Etendards au balcon, tambours et trompettes, défilé de majorettes...on fête la joyeuse renaissance du blues dans la capitale, après les funérailles du Roots Music Brussels.
Le collectif 'Brussels Blues Society' s'est créé il y a peu et s'est donné
pour mission de faire jouer des pointures blues dans différentes salles de l'entité bruxelloise.
Quoi de plus normal que la première ait lieu au Nekkersdal, qui abrita les défuntes
soirées roots.
Grosse affluence pour ce concert d'ouverture, la tête d'affiche, il est vrai, est imposante( dans tous les sens du terme): Coco Montoya!
20h30:après un bref et trilingue speech d'intronisation, place au twelve-bar!
Coco Montoya &
band!
Batterie: le grimaçant Randy Hayes, un freelance drummer de San Francisco Bay - basse: le placide californien, Nathan Brown et aux claviers, le
churchy Brant Leeper, d'Austin, New Mexico.
'Casting my spell' de son CD 'Suspicion' met le feu aux poudres.
Guitare expressive, claviers juteux, rythmique inébranlable, et une chaude voix rhythm'n blues.
Tu peux sentir d'emblée que le Coco était un protégé du grand Albert Collins, le coup de patte y est.
Ma voisine ( blonde et pas mal foutue), la seule personne sous le cap des 40 piges dans l'assemblée, trépigne sur son siège tout en m'envoyant des coups de coude dans les parties sensibles.
Me vois obligé de reculer de 50 cm pour éviter la marmelade de glands.
Un blues funky pour suivre, tiré de l'album 'Dirty Deal' le
Semble avoir des soucis avec les madames, le peï...in time, baby, you'll know what it means to be alone..aujourd'hui tu rigoles, demain tu pourrais te mettre à chialer... la guitare et les
keyboards entamant une joute acharnée.
'Women have a way with a fool', il est en en lice pour le Renaudot...God gave men the muscle, he gave women all the brains..., quelques envolées lyriques pour appuyer ses dires.
Qu'est ce qu'elle fout, ma voisine, elle me tâte les biceps et sourit.
J'ai enregistré mon dernier né ( 'I want it back') chez Angela Merkel (Ruf records), Keb Mo et Jeff Paris l'ont co-produit, vais jouer un titre écrit par des Pingouins, en 1954: 'Hey, Senorita'
.
Ecoutez ça ...hey Senorita, please, let me take you home... mais, Coco, ce truc tous les curés le chantent depuis Mathusalem, ils donnent même des bonbons aux gamines.
Grand numéro de l'organiste de la chapelle.
Un plongeon dans le passé,1996: le titletrack de mon second solo LP' You'd think I'd know it better by now'.
Un soulful slowblues interminable des plus gluants, embelli de glissandos bottleneck encore plus collants.
Son sujet de prédilection les ladies, celles qui en veulent à tes banknotes 'Coin operated love'.
Un timbre proche de Robert Cray, icy-hot guitar playing, il fait pleurer sa Fender en douceur, avec ce grizzly tout semble couler de source.
Dans les années 80, John Mayall m'a prié de rejoindre ses Bluesbreakers, suis resté 10 ans avec le rosbif, on jouait ceci , l'épique 'Have you heard about my baby'.
Il souffre, le Montoya. Silence religieux dans le club, le costaud gémit comme une première communiante victime de soubresauts émotifs insoutenables.
Heureusement les potes viennent le consoler, les snif, snif, snif s'espacent, on repart au turbin la fleur au fusil. A fond la caisse!
Un petit coup d'oeil à ma Rolex, oh mais c'est bientôt l'heure des oranges, la mi-temps approche, un dernier coup d'accélérateur et le blues s'éteint.
Ovation.
Brussels, this is a last one before the break, un soulblues aux teintes reggae dans le style Delaney & Bonnie, featuring un certain Eric Clapton... this time I got to keep my pride ...
chante-t-il.
Il a vu un quidam sommeiller au pied de la scène.
Ce gars souffre de slaptitude, vais aller le réveiller en collant ma Strat dans ses feuilles de chou.
Joli bond de la Belle au Bois Dormant et sourires dans la salle.
Premières impressions: du travail de pro, mais ça manque de piment.. analyse la fine Jacqueline.
Une pause de 15', set 2!
Le blues nourrit son homme ' Back in a Cadillac', rockish blues.
'I need your love in my life' sent bon le Southern rock , façon Allman Brothers Band.
'Running away from love', toujours ce Southern fried rock'n roll graisseux, chanté avec some full-throated vocals.
Le band en rythme de croisière.
Brant Leeper en vedette pour une intro ragtime/boogie: 'Tumbleweed' , du piano blues aux effluves Ray Charles.
La locomotive en pilotage automatique, le Sud défile sous nos yeux.
Le schéma consensuel: quatre rapides/un slow:'Good days, bad days'!
Ce titre se rapproche plus de la pop que du blues.
Un petit coup de synthé spatial, style Rick Wakeman croisant Richard Clayderman sur fond de Haendel... je préfère George Clooney, me glisse Jacqueline qui vient d'avaler sa cinquième De
Koninck.
C'était pas un extrait du 'Grand Bleu'?
Elle est lancée, je vais chercher mon bikini, qu'elle ajoute.
T'as vu Besson s'envoie Flipper, il y a de l'écume...
Je confisque sa bière!
Superbe solo jazzy de Nathan, Coco se fait lyrique.
Non, Jacqueline, j'ai pas dit colérique!
Un morceau de près d'un quart d'heure.
Une version funky de 'Put the shoe on the other foot' d'Albert Collins, avec l'immanquable solo de batterie.
Le 5000 ème auquel on a assisté.
On vous laisse avec Randy, on va se fumer un joint.
Randy, c'est pas une dentellière, c'est plutôt le style saigneur à La Villette.
T'as fini, Randy?
Garçon l'addition, svp!
Non, ne partez pas, une dernière, le purulent, façon Al Green: 'I want it all back'.
Coco, donner c'est donner, reprendre c'est voler, petit!
Un dernier catchy blues, arrondi aux angles.
Le public, ravi, exige un bis!
Un dernier track remuant et féroce, sentant bon le Stevie Ray Vaughan avec l'éternel thème des nanas te pompant jusqu'à l'os... all that I had, baby, I spent it on you...
Toujours ces madames vénales, les bluesmen peuvent pas écrire un truc en l'honneur de Mère Teresa?
Final monstrueux!
Une première réussie pour la Brussels Blues Society.
Prochain rendez-vous, le 26 novembre : Lightnin Guy & the Mighty Gators à l'Essegem à Jette!