Vous êtes-vous déjà demandé comment naissent nos précieuses révélations? D’où viennent nos mystérieuses illuminations? Alors que certains audacieux rêvaient d’escalader l’Everest, de conquérir la planète ou de dominer le net, ma quête visait un sommet d’une autre substance. L’ouverture de la conscience.
Pourquoi jusque-là, je ne comprenais rien du tout. Et tout à coup, je comprenais tout? Qu’est-ce qui permettait cette miraculeuse opération de mon esprit?
La réponse me vint d’une sœur d’âme. Elle venait de perdre sa meilleure amie. La complice avec qui, toute sa vie, elle avait tant ri. Après le décès, sa réaction me surprenait. Celle qui affichait ses émotions se maquillait désormais de béton.
Attention! Sous ses yeux hagards, je remarquai que grossissaient des poches. Lors d’un souper chez moi, elle m’avoua enfin son embarras. Elle se disait gênée par leur taille démesurée. Je soupçonnais une autre énormité.
La voix affaiblie par la peine, elle me demanda si je savais comment éliminer ces valises si vilaines. Comme elle me faisait confiance, j’allai droit à la confidence.
As-tu beaucoup pleuré depuis que ta meilleure amie t’a quittée? Je vis la marée monter dans ses yeux blessés. Non… Et qu’est-ce qui te retient? J’ai peur de ne plus pouvoir m’arrêter? Ne crains rien. Tu vas t’arrêter, c’est certain.
Ces valises contiennent toutes les larmes que tu n’as pas encore versées. Il se trouve en toi plusieurs réservoirs qui accumulent tes larmes. Avec ce choc, les barrages ont sauté et libéré un raz-de-marée. C’est épeurant. Pour l’instant.
Ne t’inquiète pas. Quand tes réservoirs seront vides, tu cesseras de pleurer.
Un collègue me dit un jour : Vous souriez bien, mademoiselle! Quel est votre secret? Je lui répondis, coquine : Je souris bien parce que je pleure bien!
Ses épaules s’affaissèrent. Je la serrai dans mes bras. Quelques larmes coulèrent sur ses joues. Par petites vagues, d’abord. Puis, par soubresauts. Et enfin, par grandes secousses. Sa mousson d’été dura trois mois.
D’un sourire rayonnant, elle me montra l’absence de proéminences sous ses yeux pétillants. Et sa joie de sentir en permanence la présence de son amie. Sa conscience s’ouvrit comme une fleur, maintenant que sa tête côtoyait son cœur.
L’arc-en-ciel de nos révélations naît du mélange parfait de la pluie de nos larmes et du soleil de nos rires.
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