Costumes d'enfants, miroir des grands, au Musée Guimet

Publié le 05 novembre 2010 par Mpbernet

Merci une fois de plus, à Popeline - Les Petites mains, pour m'avoir signalé cette délicieuse exposition sur les vêtements d'enfants en Asie ! C'est la collection réunie par Krishna Riboud, l'épouse de Jean Riboud, qui en est à l'origine.

On vous explique tout d'abord que le mot "costume" dérive de la notion de "coutume". Ce qui en dit long sur les traditions attachées à la façon de se vêtir, particulièrement en Asie, où tout est symbole.

Pour les enfants, pas de différences par rapport aux vêtements des adultes : on les traite comme des "grands" en réduction, ou plutôt comme des êtres en devenir. Et, parce que la mortalité infantile est énorme avant le XXème siècle, surtout pendant la première année de la vie, on va s'efforcer de conjurer le mauvais sort, d'éloigner les génies malfaisants qui peuvent s'emparer de l'âme de l'enfant, le rendre malade, le faire mourir.

En Inde, on va le surcharger d'amulettes, de bracelets...en Chine, ses vêtements seront décorés de dragons et de phénix, au Japon, on évitera les coutures au milieu du dos par laquelle un mauvais génie pourrait s'engouffrer. On utilisera la couleur spécifique de l'âge, du statut, de la classe sociale.

Costumes d'apparat et costumes religieux, costumes de cérémonie et costumes à vocation prophylactique, les kimonos, robes, tuniques, manteaux, bonnets, brassières et coiffes présentés viennent d'Inde, du Pakistan, du Japon, de Corée, de Chine ou d'Indonésie. On y apprend aussi des tas de notions sur les techniques de teinture des tissus comme l'Ikat et le songket en Asie du sur-est (technique de teinture où l'on emprisonne le tissu ou le fil de chaîne dans de fines ligatures régulièrement espacées avant de plonger dans le bain de teinture pour obtenir une réserve non teintée, donc des rayures, des motifs....)

Intéressante,elle aussi, la partie contemporaine, avec notamment The Fragrance of Jasmine de Surekha, jolie installation kitsch de 83 photos de petites indiennes parées comme des princesses, mais toutes un peu tristes, ainsi que The Pink and Blue Project signé Jeongmee Yoon, qui plante des bambins dans leur décor quotidien unicolore : produits de toilette, jouets, livres, vêtements : roses pour les filles, bleus pour les garçons ! Et ce code couleur, on le retrouve aussi sur les rubans des petites vestes coréennes.

Beaucoup de poésie, des petits bonnets et des chaussons à tête de tigre adorables, de jolis saris et sarongs à la taille des jeunes filles, des photographies de bébés-Maharadjas très sérieux....Décidément, Guimet est un musée merveilleux...et pratiquement vide le matin.

Musée Guimet (fermé le mardi), 6, place d'Iena Paris 16°, de 10h à 18 h. jusqu'au 24 janvier. Gratuit en dessous de 26 ans.