Avec ce nouveau film en costumes, le cinéaste semble avoir conjugué toutes ses expériences passées au service d’un spectacle à part entière , qui donne à voir dans des paysages ad-hoc la grande et la petite histoire , rapportées plus par un conteur que par un metteur en scène . C’est le classicisme de la réalisation qui s’efface devant un récit où le romanesque se mêle à l’Histoire de France, dans un tourbillon de bons mots et de réparties qui font tout le sel de cette fresque amoureuse.
Un mariage contraint et forcé
Des amours contrariées, par une condition féminine réduite à la soumission, aux compromis familiaux, aux intérêts de l’Etat. Extraordinaire dans les atours de cette femme prisonnière de son rang et de sa beauté Mélanie Thierry , porte tout le poids du film avec une fragilité assumée jusqu’à l’interdit qui fera de cette princesse une femme du monde.
Le propos est éminemment contemporain , qui sous d’autres latitudes, et d’autres procès reproduit aujourd’hui cette romance entre un homme , le duc de Guise et une femme Melle de Mézières, contrainte d’épouser un autre homme le Prince de Montpensier…
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Sur ce triangle amoureux et dans un décor de guerres de religion (1562), qu’il filme avec simplicité à travers deux ou trois batailles, seulement, Bertrand Tavernier, jette un regard pertinent sur tous les protagonistes de ce drame , la grande réussite de ce film, à mon avis.
Le vénérable du cinéma français a fait appel à la toute jeune génération, qui en prenant fait et cause pour leurs personnages, se montre à la hauteur du projet. Habituellement je trouve Grégoire Leprince-Ringuet , falot et peu inspiré. En mari imposé et timide prétendant, il joue ici sa partition à la perfection face à son adversaire et cousin balafré Gaspard Ulliel , tout aussi inspiré par les affres de l’amour et ses dérives politiques. C’est la passion incarnée, mais aussi toute la raison d’état qu’il porte sur ses épaules. A l’image de Mélanie Thierry, ils n’en font jamais des tonnes, mais joue le bon tempo pour un sentiment, une émotion, une peur.
Lambert Wilson, Mélanie Thierry, d'excellents interprètes ....
Au cœur de cette belle et jeune distribution , les « anciens » ont la réplique appropriée dont l’étonnant Michel Vuillermoz, comédien que l’on ne voit peut-être pas assez . Dans les frusques de ce duc fourbe et prêt à tout pour conforter sa puissance et sa fortune, il est éclatant. La palme du bonheur de l’interprétation revenant à Lambert Wilson , un duc de Chavannes aux prises avec les feux de l’amour et ceux de la raison , et que le comédien sublime avec un naturel désarmant. A la fois confesseur, précepteur et confident, il fait peine à voir tant le monde des puissants lui interdit d’être heureux.
Mais l’acteur lui, semble au mieux de se forme, croquant avec un plaisir gourmand les dialogues vifs et inspirés de Jean Cosmos. On s’approche parfois de la déclamation théâtrale, que Tavernier allège en évitant la reconstitution historique. Pour bien connaître certaines places où le film a été tourné, il est évident que le cinéaste a gommé la carte touristique et le décor in situ. Rien que la scène finale au château de Blois est un exemple frappant. Et ses déambulations dans les rues de Chinon, une leçon de cinéma …