L'auteur ne nous épargne rien de ce qui arrive à son héros, Louis C. Lynch, surnommé Lucy. L'attribution de ce sobriquet est d'ailleurs une des deux grandes choses qui lui soient jamais arrivées. Le premier jour d'école, la maîtresse a lu ainsi son nom: Lou C. Lucy. Bon.
Le deuxième grand fait de sa vie, est ce qu'il appelle un drame. Des camarades enfants l'ont enfermé dans une malle et ont fait mine de la scier. Il s'est évanoui.
Tout le reste de sa vie est d'une banalité exemplaire. Il reprend les épiceries de papa, appartient aux divers comités de la petite ville, a un enfant.
Pour essayer d'animer un peu son livre, Russo veut mettre Lucy en opposition avec Bobby, son ami épisodique, qui, lui, était un ado révolté et est devenu un peintre de renom établi à Venise.
Autant le dire tout de suite, Russo a autant idée de ce qu'est un peintre que je sais ce qu'est un scaphandrier. Les clichés se suivent: l'artiste a des maîtresses, il est tourmenté par son génie, il a un magnifique atelier et des dettes...
Le livre fait 730 pages très serrées. J'ai abandonné à la 395ème. La personne qui m'a offert ce livre m'a expliqué que j'avais tort, que tout s'explique à la fin, 335 pages plus loin.
C'est au-dessus de mes forces...
Richard Russo, Le pont des soupirs, Quai Voltaire