L'Esquive

J'ai rarement vu un film sur les banlieues aussi juste... rarement n'est pas le terme, jamais serait plus exact. En effet, le film d'Abdellatif Kechiche n'a pas reçu le césar du Meilleur Film pour rien. Le film tourne autour de l'amour et du théâtre que de magnifique thèmes tournés dans un lieu si peu utiliser pour les films.
Les jeunes du films s'agressent sans cesse à part lorsqu'ils déclament les tirades de Marivaux. Ainsi on voit grâce à cette caméra bien agitée des jeunes se parler avec agressivité, insultes et menaces.
L'approche du film sur ce milieu et sur les jeunes en générale est très intelligente, bien plus que (et ça me fait mal d'en parler dans cet article et me mettre à comparer) certains films comme LOL. Ici, on a du mal à croire, pendant les rares secondes où l'on sort du film, que ce n'est pas réel autant le dire directement, les acteurs, qui jouent tous pour la première fois, sont géniaux on ne peut douter un instant de leur interprétation, c'est tout à fait bluffant.
Le film se sauve de tout cliché, on ne voit ici aucune femmes voilées, deal de drogues, voitures volées ou quoi que ce soit d'autre de pas très catholiques. Seul un moment avec des policiers parait presque idéaliste mais il ne garde pas une importance cruciale dans le récit du film. Ici pas de personnages stéréotypés ou surdoués, pas de progrès improbables, pas de déclarations tout aussi étranges.

Kechiche fait le choix, judicieux, d'épargner nos oreilles de tous rap inutile, la musique est, dans son film, bien peu présente.
La caméra n'a rien de stable, elle s'amuse avec les gros plans mais aussi à bouger au rythme des pas du cameraman ce qui nous plonge étrangement un peu plus dans le film. Une belle partie d'escrime verbale pas aussi bien balancé que du Racine ou du Shakespeare, soit, mais sans doute bien plus naturel et réaliste.
16/20
Silice