On avait perdu la trace de Marc Caro depuis 1995 et La cité des enfants perdus, deuxième long-métrage coréalisé avec un certain Jean-Pierre Jeunet. Depuis, les deux hommes ont connu des fortunes diverses, Jeunet enchaînant les succès (un alien, deux Tautou) avec une maîtrise (un peu trop) totale et une popularité sans borne, tandis que Caro tâtonnait et patientait en attendant de pouvoir concrétiser ses rêves de SF. Il a fallu douze ans pour que Dante 01 voie le jour ; douze longues années de labeur, d’obstination et de refus des compromis. C’est louable. Louable mais incroyablement vain : Dante 01 est un film généreusement raté, une œuvre ennuyeuse et erratique, un échec plus que cuisant.
Après le cauchemar Eden log et ce ratage-là, il est impossible de ne pas pointer du doigt l'un de ceux qui ont participé aux deux films : ils constituent en effet les deux premiers scénarios écrits par Pierre Bordage, auteur de romans de science-fiction aussi pompeux qu’emmerdants, hélas rendu célèbre par le vide intersidéral autour de lui (la littérature SF made in France n’a que très peu de représentants). En deux films, Bordage montre l’étendue de son talent : transformer ce genre en un douloureux chemin de croix, une souffrance permanente, les sensations provoquées par ces deux films étant diamétralement opposées à la notion de plaisir. Dante 01 consiste à regarder des zinzins de l’espace (crâne rasé, œil torve, mâchoire carrée) déambuler dans un vaisseau en carton-pâte en proférant des insanités sur le destin de l’univers et la condition de l’homme. Au milieu de tout ça, une vague intrigue difficile à raconter, puisqu’aussi inintéressante que mal traitée.
Dante 01 tendrait à faire de films comme le sympathique Fortress ou le nullot Supernova des chefs d’œuvre, ces films n’étant que des divertissements sans autre ambition que de captiver le public. Au-delà de la vacuité intersidérale de l'ensemble, c'est surtout la prétention du réalisateur et de l'auteur qui a de quoi agacer. On atteint des sommets en fin de course lorsque, réinventant l'expression "du coq à l'âne", Caro nous balance l'air de rien une conclusion qui voudrait ressembler aux plus belles scènes de 2001 ou The fountain. Philosophie de bazar à la clé, il achève d'achever un spectateur furax d'être tombé dans cette arnaque totale, ce non-film qui pourrait bien être le pire de l'année 2008. un 2 janvier, c'est un exploit.
0/10