Bonjour aux croqueuses de chocolat
Bonjour aux dégustateurs de pralines
Bonjour aux zotres
Il y a des moments dans la vie ou une bonne maîtrise des langues étrangères est plus nécessaire qu'à d'autres. En Belgique, le summum du stress linguistique peut être éprouvé face à une chocolaterie.
En effet, en belge, les petites bouchées chocolatées fourrées de tas de trucs sucrés ne s'appelle pas des chocolats mais des pralines. Imaginez la bévue, la bourde, que dis-je la boulette (mais pas celle-ci) si par mégarde vous vous mettiez à parler bêtement français dans une chocolaterie bruxelloise !
Avouez qu'il y a de quoi stresser ! Surtout qu'à Bruxelles, des chocolateries, il y en a à peu près 9 au cm2...
Alors, même lorsqu'on est équipé(e) d'une volonté de fer comme moi (quoi ? qui est-ce qui se marre dans le fond ?), au bout d'un moment (assez bref j'en conviens), on est obligé(e) (et je pèse mes mots) de faire honneur à l'industrie locale et, comme on va faire les soldes à Londres ou fumer du shit à Amsterdam (pas moi cela dit), à Bruxelles, rapidement, on est moralement contraint(e) et psychologiquement forcé(e) d'acheter du chocolat... heu, des pralines je veux dire !
D'ailleurs, les perfides commerçant(e)s locaux/ales font vraiment tout pour faire succomber le/la pauvre touriste innocent(e) et si à Paris on photographie les vitrines des boutiques de luxe ou celles des grands magasins au moment de Noël, ici, on ne peut résister aux attraits visuels que représentent les quintaux de cacao transformé (vous noterez au passage avec quel brio j'évite les répétitions) et les milliers de boites décoratives qui leur servent d'écrin.
Si je reste convaincue que nos chocolats français sont, dans l'ensemble, meilleurs et plus subtils que leurs cousines les pralines, ils sont aussi nettement plus chers et leurs emballages sobres annonciateurs du sérieux des maisons "réputées pour leur réputation" suscitent moins l'achat impulsif que peuvent causer les jolies boiboites ludiques et régressives qui s'alignent sur des dizaines de mètres de rayonnage gourmand.
Autre contraste avec nos chocolateries françaises : l'espace et le sentiment d'être dans un lieu dont on pourra sortir sans acheter : et c'est là qu'est le piège le plus rusé, l'illusion la plus terrible car, forcément, une fois dedans on est plus piégé(e) qu'une mouche sur du papier collant ou qu'une guèpe dans un pot de miel.
Et même s'il nous arrive miraculeusement de résister, c'est pire car on le regrette ensuite comme moi à propos de ces montagnes de grosses boulettes (mais toujours pas celle-la) aromatisées.
Cette photo est signée Liliba. Les zotres sont de moi.
En Belgique il est donc doublement impossible de dire "Fontaine je ne boirai pas de ton eau", d'une part parce que les fontaines ne déversent pas d'eau et, d'autre part, parce que la tentation est partout.
Cela dit, dans mon malheur calorique, j'ai une chance : je n'aime pas le chocolat fondu. Ca m'écoeure. C'est déjà quelques grammes de moins sur les hanches.
En revanche, dans cette boutique précise, je me suis vue confrontée à des milliers de tablettes de chocolat (et non de pralines cette fois) de toutes marques et aux saveurs les plus variées : citron et poivre, myrtilles et baies roses, spéculos, thé vert, etc.
Inconvénient : elles coûtaient toutes la peau des fesses (zone en expansion de part l'achat des tablettes : cercle vicieux inflationniste côté euros et côté kilos).
Mais, au propre comme au figuré, j'ai gardé le meilleur pour la faim... et la fin. Si Marcolini ne se trouvait pas sur ma route, tous les chemins bruxellois mènent en revanche chez Galler et, même moi qui suis dépourvue du sens de l'orientation le plus élémentaire, je sais y aller. Je possède une sorte de radar galleresque qui me fait revenir dans la boutique longeant la grand place à chacune de mes expéditions belges.
Là, c'est l'extase, le must, le nirvana pralinesque, l'abolition même du concept de gourmandise... Il est d'ailleurs assez significatif que les boites redeviennent sobres et marrons : ici on ne donne pas dans la surenchère marketing mais dans la qualité pure et dans le goût exquis. Tiens, j'en salive encore (ben oui, moi qui peut conserver une tablette de chocolat entâmée pendant des semaines voire des mois, j'ai descendu mon kilo souvenir en 4 jours et je pleurerais presque en songeant qu'il n'existe pas de de franchise Galler en France...
En revanche, je viens de m'apercevoir qu'il y avait 2 boutiques Marcolini à Paris et l'une se situe comme par hasard juste à côté de l'endroit où j'ai rendez-vous demain matin (à Opéra)... qui n'est lui-même pas très éloigné de chez Fouché, un autre chocolatier d'exception à Paris où je me rends fréquemment car ils font aussi (et surtout !) des macarons à tomber par terre. Mon sens de l'aventure et du sacrifice me commande donc de faire un petit détour gustatif chez Marcolini demain... Si ça, ça ne s'appelle pas du dévouement pur et ça ne prouve pas que je suis prête à tout pour vous informer, je ne m'appelle plus Miss Qd9 !
Cette photo démontre que le bon goût du chocolat ne rime pas toujours avec le bon goût tout court ! certes, nous avons ici des sucettes Tour Eiffel mais franchement je préfère croquer son 3e étage en sucre que le prépuce du Mannequenpis dans toutes les nuances de l'arc-en-ciel !