Il n'y a pas que les feuilles qui tombent en cette saison. Vous aurez sans doute remarqué qu'il pleut des prix littéraires. Stéphanie Hochet vient de remporter le Prix Thyde Monnier de la Société des Gens de Lettres (SGDL) pour "La distribution des lumières".
L'équipe de l'Escale Littéraire lui adresse ses plus sincères félicitations.
Nous avions particulièrement aimé "La distribution des lumières", roman pour lequel nous avions reçu Stéphanie Hochet :
"La distribution des lumières" est le nouveau roman de Stéphanie Hochet, à paraître chez Flammarion en août 2010. Avant d'entrer dans le vif du
sujet, je voudrais souligner à quel point, de roman en roman, le style de Stéphanie Hochet s'affirme, mûrit, prend de l'ampleur. Cette auteure est (pardonnez-moi ce lieu commun) comme le bon vin
: elle se bonifie avec l'âge. Toujours riche de ses lectures, elle n'hésite pas à intégrer à ses textes de nombreuses (bonnes) références littéraires. Chessex, Bernanos, sont pour elle des
modèles. On ne s'étonnera donc pas que ses propres textes aient du caractère. En effet, Stéphanie Hochet se situe bien loin de certains écrits nombrilistes ou relatant un quotidien trop plat :
elle crée des personnages, crédibles de la première à la dernière page. Elle ose des caractères bien trempés, elle joue avec les limites, elle nous entraîne dans des histoires passionantes, elle
joue avec le lecteur. En la lisant, on se rend compte à quel point elle a dû prendre plaisir à écrire. Pour ces raisons-là, déjà, vous ne devez sous aucun prétexte, passer à côté de cette auteure
talentueuse.
Après ce préambule, il va m'être encore plus difficile de vous parler de "La distribution des lumières". Je m'en tiendrai aux grandes lignes, car je ne veux pas déflorer ce récit qui tient, presque comme un thriller, sur un suspens très bien dosé qui fera que, comme moi, vous ne refermerez ce livre que lorsque vous l'aurez terminé.
Aurèle est une adolescente plutôt dévergondée. Comme tant d'autres ? Peut être pas. Elle passe le plus clair de son temps avec son demi-frère Jérôme, attardé mental. Au collège, elle suit les cours de musique d'Anna Lussing. Rapidement, l'intérêt d'Aurèle pour Anna va devenir obsessionnel, dévorant, dangereux... Pasquale, un traducteur italien qui ne supportait plus le régime Berlusconi et qui vient s'installer en France, va tomber amoureux d'Anna. Cela ne va pas du tout plaire à Aurèle...
Roman polyphonique, "La distribution des lumières" est orchestré habilement et écrit dans un style pour le moins direct. La psychologie des personnages étudiée avec soin rend ce récit sur la cruauté, mais aussi sur la candeur de l'adolescence, absolument passionant.
Extrait :
Aurèle :
" Quand elle se retourne pour écrire quelque chose au tableau, je regarde les agrafes de soutien-gorge sous son pull. Je m'imagine le détacher. L'instant d'après, je ne sais pas pourquoi, je pense aux ceintures de chasteté. Aux cadenas qui serrent la chair, et je me demande alors comment les femmes pouvaient pisser quand le roi était parti en croisade avec la clé".