Par Jean-Pierre Galvan
Malgré la remarquable biographie que lui a consacrée Jean-Louis Bory en 1962, Eugène Sue demeure encore pour beaucoup un personnage ambigu.
Il est vrai que, n'ayant laissé ni "Mémoires" ni "Souvenirs", l'auteur des Mystères de Paris est toujours resté discret sur sa personne. Malgré son titre : Une page de l'histoire de mes livre, n'est ni un ouvrage d'histoire littéraire ni un livre de confidences, seulement un plaidoyer politique en faveur de son amie Marie de Solms. D'une modestie profonde, Eugène Sue s'effaçait devant ses oeuvres, reconnaissant volontiers souvent de façon excessive, leur peu de mérite littéraire. Ainsi à de rares exceptions près, il opposait un silence indifférent aux calomnies ou contre-vérités dont il était fréquemment la cible. Devenu une légende de son vivant, il fut cependant très tôt victime des enthousiasmes et des haines que ses succès suscitaient.
Son évolution morale et politique a largement contribué à alimenter l'ambiguité qui pesa sur lui au lendemain de la publication des Mystères de Paris et qui subsiste encore aujourd'hui encore. Passé d'une sensibilité de droite à un engagement à gauche et même à l'extrême gauche, Eugène Sue a été et continue d'être suspect aux uns comme aux autres. Les calomnies d'un Eugène de Mirecourt autant que les témoignages sympathiques mais souvent fantaisistes d'Ernest Legouvé ou de Félix Pyat ont contribué à forger sur lui une image contradictoire. Exploiteur de la misère pour les uns, défenseur des déshérités et ferment de la Révolution de 1848 pour les autres, ces prises de position ont rarement été débattues de façon convaincante faute d'arguments probants. L'oeuvre elle-même en a été brouillée. Ainsi la genèse des Mystères de Paris a donné naissance à des légendes qui perdurent.
C'est en partie pour éclaircir cette image brouillée d'Eugène Sue mais aussi pour fournir au curieux comme au chercheur une matière sûre et exempte de parti pris, pour mettre enfin les légendes à l'épreuve des documents que nous avons entrepris de réunir la correspondance d'Eugène Sue..
Commencée à la fin des années 1970, cette entreprise touche à présent à son terme. Le premier volume de la Correspondance générale d'Eugène Sue, vient de paraitre chez l'éditeur Honoré Champion.
Ce premier tome couvre la période 1825-1840 et s'achève au moment où commence à paraître Mathilde dans La Presse. Premier succès du roman publié en feuilleton, Mathilde par ses prolongements imprévus, marque le passage du feuilleton-roman au roman-feuilleton et ouvre la porte aux Mystères de Paris.
L'édition complète comprendra quatre tomes. Le second regroupera les lettres écrites et reçues durant les années 1841-1845. Le troisième celles concernant la période 1846-1850 et le dernier celles des années 1851-1857.
De nombreuses lettres restent à retrouver, certaines ont laissé des traces dans des catalogues de libraires ou de ventes publiques, d'autres sont conservées dans des collections ou archives particulières. Nous ne desespérons pas de voir un jour prochain ressurgir certains de ces documents et compléter notre édition par un volume de supplément.
Jean-Pierre Galvan
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N° ISBN est 978-2-7453-2104-6. Le prix de vente : 145 € TTC. Pour contacter Jean-Pierre Galvan : [email protected] Blog : http://eugene-sue.sosblog.fr/Eugene-Sue-b1.htmAutres ouvrages de Jean-Pierre Galvan :
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