Parce que ses parents étaient accusés d’être des communistes, persécutés par les nazis, Liesel a été confiée par sa mère à une famille pauvre. Elle a vu mourir son petit frère dans le train la conduisant vers sa nouvelle famille et cette scène lui causera des cauchemars toutes les nuits. Elle ne reverra jamais sa mère.Le jour de l’enterrement elle commet son premier vol: un livre d’apprentissage tombé de la poche d’un jeune fossoyeur. C’est avec lui et grâce à Hans Huberman son père adoptif, peintre en bâtiment et joueur d’accordéon qu’elle apprendra à déchiffrer les lettres et commencera à lirePar la suite elle en volera d’autres ou on lui en offrira au prix de mille difficultés dans une période où on brûle les livres le jour de l’anniversaire du führerEntre temps elle aura appris la puissance des mots et des paroles lors des discours enflammés de Hitler et de ses imitateurs de quartier!C’est elle ensuite qui encouragera les habitants de sa rue, enfermés dans l’abri anti-aérien à la fin de la guerre. Elle leur lira des livres. J’ai vécu quelques jours avec la petite Liesel Meminger et je l’ai beaucoup aimée, elle, sa famille adoptive, les Huberman, ses amis et connaissances de la rue Himmel, dans la petite ville de Molching, en Bavière et j’ai eu bien du mal à la quitter. C’est une voleuse de livres, bien sûr, mais c’est aussi ce qui me la rend sympathique car elle a souffert par et pour les mots, toute sa vie.
C’est un livre d’apprentissage juste comme je les aime où on voit grandir, vivre, souffrir et s’épanouir une enfant avec les grands et les petits moments de sa vie familiale et sociale jusqu’à savoir ici ce qu’elle deviendra plus tard, dans sa vie d’adulte et même jusqu’à sa mort.Cette histoire, ainsi résumée n’a l’air de rien que de très banal! Ce serait sans compter sur ce qui la caractérise vraiment: l’époque et l’endroit très particuliers où elle se déroule: l’Allemagne nazie, de 1939 à 1943, du bûcher de livres aux bombardements de la fin de la guerre qui détruira sa rue et ses habitants.L’autre particularité de ce roman australien tient à la narratrice qui n’est autre que la Mort, la mort elle-même, la seule vraie puissance victorieuse de cette époque de folie humaine dominée par les mots d’un fou, mots écrits de Mein Kampf, livre qui jouera un grand rôle dans l’histoire des Huberman, mots sans cesse hurlés dans les discours et les ordres des grands rassemblements militaires de l’époque.La Mort connaît l’avenir et devance parfois la narration pour nous laisser entrevoir une partie du futur des personnages. Ainsi, à la page 175 :«Or cette fillette vivait dans l’Allemagne nazie.Comme il était important alors qu’elle découvre le pouvoir des mots »D’abord moquée devant toute la classe parce qu’elle ne sait pas lire et qu’elle fait seulement semblant, en passant par toutes les heures passées à apprendre, la nuit le plus souvent, avec son père adoptif puis avec Max, le boxer juif caché dans leur cave, grâce aussi aux livres offerts, ceux prêtés par la femme du maire, ou plus souvent ceux volés dans des circonstances tragiques, elle connaît son apothéose en lisant des romans qui calment l’effroi des habitants de sa rue cachés à leur tour sous terre.Un grand et beau livre vraiment. Un de ceux que je ne suis pas prête d’oublier
Cette lecture a éte faite en même temps que Ellcrys, Canel, Valérie, Clara, Cynthia, Lalou , aBeiLLe, George , Hérisson08
La voleuse de livresde Markus Zusak ou quand la mort vous raconte une histoire, vous avez tout intérêt à l’écouter, Oh ! Éditions,2005/2008, 634 p.) Traduit de l’anglais (Australie) par Marie France Girod. Titre original : The Book thief