Pour le moment, tout va bien. Enfin, non. Tout ne va pas bien, mais du point de vue de ceux qui nous gouvernent, si les froncements de sourcils sont de sortie et si les mines graves ont été vissées sur des visages naturellement fatigués par les efforts prolongés de réunions tenues nuitamment en d’accortes compagnies, il n’en reste pas moins que les huissiers en livrée continuent de servir de roboratives collations et un café tout ce qu’il a de plus buvable. Ce n’est donc pas encore la panique, non non, je vous l’assure.
Cependant, ceux qui nous gouvernent savent pertinemment qu’il n’en faudrait pas beaucoup pour que, justement, la panique s’installe.
Une pénurie de carburant qui dure trop lontemps, et cela pourrait être la catastrophe. Un « déblocage » d’université qui tourne mal, un blessé grave de trop, voire un mort, et la situation pourrait devenir incontrôlable.
Alors que se dessine un non-remaniement retentissant d’immobilisme, et que les attentions sont tournées sur des contrats chinois qui vont encore nous coûter un ou deux ponts, ce n’est pas réellement la stricte position comptable des déficits gouvernementaux qui préoccupe celui qui est encore à l’Intérieur : tout le monde sait que la France chie de la dette par tous ses pores depuis des années, qu’elle est passée en mode diarrhée depuis 2009 et que ses boyaux, lourdement chargés de revendications corporatistes, de syndicalisme et de petits avantages empilés sur les 30 dernières années, sont encore suffisamment pleins pour que la tourista s’éternise.
En revanche, les frémissements d’agitation font longuement réfléchir les « élites » qui nous gouvernent.
Pour le moment, et comme dans tous les cas où les ültra-kommunistes commencent à s’agiter, ce sont des innocents qui trinquent, des lampistes, des sans-grades. Cette foule là, prévisible, est bête, manipulable et manipulée, et dézinguer des employés de banque est tout juste à sa portée. Oh oui, ils rêvent – méprisables bêtassous vindicatifs auxquels une cible doit être fournie pour ne pas les faire s’ennuyer – de fumées noires dans des agences bancaires, de petits comptables anonymes pendus hauts et courts parce qu’eux savent lire et écrire. Les Grecs leur ont montré la voie, en quelque sorte.
Mais pour les politiciens, s’ils sont bien un peu dangereux, ils sont aussi parfaitement maîtrisables. Pour ceux-là, la police sera amplement suffisante.
En réalité, ce qui fait probablement un peu moins bien dormir Nicolas ou Brice, ce sont justement les autres, ceux qui ne font pas, d’habitude, de politique, d’opération « Cramons une femme enceinte dans une banque« . Ceux-là ne sont pas quantifiables, moins facilement manipulables, et surtout… surtout, on ne sait pas à quel point ils sont préparés à ce qui pourrait bien arriver.
Car en réalité, la situation peut fort bien ne pas dégénérer : quelques mauvais jours à douter, l’euro qui flotte, et, finalement, retour à la normale, un peu tendus mais vivants, et quelques réformettes plus tard, tout le monde est content. On éteint l’incendie avec de l’inflation, 10 ou 20% par an, dans la bonne humeur, et ouf, on n’est pas passé loin mais voilà voilà, et reprenez donc un peu de champagne.
Mais si ça part en sucette, dans le cas pire, on se retrouve avec des émeutes. Les petites échauffourées d’octobre donnent un aperçu bref de ce que ça peut donner, tout comme les mouvements crispés en Grèce illustrent ce qu’un micro-plan d’austérité peut donner : même avec, tout le monde le sait, la Grèce continue d’emprunter (moins, mais toujours). Avec une telle « austérité », on gagne deux, trois ans maximum. Et les 110 milliards, il faudra aussi les rembourser. En plus des 300 déjà dus.
Maintenant, la France, c’est cinq fois ces montants. C’est cinq fois cette population. Et il n’y aura aucun plan derrière pour la sauver : on est en bout de chaîne. Ce sera donc au moins cinq fois plus « festif ».
Dès lors, on comprend très bien que si une population doit être couvée comme le lait sur le feu, c’est bien celle de France. D’autant qu’historiquement, on a déjà vu ce que ça donnait. Et il n’y avait pas de banlieues chaudes à l’époque. Il n’y avait pas non plus de trafic d’armes.
Et d’ailleurs, c’est justement très gênant, toutes ces armes qui traînent en France. Il y a deux cents ans, les gueux n’étaient guère armés. De nos jours, au contraire …
Alors, comme dans toute bonne dictature en devenir, lorsqu’on sent qu’il y a un réel risque que la poudre finisse par parler, on étudie sérieusement une interdiction quasi-complète des armes.
Evidemment, Brice va habilement camoufler sa proposition dans les froufrous joyeux de la rhétorique politicienne, et déclarer nécessaire la réécriture de la loi parce que celle qui existe est «À la fois inefficace pour lutter contre les délinquants et trop tatillonne avec les honnêtes gens».
Ben voyons…
Moyennant quoi, on va laisser certaines définitions clés au bon soin de certains décrets à venir (joie de la latitude laissée aux bureaucrates de l’administration), et on va ajouter la «mesure de saisie administrative pour motif d’ordre public» de toutes les armes pour compenser toutes les magnifiques libertés qu’on offre avec ce nouveau texte de loi.
…
Ah tiens, non, il n’y a pas de nouvelles libertés.
Et comme par hasard, la proposition de loi est suivie à la culotte par Bruno Le Roux, abrutissime socialoïde de gauche qui avait fait, on s’en souvient, une précédente proposition de loi visant à interdire purement et simplement toutes les armes.
En fait, tout se passe comme si on préférait de loin les gens armés de leur seul civisme que d’une arme et de la nécessaire formation qui l’accompagne. Et quand on se fait détrousser dans un RER, heureusement, on a son gros civisme à carrer dans la gueule d’un loulou pour lui faire comprendre qu’il a dépassé les bornes des limites, le petit filou. C’est évident.
En réalité, le sens de ces mesures de « réécriture » devient limpide quand on comprend que Brice et les autres préfèrent énormément que les armes soient détenues par l’état (qu’ils incarnent justement – oh, comme ça tombe bien !) que par des civils. Quand « on » en a autour de soi armés, « on » est en insécurité.
Eh oui : ils ne se sentent pas à l’aise sachant qu’un jour, ils pourraient se retrouver du côté business d’un flingue pour les prestigieuses fonctions qu’ils ont occupé, sous les ors de la République…
Il n’est absolument pas étonnant que ce genre de lois et amendements germent dans ce genre de personnes (des socialistes officiels ou honteux), et à ce genre de moment (où l’on sent que l’Etat tel qu’il existe risque fort de se voir remis en cause à la moindre incartade économique) : l’acquisition et la détention d’armes à feu y sont présentés non comme un droit, mais comme un privilège.
Eh oui : se protéger n’est plus un droit. C’est un privilège, bande de truffes.
On observe ici exactement la même façon de procéder que lorsque les socialistes de droite et de gauche organisent depuis quelques années la mise en coupe réglée d’internet, vecteur d’une liberté de parole fort gênante pour les politiciens : rien de tel qu’être confronté à ses propres turpitudes rendues publiques, ses propres paroles contradictoires tenues jadis, ou à des vidéos qui diffusent rapidement des contenus explosifs.
Pour un politicien, c’est un trou énorme dans son besoin inextinguible de contrôle.
Et pour les armes, c’est exactement le même syndrome : pourquoi s’inquiètent-ils maintenant de ce genre de « problèmes » d’armes (au passage, les piscines font plus de morts que les armes à feu en France – doit-on les bannir ?) si ce n’est pour exactement la même raison que pour internet ?
Avec, d’ailleurs, les mêmes ressorts, et les mêmes visées taxatoires supplémentaires : on est ici dans un cas d’école de lobbyisme (de la Fédération Française de Tir) visant, ni plus ni moins, à interdire tout ce qui ressemble de près ou de loin à une arme en France, imposant le passage par une formation (dispensée par, devinez qui, la FFT) si jamais le citoyen voulait avoir l’idée saugrenue d’aller quand même au bout de sa ridicule démarche à vouloir exercer sa légitime défense.
Maintenant est venu, semble-t-il, le temps d’enlever au citoyen un de ces pénibles moyens qui lui sont fournis de s’affranchir du joug des imbéciles et des parasites qui occupent les hautes fonctions de l’état, quand ceux-ci vont trop loin une fois de trop…
On les comprend.
On comprend aussi pourquoi le 7ème arrondissement de Paris a la plus grande densité de gendarmes et policiers de tout le territoire (plus qu’en Corée du Nord, par exemple).
On comprend, mais doit-on trouver ça normal ?
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Si vous ne considérez pas, vous non plus, que se protéger est un privilège, jetez un oeil sur ceci.