Fin des années 80, Philippe Vermès se rend à deux concentrations de motards aux États-Unis. L’une à Loudon, dans le New Hampshire; l’autre à Sturgis, dans le Dakota du Sud.
Concours de t-shirts mouillés, beuveries, blondes aux gros nénés, mamas bien en chair, gamins la nouille à l’air et guidons de bécanes en guise de corde à linge.
À chacune de ses concentrations, Vermès procède de la même façon. Il s’installe dans une station de service, à proximité du lieu investi pour l’occasion. Il tend un grand drap noir. Il déballe sa chambre photographique en bois. Et il patiente. En buvant des cocas, le cul posé sur le perron de la station.
Un premier gros barbu se pointe enfin. L’animal a une méchante envie de se faire immortaliser, calé sur sa pétrolette.
Seules contraintes: s’installer devant le rideau noir; ramener la bécane. Seul, en bande, avec la grosse et les mioches, tête de mort ou sourire de kéké… Philippe s’en fout. En tenue de combat ou à moitié à poil, quelle importance.
Pas bouger. P’tit oiseau.
C’est dans la boîte. Les immortalisés repartent avec un Polaroïd pour montrer aux potes. Qui se pointent à leur tour.
Aujourd’hui, des dizaines de tirages de cent-vingt centimètres de large. Qui dégueulent de détails.
Du chrome, du cuir et de la crasse.
Wanted Bikers de Philippe Vermès. En ce moment à la Galerie W.