SYMPATHY FOR THE DEVIL
Exposition du 29 octobre au 31 décembre 2010
Maison du Livre de l'Image et du Son à
Villeurbanne
Ludovic Paquelier - Sympathy for the Devil - Wallpainting - courtesy galerie Sandra Nakicen
Cette sympathie endiablée est une référence directe, outre au célèbre titre des Stones, aux diableries pulsionnelles, physiques, ces transes collectives prenant parfois allure de véritables célébrations mystico-religieuses que les rytmes et beats que la rock generation firent très fortement ressentir durant les quelques dernières décénies du XXe siècles.
Dans les espaces de monstration que constituent aujourd'hui les galeries, musées, Centres d'art contemporains et arthothèques, le disque noir (comme le diable) autrement dénomé vinyl, ainsi que la platine sans laquelle il serait resté muet, sont devenus des objets cultes, quasiment mythiques.
Depuis Christian Marclay, qui a exploré moult gestes sonores, collages, destructions/constructions, assemblages... avec un art consommé, faisant entrer le DJing de plein pied dansd le cercle respectable de l'Art contemporain, nombre d'artistes, plasticiens, illustrateurs performeurs ou musiciens ont tâté du vinyl et de la platine.
Je dirais même que ces pratiques, souvent lièes à celles du noisy, du low-fi, du bending et autres lutheries electro-mécaniques sont aujourd'hui très tendances. Des arts Sonnants a déjà consacré plusieurs articles à ces champs artistiques en pleine expansion.
Ceci dit, ne boudons pas notre plaisir car les modes d'expressions sont larges, de l'objet scultural au graphisme en passant par tous les détournements posibles, et que nombre d'œuvres, sonores ou représentant le sonore, restent très intéressantes à voir, et parfois à entendre.
En ce qui concerne l'exposition de la Maison du Livre de l'Image et du Son François Mitterrand à Villeurbanne, plus communément appelée MLIS, elle est divisée en deux partie fort disctinctes de par leur contenu et emplacement.
Une face A, et une face B, pour filer la métaphore.
La face A, dans la salle d'exposition, présente une compilation d'œuvres de 25 artistes, dont le comissariat a été confié à Gilles Drouaut, directeur de la galerie des Muliples ou GDM à Paris.
On y trouvera entre autres des œuvres de Boris Achour, Francis Beaudevin, Davide Bertocchi, EN/OF éditions, Sammy Engramer, Flischi&Weiss, Le Gentil Garçon, Guillaume Janot/Jérôme Porret, Rainier Lericolais, Arnaud Maguet, Christian Marclay, David Monnet, Serge Onnen, Melik Ohanian, Tobias Rehberger, Hans Schabus, Samon Takahashi,…
La face B, ne présente qu'une seule et puissante œuvre de Ludovic Pasquier, sous forme d'une peinture murale couvrant tout le mur de l'arthotèque. Cette peinture, entre graph et bande dessinée fantastique, futuriste, noire comme le vinyl, est fortement inspirée par l'aventure d'un disque, puisque c'est bien lui le héros de l'exposition.
"...C’est l’histoire d’un crate digger qui déniche dans une demeure abandonnée un 45 tours étrange. Ce disque s’avère être un objet maléfique, incarnation du diable, gravé par ses propres mains. La musique qui s’en échappe a pour effet de faire tourner les têtes et les corps… ainsi que les chiens…"
(synopsys de la peinture murale, Ludovic Paquelier)
La thématique du vinyl et de la platine comme objets de représentation quelque peu archétipaux de l'art sonore actuel étant, comme nous l'avons déjà souligné à plusieurs reprises, fort riche, on peut parfois regretter que les expositions sur cette thématiques ne soient que compilations.
Des artistes comme Yuri Susuki pourraient prétendre à une exposition monographique, tout en restant dans la thématique
vinylo-platinique, sans parler bien entendu de Christian Marclay, d'ailleurs fort naturellement présent dans cette exposition. Peut-être aurais-je également aimé voir le travail de Sub-Rosa
ce label défricheur d'incroyables objets sonores et histoires du Sound art.C ependant, outre les affinités des commissaires, la représentation exhaustive est chose impossible dans une offre
artistique aussi pléthorique.
Malgré tout, Sympathy for Devil n'en reste pas moins une exposition fort intéressante qui tend à justifier l'intitulé de la médiathèque, le dernier terme étant le Son.
D'ailleurs, la MLIS villeurbannaise, avec cette superbe architecture lumineuse de Mario Botta, peut prétendre à une
discothèque des plus ouvertes et aventureuses, où l'on trouve des perles rares parmi les musiques contemporaines et expérimentales, ce que peu de structures proposent aujourd'hui.