Lorsque j'étais enfant mes grands-parents avaient un hammam dans un quartier populaire d'Oran. Il avait pour nom le prénom de ma maman!
Lorsque j'allais en vacance là-bas il m'arrivait de rester à la caisse avec ma grand-mère, dès qu'elle avait le dos tourné je chaparder des caprices(bonbons au caramel).
Mais ce n'est pas le sujet de cette note.
Lors de discussions certains mots m'interpelaient, même s'ils étaient prononcés avec un accent arabe leur origine ne l'était pas!
"Cola" (la chaine), "largo" (grand), "Trakhia" (bien habillé), "carico" (planche à roulette), "Roukhou"( blond), "Léché"(lait),"letro"'litre""likhiya"(la javel)...
Ses mots viennent de l'espagnol!
"Sur les deux cent mille pieds-noirs qui ont fui la ville d'Oran lors de l'indépendance du pays, plus de 60% étaient d'origine espagnole, venus par vagues dès la fin du XIXeme siècle, poussés tour à tour par la misère, puis par la dictature de Franco.
Ils ont imprimé leur marque sur Oran, leur manière sans égale de flamber la vie comme elle vient. Oran a donc L'Espagne au cœur, et pas seulement parce que la côte ibérique se trouve à 120 kms à vol d'oiseau. Le dialecte oranais reste constellé d'hispanismes.
Les poissonniers vendent du "bonito"(thon), des "sardinas" ou de la "merluza"(colin),"chica chica rumba" est l'un des tubes de raï et l'ivrogne est à tout coup un "borracho". Le supposé homo est, lui curieusement, une "cazuela" une casserole..."
Jacques Maigne/ Géo oct06.
Photo: Etal de poissons, port d'Oran, Gary Williams, à voir ici.