Irradiation des aliments : ce que les consommateurs doivent savoir

Publié le 02 novembre 2010 par Bioaddict @bioaddict
D'ici la fin de l'année, l'Agence européenne de sécurité alimentaire (Efsa) doit rendre un avis sur une éventuelle extension de la liste des produits soumis à l'ionisation. Le 11 octobre dernier, 47 organisations européennes ont envoyé une lettre ouverte aux parlementaires européens pour demander une " évaluation sérieuse des risques liés à l'irradiation des aliments " afin que soit appliqué le principe de précaution. lire la suite


Les associations écologistes, dont Action Consommation, Les Amis de la Terre, Agir Pour l'Environnement et certaines organisations comme le CRiiRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) et le Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures (MDRGF), se mobilisent ainsi dans l'Union européenne pour alerter sur les risques liés à l'irradiation des aliments.

" Considérant que l'avis de l'EFSA sur cette technologie, demandé par la Commission européenne et attendu avant fin 2010, risque fort d'ouvrir la voie à une extension importante, sinon totale, de la liste des produits autorisés et des doses admises, nous appelons nos représentants politiques et les institutions de l'Union européenne à la plus grande prudence et à traiter ce sujet dans toute sa complexité ", précise ainsi la lettre.

Qu'est-ce que l'irradiation des aliments ?

L'irradiation des aliments, appelée officiellement ionisation, est également nommée " pasteurisation à froid ". Elle consiste à exposer des denrées alimentaires à l'action de rayonnements ionisants électromagnétiques. Sans que ces denrées deviennent radioactives pour autant. Le but : assainir et/ou augmenter leur durée de conservation en réduisant ou éliminant les organismes pathogènes et d'altération (micro-organismes, insectes, rongeurs ...). Elle est notamment une alternative à la fumigation chimique dans le cas du cacao, du café, des herbes ou des épices.

Quels risques pour la santé ?

Les associations écologistes rappellent que " l'irradiation des aliments se fait principalement par l'utilisation d'une source radioactive faite de rayons gamma émis en continu - et aussi longtemps que la source reste active (Cobalt 60, ou plus rarement Césium 137). Elle peut être également pratiquée par la projection d'électrons à une vitesse proche de celle de la lumière grâce à un accélérateur de particules à très haute énergie. Ce procédé détruit les micro-organismes (bactéries, levures, moisissures) et ralentit le mûrissement, inhibe la germination et retarde l'altération des aliments irradiés ".

Parmi les risques sanitaires, les signataires de la lettre ouverte citent notamment la perte de vitamines et autres éléments nutritifs des aliments qu'entraine l'irradiation.

En effet, l'ionisation modifie l'ADN des cellules de l'aliment entraînant leur destruction... L'organisme vivant irradié et proposé au consommateur devient alors un " aliment mort " sur le plan biologique.

En 2002, des chercheurs franco-allemands ont fait des analyses sur des rats, dont le génome ressemble à 99% à celui de l'homme. Ils ont montré que ces " composés peuvent être considérés comme des promoteurs dans le processus de la cancérogenèse intestinale ". Une thèse que reprend le Criirad (Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité) pour qui l'ionisation provoquerait la formation de radicaux libres, dont certains pourraient avoir un effet nocif sur les chromosomes ou s'avérer cancérogènes. Une association de consommateur américaine, Public citizen, cite d'autres effets négatifs : malformations, morts prématurées...

La lettre ouverte rappelle ainsi que " des inconnues subsistent sur les effets à long terme d'une consommation à grande échelle d'aliments irradiés ".

Quels risques pour l'environnement ?

Les associations souligent notamment le risque nucléaire qu'entraine l'irradiation des aliments.

" L'irradiation des aliments utilisant des sources radioactives, l'usage de cette technologie implique les risques liés au transport et à la manipulation de matières nucléaires pour les personnes qui travaillent en contact avec les matières nucléaires et les riverains des installations et des voies de transport concernées. En particulier, il existe des risques d'accidents pour les employés lors de la manipulation des installations d'irradiation. On recense plusieurs cas d'employés irradiés dans les usines d'irradiation. En outre, l'utilisation de substances nucléaires pose la question des déchets nucléaires et de leur toxicité pour l'environnement. "

Le risque d'érosion de la biodiversité est également soulevé  "cette technologie favorisant les échanges agroalimentaires de longue distance, elle peut encourager la spécialisation des productions, les monocultures ", précise la lettre ouverte.

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