En ce lundi 1er novembre, comme chaque année à la Toussaint, ca sentait l’automne à plein nez: un mélange de brume, de commémorations, de plaines de l’est, armistice de 1918 oblige et en prime depuis 4 décennies…ce bon village de Colombey-les-Deux-Églises. Plus encore cette année qui marque justement le 40e anniversaire de la mort du Général De Gaulle. Ca sentait surtout le pont pour certains, puisque les interviewers ordinaires avaient cédé la place à leur joker. À l’exception de Jean-Pierre Elkabbach. Il ne pouvait faire cette mauvaise manière à son invité du jour, ce-bon-Michel-Drucker venu faire la promo de son dernier livre « Rappelle-moi », dans lequel l’éternel animateur évoque la mort de son frère Jean et l’apparition de Patrick son frère caché…
Tout ca fleurant bon les feuilles mortes et l’ORTF, rien d’étonnant donc à ce que sur RTL, la « station périphérique », soit invité le fils de Michel Débré. Jean-Louis, fils du « compagnon du Général » et actuel président du Conseil constitutionnel, était lui aussi venu faire la promo de son bouquin à une semaine du pèlerinage de la famille gaulliste à Colombey-les-Deux-Églises: « De Gaulle a rencontré le peuple, mais c’était un homme seul ».
Question de Philippe Corbé décidément très inspiré par la Toussaint: « Est-ce que le gaullisme est mort ce jour là ? »
« Alors c’est une question, sûrement je vous vois venir. Pour moi, le gaullisme de De Gaulle est mort ce jour-là. Après, il y a eu des gaullismes différents. Il y a eu à l’évidence un gaullisme de Pompidou. À l’évidence, il y a un gaullisme de Chirac. À l’évidence, il y a un gaullisme de Mitterrand. »
Chacun aura noté l’absence dans cette petite liste de Valéry Giscard d’Estaing et de Nicolas Sarkozy. Pour le premier, cela n’a rien de très singulier : Giscard est issu du mouvement centriste qui s’est historiquement défié du gaullisme. En revanche, Jean-Louis Debré, en bon chiraquien, n’hésite pas à priver l’actuel chef de l’Etat du label gaulliste. Le toujours président de l’UMP est pourtant bien issu des rangs du RPR, héritier de l’UDR, le « parti » de Mongénéral. Et justement, les chiraquiens qui n’ont pas oublié la trahison du petit Nicolas dénient à Nicolas Sarkozy le statut de commandeur des gaullistes.
L’impasse sur les deux noms n’échappe évidemment pas à Philippe Corbé qui relance son invité : « Les auditeurs auront noté que vous n’aurez pas cité les deux autres présidents de la république de la V république : VGE et Nicolas Sarkozy. »
Réponse laconique : « Mais enfin, je me situe dans l’histoire. Et je n’ai pas assez étudié les autres périodes, mais en tout cas, je vois bien une filiation, entre guillemets, idéologiques, même si c’est surprenant avec Mitterrand, parce qu’il a critiqué les institutions, puisqu’il a critiqué De Gaulle. Mais on voit bien qu’à Elysée, il s’est mis dans un sillage politique institutionnel qui est tout à fait conforme à ce que voulaient le général de Gaulle et mon père avec cette Constitution. »
On en saura pas plus, Jean-Louis Debré le gardien de la Chiraquie s’effaçant derrière le Président du Conseil Constitutionnel, gardien du texte Gaulliste, auquel le devoir de réserve s’impose.
Emmanuel Lévy pour Marianne2
merci à : Section du Parti socialiste de l'île de ré