Pour la majorité d’entre nous, le « petit ventre » n’est que le résultat de quelques mois d’inattention alimentaire. Nous sommes loin, très loin de penser qu’il peut aussi être l’alerte rouge d’une pathologie plus grave, qui prend naissance dans nos mauvaises habitudes.
Les Fêtes sont passées, commence la longue ligne droite vers le printemps. Bientôt, tous les magazines nous donneront leur « truc » pour perdre nos kilos en trop, alors attention, méfiance ! Si l’obésité est l’épidémie du siècle, nous ne devons pas paniquer devant le moindre bourlet ou kilo superflu et ne pas tenter de régime idiot. Il n’est pas non plus normal de grossir en vieillissant ou lorsque nous arrêtons une activité sportive : manger mal et trop par rapport à nos dépenses quotidiennes en est la principale cause. Il ne faut pas sous-estimer les risques inhérents à cette prise de poids, et surtout à l’accumulation de graisse au niveau du ventre. Ce n’est pas une blague, le « syndrome de la bedaine » existe réellement !
« Surveillez votre ventre », le livre du Dr Boris Hansel, responsable à Paris de la première unité de soins spécialement réservée aux patients ayant un syndrome métabolique, explique ce problème de santé et nous aide à savoir ce qu’il faut faire, ou ne pas faire, pour offrir à son corps les meilleures conditions de vie et de santé.
Le syndrome métabolique, qu’est-ce que c’est ?
Appelé aussi « syndrome de la bedaine », il touche en France un adulte sur six. Sans en faire une obsession, votre petite bedaine doit être surveillée car elle peut être le signe de multiples anomalies souvent silencieuses. S’il n’est pas pris au sérieux, le syndrome métabolique peut entraîner des problèmes cardiovasculaires, des apnées du sommeil, une hépatopathie, une phlébite, des calculs, etc. Autant d’horribles mots qui doivent faire réagir le plus tôt possible si l’on souhaite conserver le plus longtemps possible une bonne qualité de vie.Les alertes ?
Dans un premier temps, un tour de taille supérieur à 88 cm chez la femme et 102 cm chez l’homme doit nous alerter. Mais attention, un gros ventre ne signifie pas forcément avoir un syndrome métabolique. Ce signe « voyant » doit être accompagné de certains signes « invisibles » : une pression artérielle élevée, un taux de triglycérides, un taux de bon cholestérol et une glycémie à jeun anormaux. Il est donc indispensable de consulter son médecin traitant pour savoir si sa petite bedaine est déjà responsable d’anomalies invisibles mais potentiellement dangereuses à long terme.Comment agir ?
Le régime amaigrissant n’est pas forcément la solution adaptée, il faut tout d’abord analyser sa situation personnelle. Dans la plupart des cas, il suffit de reprendre un mode de vie sain c’est-à-dire qu’il faut « tout simplement » adapter son alimentation à ses dépenses caloriques quotidiennes mais aussi faire la guerre aux produits gras. Enfin, il faut enrayer le phénomène de sédentarité en marchant plus et en faisant du sport régulièrement. Ces mesures simples permettent aussi de prévenir le syndrome métabolique. Dans son dernier livre, le Dr Boris Hansel explique en détail comment mettre en pratique ces principes théoriques.Quelques questions au Dr Boris Hansel
Quelles sont les causes du syndrome du gros ventre ? Certaines personnes y sont elles prédisposées ?Le syndrome métabolique est le fait d’avoir un gros ventre ET plusieurs anomalies, décelables dans le sang. C’est d’abord le mode de vie qui fait que l’on prend du poids au niveau du ventre, puis que l’on déclare des anomalies du type pré-diabète par exemple. Si certaines personnes ont une susceptibilité génétique à développer le syndrome, le désordre alimentaire et le manque d’activité physique en sont majoritairement à l’origine. Il est impossible de dire « c’est dans mes gênes » car une personne prédisposée génétiquement et ayant un mode vie sain ne le contractera peut-être jamais. Autrement dit, même s’il existe une prédisposition génétique au syndrome de la bedaine, celui-ci n’est pas une fatalité. Il est toujours possible d’agir pour l’éviter ou empêcher qu’il ne s’aggrave.
A quel âge doit-on s’inquiéter de la prise de ventre et pourquoi ?
A tout âge car le problème, c’est justement la petite prise de poids insidieuse dont on ne se rend parfois compte qu’après plusieurs années. Si dès 20 ans, on prend un kilo et un centimètre de tour de taille par an, il ne faut pas attendre 40 ans pour se prendre en main. Plus on agit tôt, plus on évite d’aggraver le syndrome et plus il est facile d’enrayer le processus. Une fois installé, le syndrome est plus difficile à déloger. Il n’y a donc pas d’âge pour se poser la question et faire attention. Un tour de taille élevé doit nous amener à faire des examens complémentaires.
Pourquoi insistez-vous sur la bedaine ? Une prise de poids au niveau des hanches est-elle moins nocive ?
La prise de poids en général pose plusieurs problèmes. Sur le plan esthétique, je ne porterai pas de jugement. Sur un plan santé, c’est d’abord la prise de poids au niveau du ventre, la bedaine, qui est dangereuse. On sait aujourd’hui que la graisse qui s’accumule dans le ventre est toxique : c’est récemment que les chercheurs se sont rendus compte qu’elle fabrique de nombreuses substances qui dérèglent le métabolisme et entraînent de nombreux troubles parmi lesquelles on peut citer les maladies cardiovasculaires, le diabète ou encore les apnées du sommeil. La graisse qui s’accumule sous la ceinture n’est pas dangereuse sur un plan métabolique.
Pourquoi parle-t-on de « bonne » et de « mauvaise » graisse ? Comment les reconnaître ?
Toutes les graisses se valent en apport calorique et en prise de poids, que ce soit l’huile, le beurre ou la margarine. Nous devons limiter les apports en graisse qu’elle quelle soit : ne pas cuisiner avec de la matière grasse, manger moins de friture et peu d’huile. Cependant nous avons besoin de matière grasse et c’est là que la distinction doit se faire, pour consommer les bonnes graisses en quantité limitée (les huiles, riches en oméga 6 et oméga 3, le poisson, la margarine) et éviter les mauvaises (beurre, crème fraîche, gâteau, viande).
Les kilos superflus parfois présents depuis l’enfance doivent-ils nous inquiéter ?
Oui, car il n’y a pas de bons et de mauvais kilos. Dans l’idéal, la prévention de la prise de poids doit se faire dès la jeunesse, sans pour autant se mettre dans des régimes restrictifs sévères. Des mesures simples à mettre en œuvre tôt dans la vie et en douceur, permettent d’empêcher l’apparition de la bedaine. Il faut à tout prix bannir les régimes amaigrissant et les interdictions alimentaires « traumatisantes ».
Justement, les régimes amaigrissants à répétition favorisent-ils le syndrome de la bedaine ?
C’est sûr ! Ces régimes brutalisent notre corps en lui imposant des règles qu’il n’est pas prêt d’accepter. Il subit et, à un moment donné, il réagit et on regrossit. A chaque fois, la situation s’aggrave et il est plus difficile de reperdre. Pour moi, ces « régimes yoyo » sont une catastrophe, c’est comme donner un cadeau à un enfant et le lui reprendre : au bout de trois fois, l’enfant rejettera le cadeau. Notre corps peut accepter certaines choses mais il ne faut pas le brutaliser. Même lorsqu’on a l’impression de ne pas avoir de volonté, il existe de nombreux moyens qui permettent de mieux manger et plus bouger. Mais pour avoir un résultat, il y a deux conditions à respecter : arrêter définitivement tout régime et ne pas oublier l’objectif principal, qui est de conserver le plus longtemps possible une bonne santé et une bonne qualité de vie.
Comment doit se dérouler la prise en charge ? Il faut d’abord faire un diagnostic correct, c'est à dire savoir si on est atteint ou non du syndrome de la bedaine. Des perturbations souvent associées telles que des apnées du sommeil doivent être recherchées. Deuxième étape, le patient doit apprendre à analyser avec précision son mode de vie, en particulier en ce qui concerne son alimentation et son niveau d’activité physique. Il doit faire abstraction des idées reçues qui nous font nous dire que l’on mange et bouge normalement sous prétexte que l’on marche chaque jour et que l’on évite de manger trop de pâtes. Troisièmement, il faut mettre en place une succession de modifications de son mode de vie et analyser de quelle manière notre corps l’accepte. Si c’est difficile, on cherche des solutions progressivement. Enfin, à chaque étape, le médecin voit s’il est nécessaire de prescrire des médicaments. Ceux-ci ne doivent intervenir ni trop tôt ni trop tard. Dans l’unité de soin que nous avons mise en place à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, les patients viennent deux jours et demi pour entamer une véritable démarche progressive de changement de mode de vie. Une équipe pluridisciplinaire les aide à analyser la situation et à trouver des solutions concrètes pour les aider à mieux manger et plus bouger. Le livre que je viens de publier aide ceux qui le souhaitent à entreprendre cette démarche par eux-mêmes. Je pense que dans la majorité des cas, chacun peut, par lui-même, éviter le syndrome métabolique ou empêcher son aggravation. La prise en charge hospitalière est réservée aux cas les plus difficiles. Chacun doit apprendre à analyser son propre cas, ses difficultés personnelles. A chaque obstacle de changement des habitudes de vie, nous avons le choix de baisser les bras ou de trouver une solution et avancer.
Dans votre livre, vous abordez le problème avec facilité et humour. Vous déployez des conseils pratiques, illustrés d’exemples simples et concrets, ainsi que des petits encarts et des quiz. Parler de santé trop sérieusement fait-il peur au commun des mortels ?
Nous sommes dans la prévention et cela ne sert à rien de culpabiliser. Cependant, il est important de détecter les signes d’alertes et de se mettre dans une pensée positive. La pression sociale est déjà intense, nous ne sommes pas là pour faire peur mais les malades doivent prendre ces petits signes au sérieux et voir positivement comment éviter cette aggravation. L’intellect et le moral sont importants pour évaluer son bien être à chaque modification de son mode de vie.
Pour en savoir plus sur le syndrome métabolique et le combattre :
- Le livre du Dr Boris Hansel : Surveillez votre ventre, éditions Hachette Pratique, 9,90 €.
- Son site internet : www.syndromedelabedaine.org
Par Sophie Orsoni
LES COMMENTAIRES (2)
posté le 02 mai à 21:56
j ai 28ans.je suis depressif et je commence a avoir une bedaine qui grossit et je ne sais pas comment faire
posté le 20 mai à 14:25
Je cours deux kms tous les matins, j'ai 44 ans, mesure 1m60 pèse 70kgs et j'ai du ventre depuis l'âge de 12 ans ma mère m'a fait porter une gaine pour me serrer ; ma sœur aussi a porté cette chose moi je me vois comme un arbre avec une boule prohéminante devant cela gâche ma vie de femme il n y a pas une nuit où je me regarde de profile dans le miroir j'ai deux enfants de 20 et 22ans
posté le 04 novembre à 17:55