Le journaliste recourt à des expressions pareils pour deux raisons : soit parce que la source ne veut réellement pas s’afficher et exige même qu’elle soit difficilement identifiable. Soit, c’est le journaliste qui cherche la facilité et met parfois ses propres dires dans la bouche de quelqu’un. Dans les deux cas, c’est extrêmement dangereux.
Il est désarmant en effet de réaliser que de plus en plus de sources demandent à être couvertes sous le sceau de l’anonymat pour un sujet qui ne vaut pas la peine, c'est-à-dire qui n’est pas un secret d’Etat, ayant des enjeux sécuritaires, une violation d’un droit de réserves…
Comme il est regrettable de voir aussi autant de journalistes rajouter « ce grain de sel » anonyme, croyant que ça va relever leurs papiers, les rendre sensibles…
Dans le premier cas, nous sommes clairement face à un manque de confiance vis-à-vis de la presse et de l’Etat des libertés au Maroc. Une source qui vous dit : « S’il vous plaît, je ne veux pas avoir de problèmes avec X ou Y » pour une information qui ne mérite pas ce halo de confidentialité est sujette à interrogations et pourrait vous manipuler. Quand les visages sont couverts, tous les coups sont permis. En revanche, il se peut qu’elle ait réellement peur. Et si sa peur porte sur quelque chose que vous jugez banale, alors on a de quoi s’inquiéter sur l’ouverture du débat au Maroc…
Dans le deuxième cas, les journalistes qui cherchent intentionnellement à mettre des anonymes partout indiquent en réalité un mal dont souffre la profession : celui du manque de formation et de responsabilité. Si on rajoute à cela, la difficulté de plus en plus perceptible d’accéder à l’information, c’est un cocktail molotov qui couve.