Qu'advient-il des feuilles tombées de ces arbres jaillis entre deux pans de briques, si vivants au printemps, si frémissants entre les pierres ; et non seulement des feuilles, mais de leur ombre ? Jamais je n'ai vu une feuille, ni son ombre, toucher le pavé, traîner sur les eaux
au-dessus desquelles pourtant se courbent les branches. Un jour, les feuilles ont disparu : c'est tout. Il ne reste plus des arbres qu'une présence minérale, guère plus sensible que celle d'un réverbère ou d'une grille de fer rouillé.
(Liliana Magrini, Carnet vénitien)