Révolte (Jean-Baptiste Besnard)

Par Arbrealettres


Révolte

Le site est d’une beauté surprenante
et j’en exalte à la fois l’aspect sauvage et l’abord délicat
Je contemple des barques
dans tous les ports de la côte
et je vois l’île se détacher
pour disparaître à l’horizon
sur une mer
qui répudie le rivage

Captif je brise les chaînes
et sur les murailles je griffonne ton nom
et je tague les pierres
pour y inscrire mes révoltes

Sur la pointe extrême qui vacille
je revois
tout proche
l’horizon sur la ligne des ténèbres
Sur une terre s’épanouit la récolte
qu’élabore
la circulation de la sève
et sur un ciel de lavande
j’émascule le soleil
et châtre tous les astres
pour qu’ils ne se reproduisent

Je tends les bras pour me guider dans le vide
Je n’effacerai rien
et lancerai un cri dans le silence

Mon corps palpite
et mon cœur bourdonne
tandis que l’eau s’agite
pour franchir la torpeur des villages
où la kermesse bat son plein

Avec la saison qui déborde d’allégresse
et la période qui s’achève
il est grand temps
que je dévore à pleine dents
la portion de nourriture
qui m’est concédée
par la sollicitude des instances
qui se penchent sur ma sénilité future

(Jean-Baptiste Besnard)