LA CHAMBRE DES TORTURES de Roger Corman

Par Djswan23


LA CHAMBRE DES TORTURES de Roger Corman (Etats-Unis / 1961)
Titre original : Pit and The Pendulum (The)
Genre : Horreur
Durée : 87mn
Acteurs : Vincent Price, Barbara Steele, Luana Anders, John Kerr, Anthony Carbone

Résumé : Un homme desespere par le deces de sa femme sombre dans l’horreur en apprenant que celle-ci lui etait infidele.

Avis : 9/10
Après beaucoup de films pitoyables ou des blagues de potache tel que « Un baquet de sang » (1959) et « La petite boutique des horreurs » (1960) ne pouvant contenter que les fanatiques de la culture des navets – ça existe, il y en a même qui en trouve là où il y en a pas : François Forestier !? -, mis à part « Mitraillette Kelly » (1958) voire « I, Mobster » (1958), Roger Corman trouve un filon avec les adaptations des nouvelles d’ Edgar Allan Poe, qui lui permet d’ être un concurrent dans le domaine de l’ horreur face au studio anglais Hammer et plus spécialement de l’ « attachant » réalisateur Terence Fisher qui recyclait avec délectation les romans classiques de l’ effroi.

Si chez Fisher, Peter Cushing et Christopher Lee s’ affrontent comme dans un duel ce qui permet une certaine sobriété de l’ interprétation, Vincent Price est surtout dans les premiers films de cette série en roue libre car faute de partenaires à sa hauteur ; beaucoup de critiques (Tavernier et Coursodon, Lourcelles) ont remarqué ce défaut dans ces adaptations, mais c’ est certainement voulu pour mettre en valeur Vincent Price et l’ une des raisons pour laquelle ces films vieillissent bien : une sorte de deuxième degré visible. Peut-on conter sérieusement de telles histoires ?

Ce joyeux penchant pour la cabotinerie est vraiment quasi paroxistique dans « La chambre des tortures ». Il faut voir Vincent Price rouler des yeux, les sourcils en accent circonflexe, en ânonnant ses répliques dans un état d’hypnose, déambulant d’ une démarche lourde de sens burlesque pour ne pas sourire de ses exagérations. John Kerr, excellent chez Vincente Minnelli dans « La toile d’ araignée » (1955) et « Thé et sympathie » (1956), est ici opaque, après tout son rôle le veut. La « tout juste belle » Luana Anders – un comble pour une jeune première – est inexistante. Dans ce genre d’ emploi, par contre, que l’actrice soit très jolie (ce n’est pas le cas de Luana Anders), doit-être la qualité première, qu’ elle joue plus ou moins bien, on s’ en moque. Heureusement que la beauté ténébreuse de Barbara Steele – tout droit sortie du poème « Chanson d’ après-midi » de Baudelaire, plus gothique qu’elle tu meurs, à égalité avec Florinda Bolkan – réhausse nos sens visuels, sensuels et sexuels ; elle est bonne actrice (eh oui ça existe !) mais pas assez présente à l’ écran. Seul Antony Carbone arrive à combattre avec beaucoup de mal l’emphatisme génial de Vincent Price, mais il fait une bonne tête de moins que notre cher cabotin.

Les plus grands intérêts du film, en dehors du numéro « Grand guignol » jouissif de Vincent Price, sont le scénario très bien agencé et caustique de Richard Matheson (la petite pirouette finale est excellente), la photographie « coloriée et psychédélique » de Floyd Crosby, la direction artistique de Daniel Haller: la chambre des tortures, les différents souterrains et passages secrets avec force toiles d’ araignées (ça n’ est pas onéreux) sont prodigieux.
Surtout lorsque l’ on sait les mini-budgets des productions de l’ American International Pictures. La figuration des rats se limite à deux ou trois spécimens… on ne gaspille pas chez Corman !