Roman (??) - Editions Flammarion - 170 pages - 15 €
Parution Septembre 2010
Rentrée littéraire 2010
Résumé : L'auteur est hospitalisé, hépatite C. Le corps et l'esprit malmenés, il décide d'ouvrir les portes de son imaginaire. Il rencontre un mystérieux Grand Singe, remonte le cours de sa mémoire, revoit son enfance, sa mère, ses voyages en Afrique, le souvenir chaleureux des amis disparus comme le peintre et cinéaste Charles Matton ou Philippe Léotard...
Tentateur ! L'auteur lui même, un passage TV et Gilles Paris
Fournisseur : Gilles Paris et Flammarion, merci pour l'envoi
Mon humble avis : Bohringber, c'est une voix, un coeur grand comme ça, une gueule, (souvent grande), et un style : écorché vif, en colère et plein d'émotions. Bohringer est un cabossé de la vie et il écrit pour ses compagnons de la cabosse. Et pour ça, il pioche dans sa caboche des mots, des phrases, des souvenirs, des images. C'est curieux, en lisant ce livre, je me suis dit : je suis sûre que Bohringer est un bon photographe, qu'il sait capter l'essentiel d'un tout et l'immense de l'infiniment petit et tout remettre à la dimension du coeur, de l'esprit et de l'émotionnel de son lecteur. Il n'y a que Bohringer pour transformer un lit d'hôpital en voilier ! La marée, c'est la fièvre. Elle monte, elle descend. Y'a des courants aussi, le moral qui est bon ou pas. Et bien sûr, pour gonfler la voile, il faut du vent. Le vent, c'est l'envie et les autres, l'infirmière, le docteur. Et Richard Bohringer nous embarque sur son bateau. On part pour un voyage dans les souvenirs, dans les joies, les ratés, les fiertés, les peines, la douleur, la souffrance, l'urgence d'écrire, les adieux, l'imaginaire. On rencontre des gens aussi : sa mère, sa grand mère, son compagnon de chambré Petit Louis, et tous les potes qui ne sont plus là... On va en Colombie et l'on revient au Portugal, mais l'Afrique n'est jamais loin. On se rappelle, on regrette, on espère. On ne cache rien, ni l'alcool ni la came et leurs brûlures. On maudit les pilules qui volent la vie. On constate ce que l'on est et ce que l'on n'est pas devenu, ce que l'on sait écrire et ce que l'on ne sait pas. Et puis, l'ombre du Grand Singe plane toujours.... On est toujours en bateau. On suit la plume et l'âme qui la guide. On monte très haut au pays des rêves, on descend très bas dans la souffrance innommable, parce que c'est ainsi. Parfois, on lâche aussi, parce que la fièvre de l'auteur est trop forte et que cette phrase, et bien, elle nous échappe. Peut-être pas écrite pour nous, mais pour l'autre, qui délire plus, et qui la saisira.
L'écriture est d'une force incroyable. Autant de sensibilité, cela ébranle. L'émotion est portée par une poésie très soignée, une maîtrise de la métaphore et l'instant d'après par quelques mots ou situations crus. Bohringer, son détour, sa promenade, c'est la poésie. Le reste, c'est direct. Ca plaît ou ça déplaît. Moi, ça m'a beaucoup plus, je n'ai pas lâché mon crayon pour faire mes croix dans la marge. Faut dire, je suis sur le même bateau que l'auteur depuis un petit moment. Ces pensées, ce vécu, ça me connaît et c'est bien de savoir que l'on est pas seul. Je ne saurais pas les écrire, mais les mots, à fleur de peau, de Bohringer, je les ai lu, je les ai écouté, je les ai laissé entrer. J'avoue, j'ai un terrain prédisposé et j'ai toujours aimé le bonhomme. A vous de voir. Y'avait Gainsbourg et Gainsbarre, Renaud et Mister Renard... Il y a Richard et Bohringer. Un style unique, que l'on ne retrouve chez personne.
"Je devrais haïr l'écriture qui m'a rendu quêteur, inventeur de nouvelle vie."
"Nous sommes des failles petites ou grandes. Toutes et tous ! C'est le courage qui fait la différence. Il ne faut pas lui couper les ailes ! Je vous le dis à vous aussi cher lecteur, lectrice. Rien n'est facile un jour ou l'autre pour personne. Et des milliers de pages ne suffiraient pas à décrire le tourment. La terre tremble et engloutit par centaines de milliers d'humains. Il faut alors pousser des fleurs sur sa merde . Entr'ouvrir la fenêtre.... Y'en a marre de ce mauvais temps ! Faut me remettre de la peinture aux ailes."
L'avis d'Yv et de Catherine
Defis 2% de la rentrée littéraire : 12/14