Clint Eastwood est peut-être aujourd’hui le seul réalisateur à Hollywood à perpétuer l’esprit de grands maîtres comme John Ford ou Howard Hawks.
Et pourtant personne n’aurait parié, même une poignée de dollars, sur le fait que cet acteur fétiche de Sergio Leone et de Don Siegel, trouve davantage son inspiration dans le classicisme hollywoodien, au point d’en devenir un digne héritier.
Un certain classicisme caractérise tous ses films bien au-delà des westerns , et quelques soient les genres, notamment le film noir, le film de guerre, le film d’aventure ou même le biopic musical. « Je ne me sens pas comme un artiste, mais plutôt comme un artisan sérieux »
Clint Eastwood ne conçoit pas de cumuler l’écriture et la mise en scène, préférant s’appuyer sur des romans ou des scénarios originaux qui l’inspirent.
Son premier film " Un frisson dans la nuit" avec Jessica Walter
En 1970, avant même d’avoir tourné « L’inspecteur Harry », Eastwood caressait le projet d’abandonner le métier d’acteur pour se consacrer à la production et à la réalisation.
Dès son premier film, « Un frisson dans la nuit », il comprend que les studios n’accepteraient jamais l’un sans l’autre, a fortiori quand Universal a accepté de le voir passer derrière la caméra à condition qu’il renonce à son cachet d’acteur !
Une bonne affaire : il s’est révélé être un débutant doué en achevant le tournage trois jours plus tôt que prévu !
« Comme mes films ne sont pas chers », explique-t-il, « ce n’est jamais une catastrophe quand ils n’attirent pas les foules et une affaire en or quand ils marchent ! »
Voilà pourquoi, depuis quarante ans, il parvient toujours à monter les projets les plus divers sans grande difficulté, d’autant que ses films ont très rapidement porté les couleurs de la Warner où il a ses habitudes, comme on peut le voir dans « The Eastwood Factor » documentaire de Richard Schickel, son biographe officiel.
"Bird" avec Forrest Whitaker, prix d'interprétation à Cannes
C’est quand il réalise « Bird » que je découvre vraiment le metteur en scène Eastwood qui réussit à mixer sa passion du cinéma avec celle du jazz en optant pour une image résolument sombre. Quand il rend hommage à John Huston dans « Chasseur blanc, cœur noir » il n’y a plus de doute : un réalisateur est né. Son clin d’oeil à « African Queen » (une scène se déroule sur le même petit bateau à vapeur dont Humphrey Bogart est le capitaine dans le mythique) est la cerise sur le gâteau. Ce film mythique est dans ce blog.
Après quoi je n’arrêterais plus de suivre ce grand bonhomme (bien que conservateur) avec « Minuit dans le jardin du bien et du mal » ou bien l’excellente adaptation de « Mystic River », l’un de ses films majeurs, qui valut à Sean Penn et Tim Robbins l’Oscar du meilleur acteur et du meilleur second rôle. Et césar du meilleur film étranger.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
LE PROGRAMME
JEUDI 4 NOVEMBRE
20.40 « Mystic river » avec Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon, Laurence Fishburne, Marcia Gay Harden
Trois amis d’enfance, Sean, Dave et Jimmy, se retrouvent, vingt-cinq ans après leur séparation, à Boston. Un meurtre a précipité leur réunion : la fille de Jimmy, Katie, a été assassinée. Devenu inspecteur de police, Sean mène l’en quête. Adapté d’un roman de Denis Lehane
23.25 « Le maître de guerre » avec Clint Eastwood, Marsha Mason, Everett Mc Gill, Moses Gunn, Eileen Heckart, Bo Svenson
Un vétéran des combats les plus meurtriers, le sergent Tom Highway est depuis vingt-quatre ans, fidèle au corps des Marines. En fin de carrière, il se voit confier l’entraînement et la formation des jeunes recrues.
Le titre original du film, « Heartbreak Ridge », fait référence au nom de la dernière bataille de la guerre de Corée en Octobre 1951, dont le personnage principal, Tom Highway, est l’un des vétérans.
Avec ce douzième long-métrage, Clint Eastwood donne sa propre vision de l’armée américaine et marque une nouvelle fois ses distances avec la droite très conservatrice à travers un personnage de sergent sadique et borné qui entraîne des Marines pour les préparer à envahir l’île de Grenade.
Impliquée au départ dans ce projet, l’armée se retira, le jugeant fortement nuisible à son image !
JEUDI 11 NOVEMBRE
20.40 « Minuit dans le jardin du bien et du mal » avec Jude Law, John Cusak, Kevin Spacey
Journaliste, John Kelso est à Savannah pour couvrir la grande fête qu’organise chaque Noël John Williams, antiquaire et collectionneur d’art dans sa résidence légendaire. Mais durant la nuit, John Williams est arrêté et inculpé du meurtre de son jeune compagnon, Billy Hanson, un gigolo.
23.20 « Un frisson dans la nuit » avec Clint Eastwood, Jessica Walter, Donna Mills, John Larch
L’acteur-réalisateur casse pour la première fois l’image virile, dont il avait hérité avec les westerns de Sergio Leone, interprétant un personnage masculin en retrait, par rapport à une femme, dans une histoire de DJ harcelé par une fan psychopathe.
JEUDI 18 NOVEMBRE
20.40 « Chasseur blanc, cœur noir » avec Clint Eastwood, Jeff Fahey, George Dzundza
Un réalisateur brillant et passionné (proche du légendaire John Huston), s’apprête à tourner une superproduction en Afrique. Sur place, il est captivé par un autre projet : celui de chasser l’éléphant sauvage.
22.30 « Breezy » avec William Holden, Kay Lenz, Roger C. Carmel, Marj Dussay
Un agent immobilier quinquagénaire et misanthrope rencontre par hasard une adolescente hippie, dont il va tomber amoureux.
JEUDI 25 NOVEMBRE
20.40 « Bird » avec Forrest Whitaker, Diana Venora, Michael Zelniker, Samuel E. Wright
En 1955, Charlie « Bird » Parker, le plus grand musicien de jazz de son époque, est au bout du rouleau. Il souffre d’ulcères, de déficience cardiaque et de cirrhose du foie. Dans les brumes de l’alcool et de la drogue, les souvenirs du passé se mêlent au présent.
La structure du film, épouse la forme d’un morceau de jazz.Forrest Whitaker, recevra pour ce rôle, le prix d’interprétation masculine à Cannes.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
22.45 « L’homme des hautes plaines » avec Clint Eastwood, Verna Bloom, Marianna Hill, Mitch Ryan, Jack Ging
Un étranger, habile pistolero tout de noir vêtu, arrive dans une petite bourgade. Les habitants lui demandent de les sauver de trois bandits qui ont juré la destruction de la communauté.
Premier western de Clint Eastwood. Pour l’anecdote, on y voit furtivement des stèles où sont gravés les noms de Sergio Leone et Don Siegel. « J’ai enterré mes réalisateurs ».
SAMEDI 27 NOVEMBRE ( journée spéciale)
Du premier film de Clint Eastwood, « Un Frisson dans la nuit » jusqu’à « Mystic River », tous les films du cycle accompagnés d’une interview inédite de l’acteur réalisateur, ainsi que de 2 documentaires.
Kevin Spacey ( " Minuit dans le jardin du bien et du mal" )
A partir de 7h25 jusqu’au lendemain matin (00 h 55) avec la projection de « The eastwood factor » de Richard Schiekel
À l’occasion de ses 80 ans, le 31 mai dernier, l’historien du cinéma Richard Schickel a réalisé son portrait pour TCM. Dans ce documentaire, l’acteur, filmé chez lui, dans les studios de Warner Bros mais aussi sur les lieux de tournage de ses derniers films, s’exprime sur les choix qui ont jalonné son parcours.