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Tomates, Nathalie Quintane

Publié le 03 novembre 2010 par Antigone

tomates"Ce n'est pas parce que nous avons quarante-cinq ans ou cinquante-cinq ans ou soixante-cinq ans que nous ne voulons plus vivre une vie intense ou que nous ne voulons plus écrire des textes intenses. Ou les lire ; j'achetai, en 2008-2009 surtout, un nombre considérable de livres politiques historiques, tentant peut-être de compenser ma minorité numérique en la bardant de ces livres, les livres de littérature n'ayant pas suffi, Princesse de Clèves, épiphénomène ne changeant rien à la nature spectrale, diminuante, disparaissante, de tous les romans et de l'efficace littéraire en général, minorité de tous les côtés, minorité parce que je lis des livres, minorité parce que c'est de la littérature, minorité parce que lisant des livres et en écrivant je suis tout de même née d'employés, eux-mêmes nés d'ouvriers, minorité parce que, bien que mesurant un mètre quatre-vingts, je suis une femme, et que j'ai de grands pieds, minorité parce que j'habite à la campagne, et que la campagne est une chose bizarre, comme l'a bien suggéré Benjamin de Tarnac en décrivant les flics de la police scientifique s'égaillant tout heureux dans les champs et visitant le poulailler et disant que la campagne c'est pas mal et décidant peut-être au retour de planter des tomates."

A Nathalie Quintane, et au vu de son expérience, on suggère d'écrire sur les lectures publiques, sur l'amour ou sur ce qui ce passe en ce moment... Mais le problème du moment, c'est qu'il change tout le temps. Alors, elle choisit d'écrire sur ce qu'elle vit, Nathalie Quintane, elle écrit sur ses soudaines vélléités de faire pousser des tomates, enfin c'est ce que l'on croit en démarrant cette lecture...
En fait, Nathalie Quintane écrit sur aujourd'hui, sur ce qui la révolte, sur le fascisme latent qui se cache, sur la littérature qui se doit d'être "une fête" pour atteindre, sur les groupes de poètes que l'on trimbale comme des trophées. Nathalie Quintane pamphlète poétiquement, elle s'en donne le droit, même si elle se cache derrière ses plants de tomates.
C'est différent de ce à quoi je m'attendais réellement, c'est à lire et à relire - très certainement - pour en comprendre toute la substance. Les notes de bas de page y ont une vie singulière, et en fin d'ouvrage elles prennent le pouvoir... Je découvre ainsi une auteure de caractère. Ca a le mérite d'exister. Ca donne vraiment à réfléchir.

Editions POL - Octobre 2010 - 12.50€
(Les premières pages à lire sur la fiche éditeur)

"En tant qu'enseignante, j'étais satisfaite.
En tant qu'écrivain, je rechignais pour la forme.
En tant que rien de spécial, je pensais pan dans les dents."

Une petite lecture jardinière par l'auteure elle-même...


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