Les gens de peu
un article de Habib abba-Sidick paru sur http://lecommunard.org
Le gouvernement juge comme des velléités le mouvement populaire en cours, lequel se bâtit avec une autonomie relativisée par les médias, lui préférant la réconfortante présence des syndicats, signifiant que le système se maintient et que l'on peut préparer la présidentielle de 2012 paisiblement en se promettant une alternance dans la continuité.Sur l'ensemble du territoire les citoyens s'organisent et ébauchent une autre société, hors des poncifs que nous délivrent le pouvoir et ses affidés. Les puissances exécutives sont toujours disposées à décliner le terme de démocratie, vocable aisé, autorisant les compromissions les plus viles. Qu'en est il de ces processus participatifs ? Vêture apodictique, dont se pare le parti de la réforme, annihilant tout mode de contestation. En exergue la fameuse sentence présidentielle "j'ai été élu par 53% des Français", en conséquence il s'octroie le droit d'exercer ses prérogatives comme il lui semble. Évidemment le braquage des pensions n'était pas à son programme, toutefois des considérations économiques récentes, ont rendu opportun ce choix de société. Car il s'agit d'un bouleversement en rupture, terme prenant toute sa signification à ce moment précis de l'histoire, avec les principes régissant la république depuis 1945. Le cadre sociétal d'antan est brisé. Fondé à l'aune de la solidarité, il a été évacué par les maîtres de la finance et leurs zélés serviteurs. En revanche cette remise en cause fondamentale sera l'occasion d'un accomplissement révolutionnaire, car philosophiquement l'idée d'individualiser la société, accentuera la lutte des classes et son cortège de fortunes et de misères et aiguisera les contradictions inhérentes à cette situation.
Le peuple redevient en droit d'exiger et d'exprimer sa conception de son devenir, laquelle expose le pouvoir institutionnel à la contestation de sa légitimité.
Cette démocratie aliénée par un pouvoir présidentiel tentaculaire, confinant au despotisme, n'est responsable devant aucune autre autorité pendant l'exercice de son mandat, pas même celle du peuple. Cette prépotence initie les dérives absolutistes, ne permettant pas de prendre en considération les revendications populaires. On pourrait s'en remettre à la représentation nationale, à condition qu'elle ne se délégitime pas, comme par son refus de renoncer à ses privilèges, à propos de son régime de pension (opposition et majorité confondues). Apparaissant ainsi, comme une caste sublimée par un pouvoir extra législatif.
Cette démocratie sacralisée et mandataire n'est plus d'actualité et correspond aux scories secrétées par la révolution de 1789, dont l'aboutissement est demeuré en suspend, tant sa préséance fut tout au long du XIX ième siècle, combattue par les partisans de la monarchie. Certes, la révolution trancha dans le vif, mais elle ne remit pas en question la position organique et les attributs du monarque suppliciée, dans sa raison profonde. Napoléon fut la résultante de cette contradiction irrésolue, comme la V ième république symbolisa la réappréciation d'une monarchie républicaine.
La démocratie doit trouver son expression dans son omniprésence, nécessitant une autre forme d'organisation de la société, en opposition avec l'existante. Il s'agit d'une notion fondamentale, que tout un chacun est en droit de discuter et d'amender, car constitutif d'un ordonnancement solidaire et inédit.
L'ordre financier vacille, mené par des aigrefins déstructurant l'architecture organisationnelle présente, au profit d'une oligarchie financière exclusive.
Les responsables politiques et syndicaux, ont démontré leur peu d'engagement à s'opposer à l'ordre établi, malgré une situation l'exigeant, dévoluant dorénavant au peuple, ces gens de peu, d'organiser ses propres perspectives.