Dans le Monde d'hier, J. Attali, grand gourou de notre temps, nous explique que "nous sommes même le seul pays osant se dire puissance mondiale dont la capitale ne soit pas un port".
Il y a là des relents d'un ébat géopolitique fort ancien, entre puissance terrestre contre puissance maritime, initié notamment par les Anglo-Saxons (Mc Kinder, Mahan) mais aussi par un théoricien allemand (Carl Schmitt).
Il reste que ce débat est assez stérile, y compris dans son acception moderne (la mondialisation est maritime) qui est une sorte de Fukuyamisme (?) vaguement stratégique. Bref, on pourrait voir là les lubies de J. Attali, mondialisant et toujours un peu fasciné par les Américains.
Il reste que ce monsieur dit des bêtises. La capitale américaine, Washington, n'a pas la réputation d'être un grand port. Londres, bien sûr (quoiqu'au bout de la Tamise). Mais qui dira que Moscou, que Berlin, que Rome, que Vienne, que Toronto, que Dehli soient des ports. Pékin ? mais ce n'est pas sa fonction portuaire qui en fait la dimension capitale (à ce titre là, Canton et Shanghai paraissent mieux armées). Bon, j'admets São Paulo. Ah! oui, c'est vrai, la capitale, c'est Brasília.... et en plus, São Paulo n'est pas un port (voir ici)
Alors? alors, M. Attali confond la nécessité d'être une puissance littorale à la nécessité que sa capitale soit portuaire. Et ce n'est pas parce qu'il écrit dans le Monde et qu'il a du succès qu'il a forcément raison. Charles, toi qui le connais, offre lui un atlas......
Réf :
- voir ce billet sur les enclaves.
- billets sur des articles idiots parus , notamment à propos de la guerre en Afghanistan, dans le Monde : ici et ici ou dans le Figaro ici.
O. Kempf