L'écume des jours... Boris Vian

Par Antoni

4ème de couv' :

 Chick, Alise, Chloé et Colin passent leur temps à dire des choses rigolotes, à écouter Duke Ellington et à patiner. Dans ce monde où les pianos sont des mélangeurs à cocktails, la réalité semble ne pas avoir de prise. On se marie à l'église comme on va à la fête foraine et on ignore le travail, qui se réduit à une usine monstrueuse faisant tache sur le paysage.

Pied de nez aux conventions romanesques et à la morale commune, L'Ecume des jours est un délice verbal et un festin poétique. Jeux de mots, néologismes, décalages incongrus... Vian surenchérit sans cesse, faisant naître comme un vertige chez le lecteur hébété, qui sourit quand il peut. Mais le véritable malaise vient d'ailleurs : ces adolescents éternels à la sensibilité exacerbée constituent des victimes de choix. L'obsession consumériste de Chick, née d'une idolâtrie frénétique pour un certain Jean-Sol Partre, semble vouloir dire que le bonheur ne saurait durer. En effet, l'asphyxie gagne du terrain, et l'on assiste avec effroi au rétrécissement inexorable des appartements. On en veut presque à Vian d'être aussi lucide et de ne pas s'être contenté d'une expérience ludique sur fond de roman d'amour.

Mon avis :

215 pages. Publié en 1947.

Pfiouuu ! Tel que vous me lisez, je suis fort embêté. Si vous vous promenez de temps à autre sur ce blog, vous savez que c'est le deuxième livre de Boris Vian que je parcours. Je vous invite à vous arrêter ICI pour vous en persuader, le cas échéant. Avant d'ouvrir cet ouvrage, Boris Vian représentait, à mes yeux, un auteur classique, un nom qui compte dans la littérature française. Ce livre, avec ce titre poétique, une vision du déclin du monde et de la fuite du temps, augurait un agréable moment de lecture.

A ce propos, je vous renverrai sur la présentation et plus particulièrement sur les commentaires des lecteurs sur le site Amazon.fr.

Les avis semblent unanimes.

Au risque de me faire l'avocat du diable, je peux bien vous avouer à présent que... j'ai détesté ce livre. Il est tellement farfelu, saugrenu, à lire au 40ème degré que je me suis allègrement brûlé les phalanges.

Je reconnais un mérite conséquent à l'auteur : il est le maître incontesté de l'image et de la métaphore. Malheureusement, je ne suis pas du tout rentré dans son délire. Sans doute devrais-je le relire bien plus tard et aurais-je une approche toute autre ? Aujourd'hui, je suis déçu.

Et je ne comprends pas.

Ce roman figure parmi les classiques de la littérature. Il est régulièrement proposé au collège et au lycée par les professeurs. (à cette époque, j'aurais probablement  apprécié ce roman, à nul autre pareil ; cela change des classiques). Certes, j'ai relevé quelques formules bien senties comme "passage à tabac de contrebande", notamment. De même, il y a des innovations verbales étonnantes : l'antiquaire devient l'antiquitaire, le pompier devient le pompeur. Toutefois, ne me demandez pas l'utilité d'une telle innovation.

Mais, pour le reste... Je suis plutôt bon public, j'ai bien ri une à deux fois mais la plupart du temps, j'ai trouvé ça un peu lourd.

Comme je l'écrivais plus haut, je suis embêté. Ce n'est pas rien. L'on parle tout de même  de Boris Vian, un poète brillant du siècle dernier. Je ne suis peut-être pas assez ouvert ?

J'ai suivi Colin comme je l'ai pu, mais je l'ai mal accompagné tant je ne reconnaissais rien.  L'homme est prêt à tout, jusqu'à dilapider sa fortune, pour sauver sa femme Chloé, malade. Un nénuphar pousse dans ses poumons (normal !), empêchant la pauvre femme de respirer normalement. Loin du symbole du mal qui ronge que représente le nénuphar, c'est le traitement qui intrigue : deux cuillerées d'eau par jour ainsi que des fleurs à profusion dans sa chambre d'hôpital. La présence de fleurs plus superbes les unes que les autres va contrecarrer l'épanouissement du nénuphar, soudainement pris de jalousie !!!!!!!!!!!!!!!!!!!

La loufoquerie aurait pu être le thème général de ce roman mais je n'en suis même pas sûr. Je ne suis même pas d'accord avec la 4ème de couv' (très vendeuse) quand il est expliqué que les quatre personnages principaux passent leur temps à patiner : une seule fois, il est mentionné dans le livre que Colin et Chick se rendent à la patinoire. Et, quand ils en ressortent en toute hâte, Colin décapite, à coups de patins à glace, un employé qui prend trop de temps pour leur remettre leurs souliers. Normal, une fois encore. On parlera, comme le stipule la 4ème de couv', de décalage incongru !

Mes futurs détracteurs me parleront d'image, de la symbolique du geste. Sans doute... mais je n'adhère pas. Je compte sur l'avis de certains pour éventuellement me remettre dans le droit chemin car là, j'ai l'impression de m'être perdu dans ce choix de lecture. Je reste, à ce sujet, ouvert à la discussion car j'aurais bien envie que l'on m'explique le message du livre. Je sais faire preuve d'imagination et rêver, dans l'absolu mais là, ça ne passe pas. J'espère ne pas être le seul à penser ainsi ?!? (soupir angoissé)

Par ailleurs, il y a eu une adaptation ciné, daté de 1968 de ce livre, avec notamment Jacques Perrin et Marie-France Pisier. Peut-être le film me permettrait-il de me réconcilier avec l'histoire ?

Ma note : une tomate* / 5.

* Comme j'ai un peu (beaucoup ?) de respect pour l'auteur, je n'ai pas envie de le descendre impunément (et puis, je ne suis personne par rapport à lui). Je l'avais gratifié de la note d'une banane / 5 lors de ma première lecture, cette fois-ci, ce sera la tomate, qui est, de loin, mon fruit préféré. Si c'est pas du respect, ça ? Et ce ne sera pas plus bizarre que l'univers de ce grand monsieur.

Pour vous faire une autre idée, courez vite chez Philippe pour découvrir son avis.

Ce livre, lu dans le cadre du challenge J'AIME LES CLASSIQUES organisé par Marie L., est le 33ème lu depuis le début de l'année.