La Princesse de Montpensier, film de Bertrand Tavernier
Publié le 06 novembre 2010 par Mpbernet
Un film lent comme les écrits de Madame de Lafayette (2h19 !) mais où l'on est charmé par la violence subtile des sentiments et la grande qualité de la direction d'acteurs.
Mélanie Thierry (Marie de Mézières) au premier rang : belle, désireuse d'apprendre, rebelle, naïve, sensuelle, bafouée....son premier amour Gaspard Ulliel (Henri de Guise), trop beau, violent, intéressé, soudard...son mari imposé Grégoire Leprince-Ringuet (Philippe de Montpensier) sournois, sombre, ombrageux, le duc d'Anjou qui en tombe amoureux lui aussi (excellent Raphaël Personnaz), et à nouveau la retenue souffrante du précepteur Chavannes (Lambert Wilson)....Sans oublier les parents indignes (Michel Vuillermoz et Philippe Magnan).
Une extraordinaire description des ravages de la jalousie : son mari ne la connaît pas, mais il est charmé par sa beauté et se sent offensé dès qu'un autre homme la regarde. Il fera leur malheur. La violence des parents, la résignation des filles utilisées comme monnaie d'échange, d'investissement, même au plus haut niveau de l'Etat. La violence du temps - trois ans avant la Saint-Barthélémy -, où la vie ne compte pas, ou on s'éventre sans allégresse pour la religion, où nul ne peut rester neutre.
La scène du mariage fait référence à celle du film de Patrice Chéreau "La reine Margot", mais là on la joue dans un autre registre. Le coup de poing a été donné plus tôt : ce devait être une tradition à cette époque....
Le film est très beau, les costumes splendides, les décors somptueux. Des scènes resteront : celle de l'annonce du mariage par le père à sa fille, celle de la défloration en public, les scènes de batailles. Mais, comme dit Claude et je suis d'accord avec lui, en une heure et demie, on serait resté pantelant...Là, on reste un peu assommé.