« In the heat of the night »... Beau titre lourd de grand sud américain au début des années 60. Relents de Ku-Klux Klan et de William Faulkner, « Lumière d’août », « le bruit et la fureur » et, du côté cinéma, le terrifiant début de « La Ligne verte », ou encore le grinçant « o’Brother » et ses scènes ubuesques de Ku-Klux-Klan.
Mais rien d’ubuesque « Dans la chaleur de la nuit ». Au contraire, beaucoup d’implacable sobriété. L’histoire se passe dans une petite ville du Mississipi. Alors qu’il fait sa tournée après sa pause dans le traditionnel drugstore de bord de route, le shérif pile sur le cadavre d’un homme. A proximité de ce cadavre, un Noir qui passe immédiatement pour le coupable idéal.
La ségrégation raciale est immédiatement perceptible dans cette ville à proximité de laquelle on récolte encore le coton pour le bénéfice d’un grand propriétaire. Et dans cette plantation, de toute éternité, les serviteurs noirs sont dévoués et soumis au maître. Or ce coupable idéal, incarné superbement par Sidney Poitier se révèle être un officier de police réputé qui décide de mener lui-même l’enquête, en même temps que les Blancs. Eux souhaiteraient la bâcler, c’est là toute la différence de méthode...
L’évidence s’impose aussitôt, « le négre » a beaucoup plus d’intelligence, de tactique, de métier, d’élégance pour traiter l’affaire et comme la victime est un homme d’affaire important, la veuve réclame que clarté soit faite sur l’assassinat. Ainsi, comme le spectateur, elle reconnaît immédiatement le talent de ce policier qui soulève indignation et haine dans les milieux influents de la petite ville. L’enquête va-t-elle céder la place au lynchage ? Dans la petite ville, il y a deux bus, deux vitesses et deux destinations... Rien ni personne ne semble pouvoir venir en aide à l’audacieux policier qui mène, à sa façon un combat à la Rosa Parks.