Les députés débattront aujourd’hui le projet de loi prévoyant « une rétention de sûreté » pour les pédophiles jugés toujours dangereux après avoir purgé leur peine. Cette rétention s’appliquerait aux condamnés à 15 ans de réclusion ou plus pour un crime à caractère pédophile, et dont la « particulière dangerosité » en ferait de potentiels récidivistes à la fin de leur peine.
Le débat est éminemment difficile à trancher. Et d’ailleurs, peut-il l’être par un texte de loi ? C’est tout le problème de ces questions de société, telles que l’euthanasie ou l’avortement. Le taux de récidive des violeurs étant de 1 %, on peut légitimement penser que le projet de loi est injuste pour les 99 % restants. Seulement, que dire aux parents d’enfants violés par des criminels récidivistes ? Leur expliquer que malheureusement, c’est « pas de chance » ?
On peut se demander également ce qui est fait pour les délinquants en prison dans le cadre du « suivi socio-judiciaire avec injonction de soins ». Si les criminels sexuels sont susceptibles de récidiver après leur incarcération, quel que soit le pourcentage de risques, n’y a-t-il pas des manquements dans les soins prodigués aux prisonniers ? Et d’ailleurs, la prison a-t-elle vraiment les moyens humains, médicaux, matériels de les soigner ?
Quoi qu’il en soit, le débat sur la « rétention de sûreté » est bel et bien ouvert. Il faut évidemment respecter la position « théorique » de Robert Badinter, qui en la matière, n’a de leçon à recevoir de personne. Seulement, la sombre réalité des derniers épisodes judiciaires ne va-t-elle pas donner à la théorie quelque fil à retordre ?
Fredo