Vous vous souvenez peut être de cette photo qui illustrait un de mes récents posts.
Ce papy qui est, me semble-t-il, le gardien de ce petit temple du quartier d'Higashiyama à Kyoto, est tout hilare à la vue de ces deux maiko. Impossible d'imaginer que ce soit un manque de respect envers les représentantes du monde des fleurs et des saules, ni même un signe de sénilité.
En fait, il semble s'amuser de voir déambuler ces maiko-henshin, c'est-à-dire de fausses maiko, dans leurs costumes d'apparat.
Il existe en effet des studios de photographes et même des écoles de geisha de Kyoto qui transforment ces jeunes femmes des maiko d'un jour ...
J'avoue que j'ai tout de suite remarqué que ce n'étaient pas d'authentiques maiko, ne serait-ce que par leur attitude : une maiko ne se prend pas en photo avec son keitai (téléphone japonais). Et puis leurs tenues, aussi, dont les couleurs ne semblaient pas vraiment en adéquation avec la saison. Comme je suis très curieuse, j'ai fait quelques recherches sur le net et j'ai trouvé un article très intéressant sur Forum Japon, avec toutes les explications.
Ceci-dit, je trouve qu'elle ne dépareillent pas du tout dans le paysage. Cela m'aurait sans doute bien plus choquée s'il s'était agi d'occidentales.
L'être le plus proche devient aussi par instants celui qu'on hait le plus : miroir fidèle de nos insuffisances et de nos défaites. Comme si en brisant le reflet on supprimait l'objet. Cela nous ramène à la valeur de l'illusion dans l'édification de l'être. L'illusion ou le souvenir qu'on peut avoir d'un soi potentiel est un aussi bon moteur que l'humilité ; on marche tantôt sur l'un tantôt sur l'autre. Qui contribue par son regard ou par sa présence à faire avorter cette projection ou ce projet - il est très difficile de décoller de soi devant témoin et ce n'est pas pour rien que les bêtes veulent être seules pour mourir - celui-là devient l'énemi, la cage, le rappel des barreaux qu'on sciait en rêve. Ressentiment puéril mais puissant qui, une fois le résultat atteint, se transforme en vérité. Il ne faut jamais non plus perdre de vue que ce qu'on désire, c'est l'impossible, et que cet impossible vous est finalement donné, sans que nos efforts et nos angoisses y soient pour grand-chose.
Nicolas BOUVIER
Extrait de Le vide et le plein (carnets du Japon 1964-1970)
Voila encore un message posté dans la "douleur" : je n'ai pratiquement plus de connexion chez moi et Canalblog n'en fait qu'à sa tête, pour ne pas dire qu'il débloque ... il faudrait que je songe sérieusement à m'expatrier ;))