toujours su que tes histoires de fourrage n’étaient que du pipeau

Par Markhy

Les blogs sexos ont gagné nique sa mère, pour faire la une du figaro, je vais devoir me mettre plus de doigts. Sans jalousie, j’ai une pensée à tous les gens qui me faisaient rêver dans le fig mag, genre Nicolas Rey, il a bien mal fini, merde. Patrick Besson, aucune nouvelle depuis Mai 2009, ce n’est pas comme ça que j’aurais mon Renaudot. L’alcoolisme et le fig mag, il y a un lien. Mais je pense surtout que le scrapbooking nous baise tous.

L’univers, c’est un maxicosme avec des meufs prêtes à claquer du 300€/mois – moyenne basse, pour des goodies personnalisés produits à la chaîne par nos chinois. En tant que graphiste indé, je me suis dis que j’allais me mettre à designer des tampons super cool et tellement cher « Instants Inoubliables », « Petit bonheur, l’amour, la chance », « J’ai tué cette chienne ». Mais je n’ai pas le financement, et j’ose pas demander à Ulule, je serais capable de me barrer avec l’argent, gagner la loterie pour la green card.

Le scrap, c’est l’influence brute. Impossible de rentrer dedans comme ça, d’imposer son style, tu te fais bouffer. Je veux dire, parler musiques électroniques, tu peux te lancer juste avec 3 trucs chopés sur soundcloud, tu fais ton biz, parler graphisme sans avoir la fibre, pareil, regardes fubiz, et en nouvelle technologie, facile de faire ton nazi. Mais putain le scrap, j’ai jamais vu un chantier aussi compliqué. Car ces meufs là, avant d’être chômeuses, avant d’être réacs, sont des putains de gourous high level. Le moindre blog scrap, aussi inconnu soit-il tape facile du 500uniques/jour, et j’ai essayé, avec un pseudo bien senti : elitescrapducoeur, d’aller troller, de parler de compositions, du bauhaus et donner des tips avec un intérêt. Putain je me suis fais direct cueillir, et j’connais rien à Marie-Dominique Gambini, et vas te faire foutre avec ta vision graphique et non créative du scrap. Les meufs sont calées. Elles sont impossibles à animer et pourquoi ? Parce qu’elles sont créatives.

Non quand tu sors d’une école d’ingénieur de merde, ou même HEC tiens, bien de la merde aussi, tu te dis que ta vie sera toujours placés dans les chiffres à la con et les plans médias tristes, t’as vu Lancar à la télé, la déprime, et avant de perdre ton âme tu te mets au scrap. Le scrap c’est créatif, c’est la différence entre toi et cet algorithme. Moi quand je vois une offre d’emploi genre il cherche un créatif avec mon profil de jeunes cons, je rigole et je pense à ma belle sœur, c’est elle la créative, moi je me touche seulement la bite et je fais facturer ça bien, il n’y a rien de créatif. Elle, elle passe ses journées à sélectionner des fleurs en papier et à les coller sur une photo, imprimée à la vite, ça bave encore un peu. Elle ajoute des morceaux de papiers peints vintage, qu’elle n’a pas même pas chiné dans une brocante ou dans des plans intéressants sur eBay ou Craiglist. Non, elle achète ça dans une scrapboutique, le pays de l’inflation. Sans lapsus. Les scrapeuses, les scropines, ont le pouvoir d’achat le plus élevé en France à l’heure actuelle, le marché dilapide le peu de liquide qu’on trouve dans les portefeuilles des pauvres, les éditeurs de produits scraps ont moins honte que les crédits revolving, cachés derrière un logo revigorant et une bannière : loisir créatif.
Moi j’ai envie d’être commissaire d’exposition au Palais de Tokyo, et je ferai un truc sur le scrap, leur rendre un putain d’hommage vibrant à tous ces chats, à tous ces bébés entourés de fleur en papier, de crayons brillants. Les scrapeuses se rendront peut-être compte que peu importe ce qu’elles font, c’est exactement la même merde que la scropine à côté. Elles seront tellement grisées qu’elles ne feront pas gaffe, et scraperont une photo du scrap exposé au Palais de Tokyo « Instant rêvé », mise en abyme. À la fin on fera un workshop où des meufs de 34 ans nous apprendront le scrap et le tweet, et on y foutra le feu. Derrière nos grosses lunettes noires, on singera. Il nous reste que ça.