Si proches, si loins

Cet après-midi à Twickenham, le XV d'Angleterre a échoué aux portes de l'exploit face à la nouvelle-Zélande. Malgré un public qui a poussé derrière les hommes de Martin Johnson jusqu'à l'ultime action qui aurait pu leur permettre de mourrir à 3 points des Blacks, malgré une féroce envie de faire chuter les favoris de la prochaine Coupe du Monde, ces derniers sont repartis avec une neuvième victoire de rangs dans leurs confrontations directes avec les sujets de Sa très gracieuse Majesté.

Que ce match fut plaisant ! Pourtant, il fut loin d'offrir un niveau d'exécution parfait, de part et d'autre. Des erreurs de main ou, plus souvent, de discernement, ont souvent conduit à des turn-overs dans une rencontre où l'on a beaucoup joué à la main. On a d'ailleurs cru, en première mi-temps, que les Anglais s'asphyxiraient à vouloir systématiquement porter la balle, y compris près de leur en-but. D'ailleurs, les All Blacks, faisant preuve de leur réalisme habituel, ont rapidement mené, pour finr la première mi-temps avec un avantage de 15 points et deux essais à rien, en donnant l'impression de contrôler totalement la rencontre.

Autant dire qu'on s'attendait à un calvaire pour le XV de la rose en deuxième mi-temps. Mais les Anglais ont de l'orgueil à revendre. Ils ont donc réagi en imprimant un rythme soutenu à leurs possessions. Ils ont inscrit un essai plein de rage par le talonneur remplaçant, et auraient pu en marquer un autre sans un ballon lâché du bout des doigts dans l'en-but par leur Néo-Zélandais (pourvu d'une grand-ère locale) Shontayne Hape. Les joueurs du XV de la Rose ont reproduit ce samedi des performances à la hauteur de leurs prestations en H Cup.

Dans cette deuxième période, les All Blacks se sont fait quelque peu secouer. Mais ils ont toujours donné l'impression de n'être pas réellement en danger. On eut, tout au long de la deuxième période, le sentiment que les joueurs anglais jouaient à fond, quand leurs adversaires, bien que chahutés, ne paraissaient pas vraiment submergés.

Pour autant, même si les Blacks semblent vraiment supérieurs à leurs adversaires, ils connaissent actuellement une période moins favorable, et pas seulement en raison du calendrier (ils sont en fin de saison). Comme la semaine passé, les All Balcks ont fait preuve, disons-le, d'une forme de suffisance. Menant assez largement au score, ils ont laissé leurs adversaires refaire leur retard et auraient très bien pu connaître leur deuxième défaite d'affilé si les joueurs Anglais avaient fait preuve d'un peu plus de lucidité.

Ils devront se méfier, l'an prochain, de ne pas connaître une grosse désillusion.

A titre accessoire, on retirera de ce match la prestation assez satisfaisante de Sonny Bill Williams, qui a joué sur les qualités qu'on lui connaît (franchissement, conservation du ballon) mais qui a paru un peu en deçà de ce qu'il est capable de faire. Sans doute l'effet d'un premier match sous le maillot All Black. Sans être emprunté, SBW a été discret. Mais on sent un tel potentiel chez lui qu'on devrait le revoir très bientôt.

Enfin, notons le très bon arbitrage du Français Romain Poite. Au passage, on constate que sa maîtrise de la langue de Shakespeare, quoique perfectible, lui fut très utile pour diriger au mieux les débats.

Au final, on peut prédire que les All Blacks sortiront sans doute invaincus de leur tournée automnale, et qu'ils repartiront en Nouvelle-Zélande avec un certain nombre de satisfactions. Mais ils devront être attentifs à ne pas se croire déjà vainqueur d'un trophée qui leur a échappé à plusieurs reprises pour les mêmes raisons qui auraient pu leur coûter la victoire contre l'Angleterre.