A la manière du film Home de Ursula Meier, Yorgos Lanthimos plonge son spectateur dans l'univers oppressant d'un huit-clos familial et pose ces questions qui dérangent, celles qui repoussent à l'extrême les limites de la morale et des mœurs. À vouloir leur bien-être et assurer leur sécurité, peut-on indéfiniment garder chez-soi ses propres enfants ? Quand une relation commence et cesse t-elle d'être incestueuse ? Est-il légitime de refuser toute influence du monde extérieur ? L'indépendance d'un enfant peut-elle se soustraire à la volonté de son géniteur ? Le talent du réalisateur repose sur sa capacité à déstructurer une norme et à en restructurer une autre pour mieux les détruire. On ne peut s'interroger sur le sens de ces règles que la société nous impose qu'en confrontant deux préceptes aux valeurs opposées. Yorgos Lanthimos invite son spectateur à redéfinir sa propre frontière du Bien et du Mal, cette limite à géométrie variable.
Vous l'aurez compris, Canine n'est pas un film à mettre entre toutes les mains. Il s'adresse à un public averti, soucieux de s'interroger sur la société dans laquelle il vit. Un pari risqué mais réussi. On ne sort pas indemne de ce long-métrage. Le moins que l'on puisse dire c'est que Canine est de ce genre de film qui a le mérite d'avoir du mordant.
Sortie en DVD le 7 avril 2010