The night sets softly
With the hush of falling leaves,
Casting shivering shadows
On the houses through the trees,
And the light from a street lamp
Paints a pattern on my wall,
Like the pieces of a puzzle
Or a child's uneven scrawl
[...]
Un texte troublant, presque dérangeant, de Paul Simon, évoquant le peu de contrôle que nous pouvons avoir sur le déroulement de notre vie. Il ne s'agit pas d'une vision simpliste ou fataliste du " destin ", mais des " ingrédients " dont nous sommes faits et du contexte dans lequel nous évoluons. Paul Simon compare la voie que nous suivons au labyrinthe dans lequel on fait courir les rats (pour l'étude de l'apprentissage, de la mémoire, et du conditionnement). Nos désirs, nos peurs, nos réactions, sont prévisibles et, s'il nous arrive de corriger notre comportement, c'est, comme le rat de laboratoire, par " conditionnement négatif ", lorsque la même erreur nous a, plusieurs fois, confrontés à la même sanction. Des choix libres et conscients nous sont possibles, certes, lorsque par exemple, au restaurant, nous avons à choisir entre dessert et fromage... mais cela ne va pas beaucoup plus loin. Oscar Wilde disait " Je peux résister à tout... sauf à la tentation ", et la vertu n'est parfois que l'issue d'une confrontation entre peur et désir, lorsque la première l'emporte ou que le second s'estompe. Bien souvent, le nombre et la complexité des influences plus ou moins contradictoires qui s'exercent sur nous peut faire passer l'imprévisible pour l'expression d'une liberté quand il ne s'agit que d'un " chaos déterministe ". Certains en sont arrivés à se donner pour but une forme de sérénité obtenue par l'abrogation des désirs. Ceux-ci sont pourtant le principal moteur de nos actions - les meilleures comme les pires. Rechercher le bonheur, c'est accepter la possibilité de la souffrance. Renoncer à l'un par peur de l'autre est une façon de se retirer de la vie. Courir dans le labyrinthe n'est pas vraiment la solution. Que faire ? Il n'y a pas de solution - miracle... mais quand le rat parvient à sortir du labyrinthe, c'est que sa mémoire lui a permis de reconnaître les voies qu'il a déjà parcourues, et de leur préférer les autres pour courir vers de nouvelles erreurs - et une issue.
Quand la nuit tombante
Sans bruit comme une feuille morte
Projette l'ombre tremblante
Des grands arbres sur ma porte
La lumière d'un lampadaire
Trace un schéma au mur blanc
Comme un puzzle de mystère
Ou l' gribouillis d'un enfant
En haut d'un p'tit escalier
Dans ma chambre minuscule
Je gis sur mon lit, et
A la lueur du crépuscule
Sur le mur blanc s'inscrit
Ce que mon regard suit :
Le schéma de ma vie
Et le puzzle que je suis
Je dois, dès que je suis né
Jusqu'au jour où je mourrai
Sur ce schéma cheminer
Comme je dois respirer
Comme le dédale du rat
Ma voie est devant moi
Et le schéma ne changera
Qu'à la mort du rat
Dans l'ombre qui s'épaissit
Le schéma que je dois suivre
Reste et c'est très bien ainsi
Car dans l'ombre je dois vivre
Comme la couleur de ma peau
Ou le jour de mon trépas
Ma vie est faite de schémas
Que je ne contrôle pas
(Traduction - Adaptation :Polyphrène)
PS : Je me suis heurté à de grandes difficultés pour traduire cette chanson. " Schéma " n'est pas la meilleur traduction de " Pattern " mais, outre les contraintes de la rime, j'ai préféré éviter d'autres termes (comme " Patron ") dont les connotations sont différentes. Il faut comprendre ici " Schéma " comme une série de cheminements prédéterminés, et souvent répétitifs.