aujourd'hui le découvre par l'émulation ou par nos tee-shirts, même si je n'ai pas la prétention de dire que l'on permet aux gens de découvrir cette période là. Mais ils sont curieux, ils s'intéressent vachement. Donc ouais, c'est notre culture, on la revendique, on l'assume complètement. Et on n'est pas les seuls en plus à faire ça, et tant mieux.
Néluge : Donc ce n'est pas une marque de vêtements fait par des vieux cons, pour des vieux cons ?
Alex Nassar : Écoute, ça peut être une définition parmi d'autres. On fait aussi des designs qui traitent de jeux plus actuels, mais si ça ne tenait qu'à moi, je ne ferais que du retro-gaming. Il y a pleins de jeux très riche visuellement, je dénigre pas du tout ce qui se passe aujourd'hui, mais peut-être que j'aime entretenir ce coté nostalgique, pixels, 8-bits, 16-bits... Parce que c'est une époque où j'étais libre, je n'avais pas de problèmes de tunes, d'emploi du temps. Je n'avais pas de galères, j'étais chez moi, ma passion c'était les jeux vidéo, le peu de fric que j'avais passait là dedans. Je crois qu'on a tous envie d'avoir des moments comme ça, sauf que tu ne les vies qu'une fois. Je suis très heureux d'avoir eu cette période de ma vie avec la génération de l'âge d'or du jeu vidéo, c'était génial.
Néluge : Ça veut dire qu'aujourd'hui tu es nostalgique et que les jeux vidéo actuels ne te correspondent plus ?
Alex Nassar : Pas vraiment. Comme je disais, ça correspond à une période de ma vie absolument magique, parce que c'est l'insouciance la plus totale. Mais aujourd'hui, je joue très peu à des anciens jeux. Ma culture, elle est là. J'ai fini beaucoup de jeux. J'en ai fait énormément, sur ma PC Engine à l'époque, sur ma Super NES, sur toutes ces consoles là... Aujourd'hui quand je joue, ce sont sur des jeux modernes, récents. J'ai racheté Metal Gear sur le PSNquand il est sorti, le premier. J'ai joué une ou deux heures, et puis finalement je me suis dis à quoi bon... Je l'ai déjà fait en japonais, en 'ricain, en VF. Je connais, je vais pas le refaire aujourd'hui. Donc ce n'est pas que je regrette cette période là, c'est que c'est ma culture, c'est ancré en moi. Et bizarrement, j'ai une mémoire sélective, je me souviens de beaucoup plus de détails de jeux 8-bits ou 16-bits que de jeux récents. Tu me demandes de te dire le boss de fin d'Halo 3, ça n'a pas plus de trois ans, mais je suis incapable de te dire à quoi il ressemble.
Melkor : Parce qu'il est moisi...
Alex Nassar : Peut-être parce qu'il était nul, ouais. Les boss de fin des jeux d'époque, bizarre, mais c'est beaucoup plus concret. Je sais pas, c'est comme ça.
Melkor : Pour en revenir à Otaku, quel est l'avenir de la marque ? Une boutique en ligne peut-être ?
Néluge : En exclu, donne-nous la date !
Alex Nassar : Ah, la date... j'aimerais beaucoup vous la donner. A la base - je tiens d'ailleurs à m'excuser auprès de toutes les personnes qui attendent cette boutique en ligne, on a beaucoup de demandes sur Facebook - elle devait sortir en septembre. On a eu quelques galères techniques, mais on a failli la sortir à l'arrache puisque les gens la demandent. Mais on s'est dit que c'était pas sérieux. On ne peut pas proposer aux gens d'acheter sur un site qui ne tient pas la route. Perso, j'irai jamais acheter sur un site bancal. Les gens qui se font une image d'Otaku, si on leur sort un site tout pourri, on passe pour des branquignoles et ce n'est pas le but de la manœuvre. Donc tant pis, on préfère perdre de l'argent, il faut dire ce qui est. Comme je disais tout à l'heure, on n'a pas de pression par rapport à ça. On préfère attendre que le site soit bien fait, qu'il ressemble exactement à ce que l'on veut, et on le sortira, si Dieu veut, avant la fin de l'année.
Néluge : Une question à propos des créateurs. Est-ce que toi tu crées des vêtements ? Qui s'en occupe ? Est-ce que quelqu'un qui aurait une idée peut venir vous la soumettre ?
Alex Nassar : Alors je tiens à dire que je n'ai aucun talent. Je n'en ai jamais eu et je n'en n'aurai pas demain. La seule chose que j'ai fait, c'est de rencontrer les bonnes personnes au bon moment. J'ai eu beaucoup de chance pour faireOtaku. On a un graphiste principal, qui est très bon, et d'autres qui interviennent de façon plus épisodique, qui sont aussi très talentueux. Nous, avec mes associés, on a des idées et on essaie de les formuler le plus clairement possible. Les graphistes, qui sont des magiciens, en font quelque chose de concret que l'on imprime sur des vêtements.
Oui, on est ouvert aux propositions des gens. Moi, tous les graphistes que je rencontre, et il y en a beaucoup, je leur explique qu'on n'a pas de cahier des charges, pas de contraintes. Du moment que ce qu'ils font a un rapport avec le jeu vidéo, de près ou de loin, qu'ils nous fassent des propositions. Et bizarrement, il y a énormément de gens intéressés, et très peu qui reviennent vers nous... Donc s'il y en a qui m'entendent et qui veulent faire des propositions : [email protected].
Néluge : Tu parles de graphistes, cela veut dire que vous ne travaillez que sur les motifs ou aussi sur les coupes des vêtements ?
Alex Nassar : Non, on n'est pas des créateurs. On n'a vraiment pas la prétention de dire que l'on fera de la haute couture. Nous, on fait du streetwear, des vêtements que l'on porte tous les jours. Bon, les jeans, c'est un peu plus compliqué, il y a des grandes marques qui existent déjà et c'est difficile de les concurrencer. Et je vois pas l'intérêt de placer un champignon sur un jean... Par contre le tee-shirt, le sweat, bientôt les polos - on est en train de travailler dessus -, et les vestes assez basiques, c'est déjà super. Ce sont des coupes qui existent déjà. On n'a pas dessiné façon créateurs de vêtements avec des coupes complètement barrées, déstructurées... Non, non. On fait des tee-shirts basiques, droits. Si les gens veulent les porter serrés, il prennent du XS, ou de manière plus ample avec du L ou du XL. Je ne pense pas que l'on va se diriger vers de la création pure et dure de vêtements façon - je dis n'importe quoi - Saint Laurent. C'est pas notre sauce du tout.
Néluge : Pour en terminer sur Otaku, quelque chose à ajouter ?
Alex Nassar : Je tiens à remercier tous ceux qui nous font confiance, qui sont très nombreux à venir sur le stand pour nous dire que c'est bien ce que l'on fait. C'est marrant, ce sont des gens qui sont déjà venus à Japan Expo. C'était le premier salon que l'on avait fait, pour essayer, et ça s'est hyper bien passé. Et les gens reviennent aujourd'hui avec les tee-shirts qu'ils avaient achetés à l'époque. Ils disent que c'est génial, que ça ne bouge pas, que c'est de la bonne qualité, que les gens adorent et ils prennent d'autres tee-shirts. Et je tiens à prévenir les filles aussi. On a beaucoup de demandes de la part des filles qui veulent du Otaku, et des enfants aussi. On va donc faire des vêtements pour filles et enfants très prochainement. Donc soyez un peu patients, et juste merci.
Néluge : Parce que l'on a bien compris que le site est actuellement en chantier, mais aujourd'hui, quel est le moyen de distribution ?
Alex Nassar : On a 100 points de vente en France. C'est quelque chose qui n'est pas forcément évident, mais on a 100 magasins qui nous distribuent en France, notamment un à Paris qui s'appelle le Citadium, un très grand magasin de streetwear. Nos points de vente ne sont pas des magasins de jeux vidéo ou de produits dérivés. Ce sont des magasins de vêtements streetwear. Regardez sur le blog d'Otaku ou sur la page Facebook, vous trouverez tous les points de vente listés, il y en a forcément un près de chez vous. Et bientôt le site. On va devenir 2.0 !
Melkor : Est-ce qu'on peut s'attendre à voir des boutiques Otakucomplètes, ou ce n'est pas du tout à l'ordre du jour et ça ne sera jamais le cas ?
Alex Nassar : Je ne ferai pas de commentaire...
Néluge : Donc ça veut dire que c'est en projet quand même (rires).
Melkor : Pour parler du salon du Paris Games Week : tu es présent tous les jours, est-ce que tu as eu le temps de te balader, de voir quelques jeux, des exclus ? Et de nous donner tes impressions sur cette première édition d'un salon qui se veut énorme et qui veut s'imposer comme une référence en Europe.
Néluge : Sachant que tu y participes notamment en animant la scène principale.
Alex Nassar : Justement, je n'ai pas eu beaucoup de temps pour aller tâter les jeux, c'est assez frustrant d'ailleurs. Mais j'ai quand même pu voir pas mal de choses lors de la petite soirée du mardi, où il y avait moins de monde. Et j'ai pu essayer pour la première fois Kinect, c'est vous dire à quel point, malgré les occasions, je n'avais pas eu le temps de le faire. De façon générale, je trouve que c'est un très beau salon, au niveau de la qualité des stands. Il y a plein d'animations - ça gueule de partout - de la musique, des belles nanas. Les éditeurs se sont pris la tête pour proposer un truc joli. Visuellement, c'est intéressant. J'ai l'impression qu'il y a suffisamment de bornes pour que tout le monde, pour peu que l'on soit un peu patient, puisse essayer les jeux. Ça c'est bien. Dans le détail, je trouve ça un poil petit. Je m'attendais à ce que ce soit un peu plus grand. Il y a des gros éditeurs, donc ça c'est bien pour tous les blockbusters, mais ça ne laisse pas beaucoup de place à la surprise finalement, c'est un peu dommage. Mais je pense que c'est normal, c'est la première édition, les petits éditeurs n'ont pas les mêmes budgets que Sony,Microsoft, Nintendo... Donc ils ne vont pas se risquer sur un premier salon à mettre du fric pour avoir un stand. Parce qu'il faut le dire, ce n'est pas gratuit, on n'est pas là comme ça. Donc à mon avis, vu les retombées médiatiques pour cette première édition, ça grandira pour la deuxième, la troisième, et ainsi de suite. C'est le SELL qui est derrière, ils ont de gros partenaires. Je pense que c'est un salon qui a de l'avenir. Vraiment.
Néluge : Envie d'alimenter la polémique autour du Festival du Jeu Vidéoqui du coup se retrouve sans éditeurs...
Alex Nassar : Alors je ne te cache pas que je n'ai pas vraiment suivi la polémique, mais on n'est pas chez les Bisounours. C'est horrible, mais c'est la loi du plus fort. Le SELL, tu peux pas tester. Ils ont tous les éditeurs avec eux, beaucoup d'argent, une puissance médiatique incroyable... Comment tu veux lutter quand tu es indépendant et que tu veux faire ton petit salon ? Tu ne peux pas. Donc je suis désolé, le Festival du Jeu Vidéo c'était vraiment bien, ça m'a fait chier que ça s'arrête aussi, mais derrière ça doit continuer, t'es obligé. Ça m'emmerde vraiment pour eux, j'espère qu'ils réussiront à faire autre chose, d'une autre façon, il y a d'autres manières de parler du jeu vidéo. Japan Expo, ils sont là depuis très très longtemps, et même si il y a d'autres évènements qui se montent à côté, ils réussissent à revenir alors qu'ils avaient dû arrêter un moment. Donc c'est possible, si tu as la foi tu peux y arriver. Mais c'est vrai que le SELL c'est une machine de guerre. Quand tu vois la tête des stands, c'est très impressionnant. J'ai fais l'E3, plusieurs fois. On n'en est pas là, mais en terme de qualité de stand, on s'en rapproche tout doucement. Il manque les annonces quand même. Je pense que c'est un salon qui n'arrive pas à la bonne période finalement. Si c'était arrivé un peu plus tôt dans l'année, ou un peu plus tard après les fêtes... Là, les éditeurs, qu'est-ce qu'ils veulent ? Vendre leurs jeux de Noël. Donc ils montrent leurs jeux de fin d'année. Il n'y a que Nintendo qui montre le Zelda qui sort en 2011, mais il n'y a pas la 3DS. C'est dommage.
Melkor : J'allais justement te poser la question sur l'absence de la 3DS. Qu'est-ce que t'en penses ?
Alex Nassar : Je suis vachement étonné. Moi je suis avec ma meuf, qui est aussi sur le stand Otaku, et j'ai déjà essayé la 3DS. Je lui avais dit qu'il faudra qu'elle l'essaye, que c'est bluffant, le relief sans lunettes, tout ça... Je lui ai dit :"Tu l'essayeras au Paris Games Week". Premier jour, elle se pointe chezNintendo : pas de 3DS. Je ne sais pas pourquoi, peut-être qu'il n'y a pas assez d'exemplaires. Je me suis dis aussi qu'ils voulaient vraiment pousser leurs jeux de Noël, mais il y a le Zelda. Il y a une sorte de paradoxe. Je pense que c'est un problème bêtement matériel : il n'y a pas assez de bécanes disponibles, point à la ligne.
Néluge : Quelques questions sur tes activités autres qu'Otaku, notamment Game One. Beaucoup te connaissent à travers cette chaîne. Qu'est-ce que tu y fais aujourd'hui ?
Alex Nassar : J'y fais beaucoup de choses. Je suis producteur sur Game One, je fais beaucoup moins d'animation qu'avant. Animateur, ça n'a jamais été mon métier. Je n'ai jamais cherché à faire de l'animation. On m'a proposé un jour d'en faire, j'ai accepté parce que ça me fait marrer. Tant que je suis pas trop vieux et pas trop con, et qu'on me dit continue, j'en fais. Mais si ça s'arrête demain, ce n'est pas la fin du monde. Mais donc je suis producteur essentiellement. A la base je suis journaliste, donc j'essaye de garder un contact avec l'écriture. J'écris pas mal de reportages pour le JT, notamment sur le thème des nouvelles technologies. J'écris Play Hit, le classement des jeux vidéo selon GFK. C'est important, ça me permet de rester en contact avec ce qui se passe dans le business des jeux vidéo. Je produis Retro Game One avec Marcus, Funky Web avec Yannick, qui n'est pas devant la caméra mais qui est un excellent journaliste aussi. Enfin voilà, je fais beaucoup de choses sur Game One, quelques voix off par ci, par là. Tu sais, on est encore une petite chaîne malgré tout, donc on est tous multitâche. On fait beaucoup de choses.
Melkor : A propos de Game One, tu faisais une émission avant, Back in the Street je crois...
Alex Nassar : Ça s'appelait Next in the City.
Melkor : Ah oui, voilà. Pourquoi est-ce que ça s'est arrêté, c'était plutôt intéressant de parler du monde un peu underground...?
Alex Nassar : Ça s'appelait donc Next in the City, mais ça aurait pu être Back in the Street en effet. Finalement c'était une émission qui traitait assez peu des thématiques de Game One. La chaîne, c'est "génération digitale". Donc ce sont des nouvelles technologies, du jeu vidéo, du web... Finalement, Next in the Cityc'était deux pélos dans la rue qui parlaient musique, cinéma. Il n'y a pas plus low-tech...
Néluge : Mais tu es aussi producteur pour MTV ?
Alex Nassar : Pas producteur pour MTV, non. Je fais parfois des interviews pour MTV, ça m'arrive, mais mon véritable employeur c'est Game One, même si, ce n'est un secret pour personne, Game One appartient aujourd'hui à MTV. Donc je fais des petits extras pour MTV. Ils en font pour nous aussi de temps en temps. C'est normal, on est le même groupe, on s'entraide. Mais vraiment, mon job, mon gagne-pain, c'est sur Game One. L'émission (Next in the City) s'est arrêtée parce que ça faisait quatre ans qu'on la faisait, et je crois qu'à un moment les choses se fatiguent et s'usent. Je préfère que ça s'arrête en laissant une bonne impression plutôt que finir plus bas que terre comme certains programmes où on leur dit d'arrêter de tirer sur la corde. Ce n'est pas plus bête que ça. On l'a pas mal vécu du tout avec mon acolyte Fabien, que j'embrasse très fort au passage. Ça s'est arrêté comme ça avait commencé, et c'était très bien comme ça.
Néluge : Et pour Game One, de nouveaux projets en cours, de nouvelles choses dont tu peux parler ?
Alex Nassar : Je ne sais pas si je peux le dire... Allez : on a racheté les droits de Dragon Ball Z. C'est un truc qui est assez énorme. Sinon, en terme d'émissions, là je ne peux pas en parler, ça remettrait en cause plein de choses. Mais bien sûr on a des projets, tu ne peux pas t'endormir. La télé, c'est un média qui va tellement vite. Il y a des gens sur le web qui sont beaucoup plus rapides que nous, qui font des choses de manière beaucoup plus réactive, c'est bien normal. Donc on ne prétend pas concurrencer le web, on essaye d'être un média qui vient se positionner entre le web et la presse papier plus classique. Moi je sais que je regarde très peu la télé depuis que le web a explosé. On essaye de trouver un positionnement, provoquer l'intérêt des gens pour qu'ils puissent trouver des choses sur Game One qu'il n'y a pas dans la presse ou sur le net. Donc on a des projets, mais tout est une question de temps et d'argent, c'est comme tout, et on va essayer de les mener à terme.
Néluge : D'autant que vous avez une saine concurrence depuis quelques années maintenant.
Alex Nassar : Tu parles de Nolife ?
Néluge : Oui.
Alex Nassar : Nolife, on est très fier qu'elle se soit montée puisque la plupart des fondateurs sont des dissidents de Game One, des mecs avec qui j'ai bossé pendant des années, notamment Alex Pilot, que j'embrasse fort aussi. On leur souhaite vraiment beaucoup de réussite. On n'a aucune aigreur par rapport à ça, et on aimerait bien, même, qu'ils viennent nous titiller un peu. Aujourd'hui on a une position parce qu'on est distribué sur plein de réseaux, ce qui n'est pas le cas de Nolife, on a une régie pub qui marche très bien, ce qui n'est pas forcément le cas de Nolife. On espère que dans quelques années on se tirera le bourre comme des dingues, que ce sera vraiment la guerre, et qu'on se crachera dessus l'un et l'autre. Ça voudra dire qu'on aura réussi et eux aussi, c'est tout le mal que je leur souhaite. Sincèrement.
Néluge : Sinon, je suis assez étonné de ne pas te voir avec un quelconque appareil pour tweeter que tu es actuellement en interview. Parce que je suis ton Twitter, et c'est sans arrêt que tu envoies des messages... Tu es très friand de ce genre d'outils ? Un vrai geek ?
Alex Nassar : Alors c'est Twitter surtout. J'ai jamais aimé Facebook, je ne sais pas pourquoi. Je venais de Myspace moi. Donc du coup je m'étais mis à apprendre le html pour faire des backgrounds et autres... Ce qui ne sert à rien au final. Et j'arrive sur Facebook : pas de musique, l'interface est la même pour tout le monde. Merde, c'est quoi ce truc ? J'ai pas trouvé ça forcément très cool. Et puis Twitter est arrivé. Et pour l'anecdote, je me suis retrouvé un mois chez moi il y a un peu plus d'un an à l'occasion d'un heureux événement, et du coup j'avais du temps, et j'ai commencer à tweeter. Et les followers ont commencé à débarquer. Et j'ai commencé à suivre des gens. Et tu commences à rencontrer des mecs comme ça, et à lier connaissance. Et je suis tombé accroc : je crois que j'ai dépassé les 16000 ou 17000 tweets en un an d'utilisation... Ça rend ouf. Mais je ne sais pas si c'est bien de faire ça tu sais. Je me livre peut-être un peu trop sur ce truc là. J'ai toujours eu du mal à m'imaginer que j'étais un personnage public pour certains. Pour moi il n'y a que ma mère et mes potes qui me voient à la télé, mais en fait il y a d'autres gens, et ils viennent me suivre sur Twitter. Mais moi je raconte ma vie sur Twitter, tout et n'importe quoi. Des fois je fais des commentaires sur des gens dans le métro. T'imagines si un jour je chambre un mec qui est aussi dans le métro et qu'il suit mon Twitter... Il va me défoncer la tête. Bref, il faut que je me calme un peu sur Twitter, mais j'adore ce truc.
Néluge : Tu disais "personnage public" - entre guillemets - mais justement, tu n'es pas tout seul sur Otaku. Tu veux peut-être citer ceux qui travaillent avec toi ? Parce que les gens viennent peut-être aussi trop vers le stand pour voir Alex Nassar...
Alex Nassar : On en joue de ça, je ne vais pas te mentir. Moi j'ai donné aussi pas mal d'Otaku aux animateurs de Game One, à Marcus sur Nolife, Julien Chieze sur GameBlog. Que des potes que je connais depuis très longtemps et qui jouent le jeu avec moi. Donc ça fait partie du truc. Quand tu as la chance de travailler sur un média qui a de la visibilité, et qu'en plus de ça tu as un projet parallèle, ça t'ouvre des opportunités de dingue. Twitter aussi est très très fort pour ça. Mais encore une fois, je n'ai rien fait sur Otaku ou presque. Il y a Julienet un autre Alex avec qui je travaille depuis le début. Ma femme aussi qui participe au projet, qui est sur le stand. Aurélie, la femme de l'un des mes associés. On a un graphiste, David, qui n'est même pas sur Paris. On a des agents partout en France. Donc ouais, c'est un vrai boulot d'équipe, même si c'est moi en général que l'on vient voir à cause du côté "il travaille à la télé, il est sur la scène du Paris Games Week". Donc forcément c'est moi que l'on vient interviewer. En plus mes associés n'aiment pas forcément l'exposition, ce sont des mecs très discrets, donc ils me disent d'y aller. Moi ça me va, comme tu peux le voir si tu me demandes de parler, je vais parler, ça peut durer une heure avec moi. Ça ne me dérange pas, et eux ils font leurs métiers extrêmement bien. Tout le monde à des qualités et des défauts, on essaye de mettre en avant les qualités de chacun. On a des compétences différentes et on les met en commun, ça fait un beau projet et on se marre bien.
LiveGen : Merci beaucoup.
Alex Nassar : Merci à vous de m'avoir donner la parole. Merci de m'avoir accueilli.