La France serait-elle devenue un état policier ? On peut aisément se poser la question quand la réalité dépasse la friction. Prenons au hasard une ville, Bobigny, son tribunal peu banal, un magistrat jusqu’alors inconnu des services de police, une phrase choc, vous savez « le poids des mots, le choc des photos », des syndicats de poulagas le couteau entre les dents, et le meilleur pour la fin, une garde des sceaux dans son bac à sable qui, a sa seule vue, te donnerait des envies de faire 48 heures de garde à vue sans motif apparent.
Cette miction impossible a pris des airs de police académie au cours du réquisitoire de monsieur Le Milon à l’encontre des sept nains de la police, poursuivis pour avoir accusé à tort un homme. Ce substitut a donc tiré le gros lot, l’euro Milon en quelque sorte, puisque dans sa recherche de vérité et surtout de la dire, il a osé affirmer que les méthodes employées, par nos sept mercenaires nationaux, étaient comparables à celles de la Gestapo.
Que n’avait-il point dit ce brave homme, traiter nos fonctionnaires méritants de besogneux Teutons. Manquerait plus que l’état français soit accusé de pratiquer des rafles sur les Roms pour satisfaire un fils d’immigré arrivé au pouvoir, pure fiction je vous l’accorde !
Il n’empêche, on ne badine pas avec l’amour et encore moins avec la police nationale, garante de la sécurité pour tous et soucieuse du respect d’autrui… et mon cul c’est des poulets assurément ! Ce pauvre magistrat venait de se faire flasher pour conduite dangereuse et dépassement de la ligne blanche, il devait être en état d’ébriété pour oser parler de Gestapo quand nos vertueux condés n’aspiraient qu’à une simple collaboration musclée avec le lascar qu’ils poursuivaient.
Aussitôt dit, aussitôt défait. La chasse à l’homme est lancée. La proie semble toute désignée, sera-t-elle résignée pour autant… L’administration s’organise, mise en place du plan épervier et déclenchement d’Arlette enlèvement au cas où Chabot déciderait de nous faire un « à vous de juger » spécial puérils en la demeure !
En France on ne touche plus à la police désormais, décrétée cause nationale par l’inspecteur gadgets de l’Elysée. Depuis que Sarkozy est au pouvoir, dire merci à un flic qui te met une prune risque d’être pris pour insulte à force de l’ordre. Le tollé adore les mises à mort, alors Michèle Alliot-Marie enfile son habit de lumière et balance son glaive vengeur. Suite à l’indignation des syndicats de policiers, l’immaculée Alliot-Marie décide donc d’éteindre rapidement l’incendie, et l’incident, en ordonnant une enquête administrative, et pourquoi pas préliminaire !!??!!, tout simplement parce que les préliminaires avec cette dame te donnent des envies d’éjaculation précoce pour que cela dure le moins longtemps possible, ne jamais abuser des bonnes choses, telle et ma devise en l’occurrence.Faut dire que ce procès n’a rien de banalisé, dans le box nos sept comparses donc, et dans l’assemblée une cohorte de poulets élevés en batterie, je présume, qui donnent de la voix, vox populiste, vox dei ! On connaissait le syndicat du crime, le Milon venait de faire connaissance avec les syndicats qui s’escriment à gueuler leur indignation. On attend avec gourmandise les chiffres de la préfecture de police pour connaître le décompte exact des outragés nationaux présents lors de cette manifestation de mécontentement.
Finalement, la justice a le droit de fermer sa gueule quand cela dérange les canidés de la République, par contre, elle se fend de conclusions farfelues lorsqu’il s’agit de balayer des accusations gênantes à l’encontre d’un ministre ou d’une vieille déglinguée du carafon. Que le principal syndicat de magistrats, l’USM, dénonce ces pratiques douteuses et disproportionnées dans la gestion de cette affaire, qu’il trouve déplorable qu’on engage une procédure pré-disciplinaire à l’encontre d’un magistrat parce que des policiers font la tronche, ne changera rien à la façon dont ladite justice est rendue dans notre beau pays. Mais il est certain que porter une étoile de shérif confère certains avantages non négligeables quant à un éventuel soutien étatique.
La République a beau blanchir ses ouailles policières, elle aura toujours les mains sales !